Chaud
devant, faites place ! Un poids lourd arrive et il va faire
très, très mal. Il est énorme, il est impressionnant, il est
bien décidé à mettre une raclée à ses rivaux : voici Art of
Fighting 2. Sorti en 1992, le premier opus avait beaucoup
étonné, surtout de par la taille absolument gigantesque de
ses personnages. Sa suite reprend les mêmes ingrédients mais
SNK a considérablement épicé la sauce avec une taille de
cartouche passant de 102 à 178 Mbits.
Il
s'agit d'un titre attendu car Art of Fighting ouvrait
clairement la porte à une suite. D'ailleurs l'intro reprend
très précisément où nous en étions restés, c'est-à-dire à la
séquence de fin d'Art of Fighting. On y apprend que Mr
Karate est en fait Takuma Sakazaki, le père de Ryô et de
Yuri. Il était forcé de faire certaines besognes pour le
compte du syndicat du crime de Southtown, dont le parrain
reste à démasquer, Mr Big n'étant qu'un sous-fifre.
Désormais
Yuri a retrouvé sa liberté et Takuma tient un dôjô à
Southtown. La tranquillité est de courte durée, un tournoi
d'arts martiaux étant ouvert en ville : il s'agit du "King
of Fighters". Le sponsor de ce tournoi se tient caché mais
il ne fait aucun doute qu'il est celui qui a commandité
l'enlèvement de Yuri, deux ans auparavant. Ryô, Robert, mais
aussi Yuri et Takuma s'inscrivent au King of Fighters pour
débusquer celui qui se cache derrière tout cela. Ils devront
faire face à huit autres participants avant d'espérer
affronter le mystérieux organisateur...
Les
options sont assez complètes : difficulté, langue, et même
vitesse de jeu. Toujours deux modes de jeu sont au programme
: Player vs. COM et P1 vs. P2. Le premier permet de jouer
contre la console en participant au tournoi tandis que le
second permet à deux adversaires humains de s'affronter.
Le tableau de
sélection révèle 12 personnages, tous jouables quel que soit
le mode de jeu choisi.
Des
personnages d'Art of Fighting, un seul est absent, il s'agit
de Ryuhaku Tôdô. Tous les autres sont là, ainsi que quelques
petits nouveaux. Voici les lutteurs acharnés qui composent
cette solide distribution...
Ryô Sakazaki Après avoir secouru sa sœur, Ryô est parti au
Japon pour se retirer dans les montagnes. Il s'y est
entraîné jusqu'à ce qu'il entende parler du tournoi
King of Fighters à Southtown, d'où son retour.
Robert Garcia Le fils du multi-milliardaire Albert Moralista Del
Gusto de Braha Garcia a délaissé la voie tracée par
son père en abandonnant ses études à l'université
Emperor. Il préfère se consacrer à la poursuite de son
apprentissage du karaté Kyôkogenryû auprès de Takuma.
King Elle a abandonné le monde de la rue pour devenir
consultante politique. Ayant mis le doigt sur certains
commerces illicites, elle s'inscrit au tournoi pour
enquêter ainsi que pour remporter le prix dans un but
bien précis...
John Crawley Autrefois pilote de chasse chevronné, John a eu
une blessure à l'œil et a été interdit de vol. Il
s'est alors réfugié dans la violence et l'alcool, se
mettant au service de Mr Big. Il a désormais retrouvé
ses esprits et compte bien combattre Mr Big et le
syndicat du crime.
Mickey Rogers Afin d'échapper à la pauvreté, Mickey est devenu
boxeur poids lourd professionnel. Un accident l'a
renvoyé dans les bas-fonds où il s'est mis à la solde
de la pègre de Southtown. Il veut désormais une
seconde chance et participe au tournoi pour améliorer
sa technique.
Jack Turner Chef du gang dans Black Cats, Jack n'a qu'une
envie, prendre le contrôle de Southtown. Il participe
au King of Fighters pour vaincre Mr Big.
Lee Pai Long Expert en médecine chinoise, Lee est également un
féroce combattant qui cache son identité sous un
masque de dieu-singe. Il espère utiliser le prix du
tournoi pour financer des recherches médicales.
Temjin Docker au port principal de Southtown, Temjin
travaille pour $25 de l'heure, dans l'espoir de gagner
assez d'argent pour construire une école en Mongolie,
où il serait enseignant. Le King of Fighters est
l'occasion de concrétiser son projet.
Eiji Kisaragi Le clan Kisaragi est l'ennemi séculaire du clan
Sakazaki. Eiji est à Southtown pour affronter trois de
ses représentants.
Yuri Sakazaki Sauvée par Ryô et Robert deux ans auparavant, Yuri
s'entraîne désormais au karaté Kyôkugenryû au dôjô de
son père. Elle a menti à son frère en prétendant ne
s'adonner qu'au fitness. Le tournoi est l'occasion
pour Yuri de montrer à Ryô ce qu'elle vaut vraiment.
Takuma Sakazaki
Grand maître du karaté Kyôkogenryû, Takuma est doté
d'une force hors du commun. Ses aptitudes ont vite
intéressé le parrain de Southtown mais Takuma refusa,
jusqu'à ce que Yuri soit enlevée. Il s'est inscrit au
King of Fighters pour affronter son ennemi.
Mr Big
Celui qui avait kidnappé Yuri revient avec pour but
principal de gagner le tournoi et prendre contrôle de
la ville.
Chacun
de ces douze combattants dispose de son propre stage (le
treizième est caché). Ils prennent tous place à Southtown,
une ville bien connue des habitués des jeux SNK.
