C'est l'histoire de deux compagnies très proches mais rivales, à tel point que chacune avait ses adeptes. Retour à la première moitié des années 90. Les joueurs du grand public se déchirent pour savoir qui de la Super Nintendo ou de la Mega Drive, qui de Mario ou de Sonic, qui de Final Fantasy ou Shining Force va l'emporter. Parallèlement à cela, un autre débat tout aussi passionné fait rage dans les salles de jeux enfumées (car on avait le droit de fumer dans ces lieux publics, eh oui). Street Fighter ou Fatal Fury ? Ryû ou Terry ? Capcom ou SNK ? Chaque clan avait ses arguments, les fans absolus d'une firme conspuant généralement les jeux de l'éditeur concurrent. Ce dossier va vous faire revivre la rivalité entre ces frères ennemis, de 1979 à nos jours. Copie, innovation, technique de haute volée, tentatives malheureuses, vous saurez tout de cette longue saga.
1979/1990 : le calme avant la tempête Si SNK est fondée le 22 juillet 1978 à Ôsaka par Eikichi Kawazaki, il faut attendre le 30 mai 1979 pour que Kenzo Tsujimoto crée Capsule Computer (ou Capcom un peu plus tard, en 1983). Capcom est fondée à... Ôsaka ! Chaque firme y va de ses jeux et, petit à petit, elles se font un nom dans le domaine de l'arcade. Citons, du côté de chez SNK, Vanguard (1981), Ikari Warriors (1986) ou encore Psycho Soldier (1987). Capcom n'est pas en reste avec ses Vulgus (1984), 1942 (1984) et autres Gun.Smoke (1987).
Août 1987 marque l'arrivée d'un jeu de combat assez sympathique, mais sans plus : Street Fighter. Il remporte son petit succès, au point d'être adapté sur ordinateurs (Amiga, Atari ST, etc.) ainsi que sur la console PC-Engine sous le nom de Fighting Street, en 1988.
Capcom investit davantage le marché des consoles que son concurrent. Non seulement les adaptations de jeux d'arcade y sont plus nombreuses, mais en plus il y développe des titres inédits. L'un des plus remarquables d'entre eux est Mega Man (Rockman au Japon), il sort le 17 décembre 1987 sur Famicom et NES américaine ; chez nous, il faudra attendre décembre 1989. SNK se contente la plupart du temps d'adaptations ou de versions remaniées de ses jeux d'arcade.
En juillet 1988, Capcom se dote d'un système d'arcade dont il est proprétaire : le Capcom Play Sytem.
Le CPS est accompagné de Forgotten Worlds, un jeu de tir futuriste. Capcom enchaîne avec Ghouls'n Ghosts en décembre 1988, un jeu de plates-formes de grande qualité. De son côté, SNK commercialise en 1988 un jeu d'action très réussi, Prisoners of War.
SNK se retrouve en position d'outsider qui n'est pas vraiment pris au sérieux. Ses jeux sont bons, réussis, mais pas au point de rivaliser avec les succès que Capcom est en train d'aligner. L'éditeur ne va pas se contenter de cette situation et va s'essayer au Versus Fighting avec Street Smart. Ce dernier sera adapté sur Mega Drive.
Non seulement Street Smart ne s'impose pas comme une référence (pas plus que ne l'avait fait Street Fighter en 1987), mais en plus Capcom lance en mars 1989 un jeu d'action et de plates-formes des plus réussis : Strider. Mais ce n'est pas tout. Nous avons droit à un beat them all de premier ordre en décembre 1989. Il s'agit d'un jeu absolument épatant et ces deux titres permettent à Capcom de renforcer sa réputation de ténor des jeux d'arcade.
SNK ne baisse pas pour autant les bras et le 26 avril 1990 marque l'avènement du système à la hauteur des ambitions de l'éditeur : c'est le lancement des Neo·Geo MVS et AES. D'architecture connue (basée sur le 68000), simple d'utilisation, doté de bonnes performances, ce système va redonner des couleurs à SNK.
La Neo·Geo sort avec quatre jeux, dont trois signés SNK. En ce qui concerne Capcom, c'est toujours le CPS qui est d'actualité, avec quelques bien jolis titres. Citons, en vrac, Mercs, 1941: Counter Attack ou le très "kawaii" Mega Twins (Chiki Chiki Boys au Japon).
En cette année 1990 on pourrait croire que SNK va logiquement prendre le dessus, puisque son système Neo·Geo est plus récent que le CPS de Capcom. Cela ne sera pas gagné, Capcom gardant en réserve une munition (ou plutôt une bombe atomique) qui va lui permettre de rester quelques temps l'éditeur de référence dans son domaine. Cela ne sera pas de tout repos, SNK ayant les moyens de faire souffrir Capcom. 1991 ainsi que les années suivantes s'annoncent particulièrement tumultueuses. |
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