Samurai Shodown NeoGeo Collection
 
 


 
     

Bushidô towa shinu kototo mitsuketari.
Shuradô towa taosu kototo mitsuketari.
Ware akkirasetsu tonari te. Menomaeno teki subete wo…
Kiru!

Ces mots marquent de façon durable ceux qui découvrent en 1993 un jeu de combat d'arcade résolument tourné vers l'innovation alors que commencent à fleurir diverses copies de Street Fighter II. Avec Samurai Shodown, SNK propose une approche différente où observation et placement d'attaque ont une place centrale dans la jouabilité. C'est magnifiquement réalisé, c'est plein de nouveautés, le succès est au rendez-vous.
Qui dit succès, dit suites, plus ou moins heureuses. Samurai Shodown marque de son empreinte la ludothèque de la Neo·Geo de 1993 à 2004 avec pas moins de 6 épisodes, avant de passer sur d'autres supports jusqu'à la récente itération de 2019.

SNK propose, 12 ans après Samurai Shodown Anthology, une nouvelle compilation développée par le studio Digital Eclipse. Elle est dédiée à cette saga de jeux de lames et arrive le 11 juin 2020 en test sur Steam (le 18 juin à l'achat), puis le 27 juillet 2020 sur PlayStation 4, Xbox One et Switch. Intitulée Samurai Shodown NeoGeo Collection, elle annonce de fait se concentrer sur les épisodes sortis sur la console de SNK, ce qui n'est pas forcément un défaut par rapport à son aînée. En effet Samurai Shodown V Special s'était fait remarquer par son absence en 2008.
En revanche, s'il s'agit juste d'échanger l'épisode VI contre le V Special, cela risque d'être un peu court...

Eh bien, pas du tout ! En effet il y a bien Samurai Shodown V Special à la place du VI (sorti sur Atomiswave et PS2, puis sur PS4 à part), mais surtout il y a un septième épisode ! Un septième épisode sur Neo·Geo ? Il y avait eu en octobre 2004 une nouvelle version de Samurai Spirits Zero Special, dite "finale" en location test. Version à laquelle SNK Playmore n'aurait pas donné son feu vert, le développement de Samurai Shodown VI étant bien entamé. SNK aurait donc remis la main sur les fichiers du jeu et en aurait fait une version aboutie : Samurai Spirits Zero Special Kanzenban / Samurai Shodown V Perfect.
Il y a par ailleurs d'autres choses pour ceux qui aiment le contenu en information, mais nous y reviendrons...

Samurai Shodown NeoGeo Collection l'annonce haut et fort : ici, il va être avant tout question de celle qui fut considérée comme la plus prestigieuse console du début des années 90. L'intro du jeu imite même l'écran de lancement de la Neo·Geo, mais façon Samurai Shodown !


Quant aux modes proposés, le moins qu'on puisse dire est que c'est minimaliste, ce qui bien entendu ne signifie aucunement que le contenu l'est également.
- Arcade :
Voilà l'occasion de retrouver les 6 épisodes sortis sur Neo·Geo, et même le 7ème qui ne l'est pas !
- Musée :
Ici ce sera la section que ceux qui recherchent des informations sur l'histoire de Samurai Shodown pourront parcourir.
- Options :
Enfin un écran d'options est prévu, en plus de celles associées à chaque titre.




Il est temps de se plonger dans cette série avec le mode Arcade. Avant de démarrer un épisode, il est possible de le mettre en version japonaise ou américaine en appuyant sur .

Ensuite le bouton permet de régler quelques options comme le niveau de difficulté ou encore la configuration des touches. Si pour Samurai Shodown il y a peu de paramètres, cela devient intéressant pour les derniers épisodes.


Enfin dans le menu de pause de chaque titre on ouvre un dernier écran où on peut également là aussi changer les commandes du jeu, mais aussi gérer sa sauvegarde et changer les paramètres d'affichage : taille de l'écran, bordures, filtres graphiques. Une fois un personnage sélectionné, cet écran se voit d'ailleurs compléter de l'incontournable - incontournable car les notices ont quasiment disparu - Move List associée.


