Si
bon nombre de jeux sont de qualité, ceux qu'on peut
qualifier d'excellents sont malheureusement plus rares. Au
sein de ces derniers, on peut avoir la chance de tomber sur
un titre qui se distingue : tout y est magnifique, maîtrisé,
et semble sorti d'un rêve de joueur exigeant. Ce n'est plus
un jeu, cela devient une œuvre d'art. La Neo·Geo a eu droit
à une poignée de titres d'une telle trempe, et The Last
Blade 2 fait partie de ceux-là.
L'histoire
de The Last Blade 2 se déroule en 1864, six mois après les
évènements relatés dans le premier épisode. Kagami
Shinnosuke a ouvert le Portail des Enfers pour détruire
l'humanité et dominer le monde en le rendant plus pur.
Heureusement, il a été défait par Kaede qui a réussi à
invoquer le dragon Seiryû. Deux esprits sont toutefois
parvenus à passer dans notre monde, Setsuna et Kôryû. Il va
donc falloir sceller le Portail des Enfers avant que le
monde ne soit envahi et détruit.
On
enfiche l'imposante cartouche de 554 Mbits dans la console
et là, c'est le choc. L'intro est absolument magnifique,
superbe, merveilleuse... les adjectifs viennent à manquer.
C'est beau, c'est du grand art, c'est SNK en très, très
grande forme. On y découvre les principaux personnages avec
un final sur un Setsuna en crayonné du plus bel effet.
Petite curiosité, ce jeu n'est pas pourvu d'écran-titre.
Cette
intro est tellement jolie qu'on laisse tourner la démo pour
la revoir et là, surprise : The Last Blade 2 dispose d'une
seconde, certes moins ambitieuse.
Le
menu d'accueil propose quelques modes de jeu : Story, VS.,
Time Attack, Training et Option. L'essentiel est là, et même
un peu du superflu, on ne va pas s'en plaindre.
Quant
aux options, c'est complet et bien étudié, rien à redire à
ce sujet. On remarquera que le Mask Mode a droit à des
réglages plus fins que par le passé : il est désormais
possible de cacher ce que l'on veut.
Quand
vient l'écran de sélection, on nous dévoile 16 personnages.
Chacun d'eux possède son fond attitré, comme par exemple
Kaede qui a... des feuilles d'érable, on aurait pu s'en
douter.
The Last Blade 2
propose donc 4 combattants de plus que son ainé, si on fait
abstraction des
codes. On retrouve les 12 personnages du premier
chapitre, ou 11 si on compte Mukuro comme un nouveau
combattant. Il y a par conséquent 4 nouveaux personnage,
voire 5.
Kagami
Gardien de l'esprit du phénix (Suzaku), Kagami avait
fini par avoir l'espèce humaine en horreur et avait
tenté de la détruire. Défait et humilié, la Mort le
refusa et il doit revenir pour suivre son destin.
Setsuna
Setsuna est un esprit malfaisant qui a profité de
l'ouverture du Portail des Enfers pour s'introduire
dans notre monde. Il a pris forme humaine.
Hibiki
Elle est la fille de Takane Genzô, le forgeron qui a
été contraint par Setsuna de fabriquer une épée. Cette
dernière porte le nom de Yasomagatsu Hinotachi, l'épée
des quatre-vingts jours (c'est le temps qu'il lui a
fallu pour la forger).
Kojiroh
Elle est chef de l'unité Zeroban des Shinsengumi.
Mukuro
Shikyô était autrefois membre des Shinsengumi mais
l'ouverture du Portail des Enfers l'a rendu
complètement fou. Il a été aspiré, il est donc mort,
mais il revient sous le nom de Mukuro.
La
séquence How to Play dévoile, comme à son habitude, la
jouabilité de base :
pour les coups d'épée faibles,
pour les coups d'épée forts,
pour les coups de pied et
pour le contre.
On retrouve strictement
les mêmes combinaisons que dans le premier Last Blade, à une
exception près.
+
: coup de poing
+
: coup d'épée avec allonge
+
: coup de pied puissant
+ : coup de
pied accroupi puissant
: casse garde accroupie
Petite nouveauté, les projections s'effectuent désormais
avec .
Il n'y a donc plus aucune ambiguïté possible entre une
saisie et un coup d'épée.