C'est le 7 juillet 1993 que sort le tout premier Samurai Shodown. D'abord conçu comme un beat them up mettant en scène des monstres pour combler un trou entre Fatal Fury 2 et 3 Count Bout, puis transformé en fighting game plus classique mais centré sur le Japon, il devient en définitive le jeu à l'envergure internationale qu'on connaît.
Avec ses 12 personnages, ce jeu de 118 Mbits confirme pour SNK son statut d'acteur majeur du jeu de combat en arcade.


C'est le 28 octobre 1994 qu'arrive Samurai Shodown II. Sorti peu après King of Fighters '94, il accompagne idéalement les débuts de la Neo·Geo CD.
Plus lourd que son compère avec pas moins de de 202 Mbits, SNK a décidé de ne pas y inclure Tam Tam p
our éviter que ce jeu n'occupe trop de mémoire. Il propose néanmoins 4 nouveaux personnages - dont le charismatique Genjûrô Kibagami, véritable rival de Haohmaru - ainsi qu'une refonte complète du visuel de tous ceux qui reprennent du service.


Même si le deuxième opus de la saga était censé clore la série, son succès a décidé SNK à sortir un nouvel épisode le 27 novembre 1995. Samurai Shodown III bénéficie d'un remaniement encore plus profond que celui auquel a eu droit son aîné.
Outre des personnages entièrement redessinés, il y a cette fois une direction artistique qui s'oriente vers l'art des estampes avec des contours bien marqués et des toiles de fond épurées. Malgré ses 282 Mbits, il ne propose que 12 combattants mais compense en partie cela par le choix entre deux panoplies de coups, Slash et Bust.


SNK accélère le rythme, en effet il faut attendre moins d'un an pour avoir un nouvel épisode de la franchise. Les programmeurs ont réussi a gagner du temps en ne redessinant pas les personnages. En effet Samurai Shodown IV reprend les sprites du précédent opus, même si la mise en couleurs est modifiée avec des contours apparaissant plus doux.
Les graphistes ont ainsi pu se concentrer sur l'ajout de personnages, ce qui permet d'avoir des revenants ainsi que de nouvelles têtes. Avec 374 Mbits, Samurai Shodown IV se montre généreux, plaisant, paufiné : beaucoup d'amateurs le considèrent comme le meilleur épisode.


Il faut attendre 7 ans pour voir arriver un nouvel épisode, ce qui ne veut absolument pas dire que Samurai Shodown V prend tout ce temps pour être développé. Il se trouve que la série est partie du côté de la 3D pour 3 épisodes ainsi que que sur NeoGeo Pocket. Conçu en moins d'un an par Yuki Enterprise, le jeu qui arrive le 10 octobre 2003 doit faire des concessions à la nécessité de nouveautés.
En effet il reprend pas mal de niveaux et musiques des épisodes III et IV, ce qui permet de proposer tout de même un écran de sélection de 24 personnages pour 708 Mbits. Bon, il faut avouer que même si le jeu est bon dans l'absolu, le recyclage intensif de décors ainsi que le fait que 4 nouveaux combattants ne soient que des versions Bust de personnages existants en refroidissent plus d'un. On reste loin du coup de maître exécuté en 1996.


Le succès de Samurai Shodown V amène SNK Playmore à demander à Yuki Enterprise de développer rapidement un nouvel épisode sur Neo·Geo alors que Samurai Shodown VI est déjà en chantier. Ainsi arrive le 22 avril 2004 Samurai Shodown V Special. À l'instar de Fatal Fury Special en son temps il s'agit d'un épisode non canonique, ce qui permet de faire revenir des personnages disparus. Ici ce sont les 4 boss du jeu qui sont mis à l'honneur : Shirô Tokisada Amakusa, Gaoh Kyôgoku Hinowanokami, Zankurô Minazuki et Mizuki Rashôjin.
Plus abouti que son aîné, cet épisode pesant également 708 Mbits se distingue par une violence accrue, même si cela n'impacte pas profondément la jouabilité. Les fameux Overkills auraient dû être implémentés dans Samurai Shodown V mais les programmeurs n'en avaient pas eu le temps. Voilà chose réparée. Les progrès accomplis dans cet épisode sont appréciables.


Le cas de Samurai Shodown V Perfect est particulier. En effet le succès du V Special encourage Yuki Enterprise à le remanier pour en faire une version ultime qui est en phase de test en octobre 2004. Cette fois SNK Playmore ne donne pas son feu vert et le jeu tombe dans l'oubli... jusqu'au 11 juin 2020 où il ressort dans la compilation qui nous intéresse ici, en essai gratuit sur Steam, puis le 27 juillet suivant sur consoles.
Samurai Shodown V Perfect reprend donc la structure de Samurai Shodown V Special tout en ajoutant un scénario faisant la transition avec Samurai Shodown VI, un rééquilibrage et un habillage légèrement modifié. Étant donné que SNK l'a inclus dans sa compilation, on peut donc considérer qu'il s'agit du dernier jeu Neo·Geo officiel, même s'il n'est pas sorti sur la console susnommée. Pas sorti... officiellement.




Contrairement à Samurai Shodown Anthology, cette compilation ne se focalise pas uniquement sur le jeu. Elle propose également du contenu moins ludique dans la section Musée.

Ce sera d'abord l'occasion de passer en revue tous les jeux ayant un rapport avec Samurai Shodown et surtout de lire en détail diverses informations sur les épisodes sortis sur Neo·Geo : scénario, contexte de développement, système de jeu, galerie d'images, il y a de quoi faire.


Ensuite il sera possible d'accéder à la fiche de chaque personnage avec diverses infomations ainsi qu'une galerie d'images.

Puis pour ceux qui aiment se replonger dans l'ambiance des années 90 les interviews seront idéales. Les 7 entrevues, à défaut d'être riches en révélations, seront l'occasion d'apprendre des anecdotes de développement et ce qu'était la vie de développeur à cette époque.

SNK n'a pas oublié les mélomanes avec l'intégralité des musiques originales des six premiers jeux. Six, car Samurai Shodown V Special et Perfect ont strictement les mêmes mélodies. Et qu'en est-il des albums Arrange Soundtracks (ce qui n'est pas exactement la même chose que les musiques Neo·Geo CD) ? Eh bien malheureusement Digital Eclipse les a au mieux oubliées, au pire ignorées. Dans tous les cas, on n'aura que les albums Original Soundtracks, ce qui est déjà très bien, certes.

Attention pour la section Les coulisses, il ne faut pas s'enthousiasmer en espérant de grands secrets révélés. Il s'agit de regarder des documents de travail d'époque, classés par catégorie et par jeu. Cela reste digne d'intérêt et on ne peut que saluer tout le travail de numérisation qui a été abattu.

Enfin les vidéos de combats sont peut-être les moins captivantes en termes de contenu pur, mais cela pourra peut-être séduire davantage les joueurs aguerris.



Terminons ce passage en revue avec l'écran d'option. Ce dernier est des plus réduits avec juste le choix de la langue et la finesse du redimensionnement.

En effet la Neo·Geo était une console célèbre pour ses effets de zooms (qui n'en sont pas réellement, mais ceci  est une autre histoire), mais il faut reconnaître que ces derniers avaient une fâcheuse tendance à pixelliser en vue éloignée. Ce qui ne choquait pas à l'époque où il y avait la Mega Drive et la Super Nintendo devient forcément plus criant en 2020, même en appréciant la 2D en basse résolution.
Eh bien Digital Eclipse a corrigé ce souci sur cette compilation. Si on active l'option Redimensionnement HD, les zooms en vue éloignée gardent tous les détails de la vue rapprochée.