Les
coups spéciaux suivent les mêmes règles qu'auparavant. On a,
à la base, les Secret Slices et pour en mettre plein
la vue, les Super Secret Slices sauront causer du
dégât à l'adversaire. Cela, à condition, bien sûr, d'avoir
la barre de santé qui clignote (moins de 25 %) ou la Power
Gauge bien pleine.
Shinmei Hayate
+ ou
Shinmei Taba Kaze
+ ou
Kasshin Fuku Ryû
+
On
retrouve les deux modes pour jouer, Power et Speed.
Au chapitre des ajouts, on peut également activer un nouveau
mode (EX), le code pour y accéder étant sur cette page.
Le
premier a strictement les mêmes paramètres que dans le
premier Last Blade : puissance, annulation de certains coups
par les Super Secret Slices, présence des Hidden
Secrets Slices quand la barre de santé est à moins de
25 % et que la Power Gauge est remplie, rien n'a
bougé.
Le mode Speed apporte une petite nouveauté. Outre
les Furious Fandango Secret Slices réalisables dans
les mêmes conditions que les Hidden Secret Slices
(mais la manipulation a un peu changé, on fait + ou + ), on peut
désormais, pendant ce laps de temps où on est très rapide,
entrer certains enchaînements qui peuvent faire très mal.
Kasshin Sô Ryû
+
Furious
Fandango Secret Slice
+ ou
, , , , , , , ,
+
Enfin
avoir la Power Gauge permet un dernier mouvement, le
Guard Cancel. Cela permet de briser les assauts d'un
adversaire trop pressant, le prix à payer étant de vider la
Power Gauge.
+
Du
côté des décors, on note un recul en ce qui concerne leur
nombre. On passe en effet de 14 à 10. Chose curieuse, le
stage "Graveyard" n'est disponible qu'en Versus (où on peut
choisir son décor).
Blue
Sky
Battlefield
Elephant?
Village
Flames
Forest
Yuki-Machi
Shrine
Gate
Graveyard
Ce
second épisode apporte donc son lot de nouveautés et de
rectifications, SNK ayant le souci quasi permanent de gommer
les défauts de ses jeux.
Un mot suffit
pour résumer le visuel de The Last Blade 2 : magnifique.
Malgré la résolution limitée de la vénérable Neo·Geo, les
graphistes de SNK ont réussi à faire des prouesses. C'est
coloré (sans être flashy), les décors sont bigrement bien
choisis et les personnages ne sont pas en reste. C'est
simple, on croirait par moments prendre part aux joutes dans
des toiles de maître. Les barres de santé semblent avoir été
finement ciselées dans le métal le plus délicat, avec de
splendides motifs. Bref, c'est du travail d'artiste, bravo
SNK.
Aussi fluide que dans le premier épisode, l'animation
étonnera au niveau des décors. Notamment celui avec la
maison en flammes qui offre un saisissant effet de vibration
de l'air devenu brûlant. Revers de la médaille, on y
rencontre parfois quelques ralentissements.
Le zoom progressif est toujours de la partie, sans toutefois
s'imposer autant que dans un Samurai Shodown ou un Art of
Fighting.
Les musiques,
toujours aussi majestueuses, se montrent moins rares que
dans l'opus précédent. Tantôt lyriques, tantôt nostalgiques,
les mélodies vous transportent en plein Bakumatsu.
Les fonds sonores ainsi que les bruitages d'action sont
d'excellente qualité. Signalons que le mode Versus offre le
choix de combattre avec les musiques ou avec les fonds
sonores.
La jouabilité de ce titre est absolument au poil. Tout
répond bien et vite, tout s'enchaîne facilement, surtout en
mode Speed. Les enchaînements sont encore plus
nombreux et vifs, que du bon ! Chacun trouvera son bonheur
entre les modes Power, Speed et EX
(pour les plus audacieux).
Les joueurs les plus aguerris regretteront quelques détails,
comme le fait que les enchaînements en Speed n'aient
plus de départ en position accroupie pour la plupart des
personnages, ou que les ralentissements changent un peu le
timing des enchaînements... mais rien de rédhibitoire pour
un joueur amateur.
Le jeu est par ailleurs un chouïa moins souple que son
prédécesseur.
Si le niveau de difficulté contre la machine n'est pas
insurmontable, jouer seul constitue en soi un plaisir déjà
non négligeable. L'habillage de grande classe, les scènes
intermédiaires, l'ambiance unique... tout cela fait que se
lancer seul dans The Last Blade 2 est une expérience à
vivre, ne serait-ce que pour constater et savourer tout le
savoir-faire de SNK.