Enfin un mot sur le jeu en ligne disponible en théorie avec tous les jeux. "En théorie", car en pratique trouver quelqu'un avec qui jouer ne sera pas chose aisée, il faudra s'armer de patience. Heureusement, le versus local à l'ancienne reste bien évidemment disponible.

Même si cette compilation se montre assez fournie et généreuse, il ne faut pas occulter ce qui pourra plus ou moins décevoir.
- Commençons par l'affichage du niveau de difficulté imposé. Quel que soit le jeu choisi, on a droit à un disgracieux "Level-4" en bas de l'écran. Certes, cela donne un petit côté arcade à l'ensemble, mais c'est dommage que ce soit imposé.
- Pour rester dans ce qui est imposé, il y a l'impossibilité de pouvoir choisir entre musiques originales et réorchestrées (pour les cinq premiers épisodes). Là encore, on pourra tenter de justifier en disant que ce n'est pas la philosophie de cette génération de consoles, ou que l'expérience arcade doit être pure et que le choix ne doit pas être autorisé. Tout cela aura bien du mal à masquer le fait que c'est un manque notable, surtout quand on connaît l'excellence des pistes à côté desquelles Digital Eclipse nous fait passer.
- Enfin la difficulté de Samurai Shodown III semble curieusement réglée. Si on opte pour le niveau 4, le jeu est beaucoup plus difficile que ses homologues sur Neo·Geo, Neo·Geo CD ou PlayStation 2. On dirait que, quoiqu'on choisisse, le jeu reste en difficulté 8. Étrange.

Pour terminer qui dit jeu rétro, dit question de la version physique. Eh bien Samurai Shodown NeoGeo Collection existe effectivement en versions physiques sauf sur Steam, évidemment. Du classique, du collector, en japonais ou en anglais, chaque joueur désireux de se tourner vers cette solution pourra trouver ce qui lui convient.

 
Bilan
 
 

Même si ce Samurai Shodown NeoGeo Collection a quelques soucis, il faut avouer que cela relève davantage de détails de finition que de défauts rédhibitoires.
La simple présence de Samurai Shodown V Perfect constitue à elle seule un petit évènement dans le monde de la Neo·Geo. Et même si ce n'est pas un jeu radicalement différent de Samurai Shodown V Special, cela fait bien plaisir.
Le musée sera l'occasion de découvrir des anecdotes et de se replonger avec plaisir dans cette époque où SNK prenait son envol dans le domaine du jeu de combat en 2D. Attention, l'amateur d'informations pointues pourra rester un peu sur sa faim.

Alors, notre Samurai Shodown NeoGeo Collection fête-t-il dignement les 30 ans de la Neo·Geo ? Oui, assurément. Le prix est contenu (une quarantaine d'euros en physique ou en dématérialisé), les jeux sont mythiques, les informations restent intéressantes... On n'est pas mal du tout !
Pour parfaire la fête, il aurait été grandement apprécié que SNK fasse de même avec d'autres séries : Metal Slug, King of Fighters, Fatal Fury ou encore Art of Fighting. On se prend à rêver d'un prototype Garou: Mark of the Wolves 2 finalisé, d'une compilation Metal Slug qui ferait oublier le calamiteux Metal Slug Anthology, ou d'un musée revenant sur l'histoire de King of Fighters. Un jour, qui sait...

- Samurai Shodown V Perfect !
- La section Musée, riche et intéressante
- Le zoom inversé, de meilleure qualité que sur Neo·Geo
- Disponible en version physique

- Impossibilité de choisir entre les musiques cartouche et CD
- Le niveau de difficulté qui reste affiché
- Des options moins complètes que sur Neo·Geo pour certains titres
- Absence de Samurai Spirits R.P.G.

Tarma

 
     

   




 

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