Bien entendu, c'est un jeu de combat fait avant tout pour
les duels contre un humain. De ce côté-là, il ne s'en sort
pas mal du tout non plus, même s'il n'égale pas un KOF '98.
Les 16 personnages, le mode Versus complet, la grande marge
de progression et les différents modes font que c'est un
incontournable pour les amateurs de fighting games à l'arme
blanche.
L'épisode
précédent était resté dans les mémoires, surtout en
ce qui concerne les chargements pour cette version
Neo·Geo CD. SNK a-t-il refait le même coup qu'avec
RB2 en créant la surprise ? Eh bien ici qu'à moitié,
l'habillage du jeu étant, il est vrai, très chargé.
Les temps d'attente, bien que nettement plus courts
et moins fréquents que dans le premier épisode,
restent considérables. Il est toujours possible de
les écourter dans les options, ces dernières étant
fort complètes.
Nous
aurons cependant droit à quelques bonus qui sont
loin d'être négligeables. D'abord, on notera
l'apparition du mode EX en tant que mode de
base, avec Power et Speed. Ensuite,
le mode Versus offre une surprise de taille :
Musashi Akatsuki est de retour ! Les amateurs
apprécieront, le nombre de personnages étant ainsi
porté à 17, sans compter les astuces.
Si
le BIOS de la console est japonais (inutile de
mettre le jeu en japonais avec une console
américaine ou européenne), un mode de jeu
supplémentaire fait son apparition, le Quiz. Il
s'agit d'une série de trois mini-questionnaires tout
en japonais. Très étonnant, ce mode est mentionné et
décrit sur la boîte du jeu en version américaine,
ainsi que dans la notice.
Le
tableau serait parfait si la réalisation était
identique (ou très proche) des versions MVS et
AES. Oh, on ne tombe pas dans le régime drastique
façon Art of Fighting 3, il manque cependant pas
mal de détails que les connaisseurs ne manqueront
pas de repérer : une animation simplifiée par ci
(les flammes ne font plus vibrer l'air dans le
stage "Flames"), un super coup moins
impressionnante par là... Rien de dramatique, mais
cela reste un peu dommage. On sent que la Neo·Geo
CD aurait bien besoin d'une petite rallonge de
mémoire dynamique pour parfaire sa version.
Le
son est, comme on pouvait s'y attendre, carrément
divin. Les morceaux, déjà excellents en cartouche,
deviennent ici absolument grandioses. N'oublions pas
les séquences intermédiaires de dialogues qui sont
accompagnées de digitalisations vocales fort
réussies.
Surpassant
le premier épisode sur bien des points, The Last
Blade 2 sur Neo·Geo CD est un très bon jeu...
malheureusement un peu moins bon qu'en cartouche. Ce
ne sont pas uniquement les chargements (en progrès)
qui sont à incriminer, il y a également les pertes
qualitatives assez visibles qui gâchent un peu la
fête.
Ses bonus fort bien choisis (surtout le mode EX
et la présence de Musashi en Versus), sa bande-son
merveilleuse et son ambiance préservée lui confèrent
quoi qu'il en soit le statut de très joli jeu pour
la Neo·Geo CD.
Et
aujourd'hui ?
Que dire de ce jeu ? Les mots
viennent à manquer. SNK s'est employé à effacer
les petits défauts du premier épisode... et le
résultat est concluant. Les esprits chagrins
pourront lui reprocher son manque de stages par
rapport à son aîné, son nombre de personnages
relativement faible en comparaison d'un KOF, ou
encore une jouabilité qui aurait pu être poussée
encore plus loin pour les fins techniciens...
Tout
cela ne sera que râleries et autres pinaillages
pour donner l'impression de jouer la carte de
l'exigence. The Last Blade 2 est un chef d'œuvre,
c'est un véritable bijou dans un écrin de 554
Mbits.
The
Last Blade 2 résiste aux outrages du temps avec
une insolence qui devrait faire réfléchir bien des
développeurs actuels (à commmencer par SNK). Les
pixels surmultipliés, les couleurs par millions,
les polygones à foison, rien ne peut altérer ce
monument vidéoludique. Les jeux récents sont
infiniment plus fins, plus colorés, avec un son
sans aucun parasite... mais aussi trop souvent
plus insipides et aseptisés (pour la plupart, il y
aura toujours de nouvelles perles). Ce titre
démontre tout le talent qu'avait SNK.