National
Park
Garcia
House
Southtown
Park
Port
Town Docks
Airport
Crawley's
Air Field
Boxing
Gym
Mac's
Bar
China
Town
Karate
Gym
Fitness
Club
Parking
Garage
Special
Stage
Reprenant
les bases posées par Art of Fighting, cette suite apporte
cependant quelques touches de nouveautés.
: coup de poing
: coup de pied
: saisie
: provocation
La force des coups portés avec ou dépend de la durée d'appui sur le
bouton, à l'instar de World Heroes. De plus, lorsqu'on est
projeté, appuyer sur le bouton , ou permet de retomber en minimisant
les dommages infligés... à condition de le faire au bon
moment. Enfin les combinaisons et sont respectivement un uppercut et
un coup de pied bas.
La
jauge de concentration mentale est toujours présente mais
prend le nom de Rage Gauge, ce qui ne change
aucunement son fonctionnement. Elle permet d'exécuter les
pouvoirs spéciaux plus ou moins puissants et donc plus ou
moins gourmands en santé mentale. Prenons pour exemple notre
ami Jack. Le premier coup est classique et consomme peu. Le
deuxième est à apprendre lors du Bonus Stage, fait très mal,
et consomme bien plus. Enfin le troisième est faisable quand
les bordures de la barre de vie clignotent et que le
combattant a une respiration moins aisée, il constitue
l'attaque la plus puissante : c'est bien entendu très
coûteux. Pour connaître les techniques des différents
personnages, voici un guide
stratégique.
Knuckles of Fury
+
Super Hip Attack
+
Jack the Dynamite
+
Les
Bonus Stages sont donc de la partie à ceci près que ce qui a
été acquis lors du premier épisode n'est plus à apprendre.
Par exemple, si on a réussi la technique du Haoh Shoko Ken
dans Art of Fighting, on commence une partie de ce deuxième
chapitre avec cette technique : plus besoin de l'apprendre !
À l'instar de l'intro, ce détail montre le fait que les
programmeurs ont lié au maximum ces deux épisodes pour n'en
faire qu'une seule et grande aventure. Le programme reste
quasiment inchangé : augmenter sa Rage Gauge (en
abattant un arbre et non plus en dégommant des bouteilles de
bière), augmenter sa barre de santé (en affrontant les Black
Cats au lieu de casser des gros glaçons) et enfin apprendre
la technique cachée.
Art
of Fighting, c'était avant tout de gigantesques personnages.
L'énormité est toujours de mise, c'est si détaillé qu'on
peut dire que les spectateurs des différents stages sont
bien souvent mieux faits que les sprites classiques des jeux
concurrents. Les zooms sont également repris.
Ce
qui change par rapport à Art of Fighting, c'est la violence
des coups. Plus forts, plus puissants, plus rapides, nous
sommes dans la démesure. Ce n'est pas de la violence
sanguignolante à la Mortal Kombat, mais plutôt toute une
gamme de coups ayant beaucoup d'impact et d'efficacité
(merci les bruitages). L'adversaire décolle bien souvent du
sol puis retombe lourdement. Que du bonheur que de laisser
ressortir ses instincts les plus primaires.
C'est bien joli de
taper fort, d'être violent, mais Art of Fighting 2 va-t-il
pour autant mettre KO ses rivaux au chapitre de la
réalisation ?...
C'est coloré,
les traits sont nets, l'ensemble fait très propre. Les
personnages sont tous redessinés et disposent de quatre
coloris différents pour leurs vêtements. Certains leur
préfèreront les sprites du premier Art of Fighting, aux
contours plus doux et au look moins consensuel. Pour en
revenir au deuxième épisode, voilà un travail vraiment très
bon qui ne se repose donc pas du tout sur Art of Fighting.
Ce souci du détail rend la ville de Southtown quasiment
palpable, tant l'ambiance y est intense.
Les zooms sont
là, les personnages sont énormes et la vitesse est réglable.
L'animation est moins raide que celle de Art of Fighting
mais ce n'est toujours pas un modèle du genre, loin de là.
On remarquera des animations spéciales comme par exemple
lorsque l'aversaire est mis KO par un coup spécial (il
s'écroule de manière très théâtrale) ou encore lorsqu'on
gagne par perfect.
Les bruitages
sont absolument superbes et saisissants. Les impacts lors
d'un Zanretsu Ken par exemple sont terribles. Quant aux
musiques, elles se montrent très réussies avec des thèmes
assez entraînants.
En plus des
pouvoirs dévastateurs appris lors des Bonus Stages, nous
avons donc les Desperation Moves (déjà présentes
dans Art of Fighting, mais pas pour tous les personnages).
Hormis celle de John, ces coups sont imparables. La
maniabilité a énormément progressé et c'est bien plus
confortable à jouer. Basée sur l'utilisation de la Rage
Gauge, la jouabilité reste très différente des autres
jeux et quelqu'un ne jurant que par Street Fighter risquera
d'avoir bien du mal à s'y mettre.
Un total de 12
personnages sélectionnables dans les deux modes de jeu,
c'est bien mieux que ne faisait Art of Fighting. Les parties
en solitaire sont très difficiles et il faut des jours
(voire des semaines) d'entraînement pour ne serait-ce que
pénétrer dans ce jeu et s'approprier efficacement quelques
techniques. On pourrait presque dire qu'Art of Fighting 2
est au jeu de combat ce que View Point est au shoot them up.
Presque, car des techniques de fourbe permettent de venir à
bout des ennemis les plus récalcitrants. Le jeu en Versus
est bien moins crispant et propose, de base, la Super
Technique of Blow.
Identique
à la version AES... sauf pour les musiques ! Si en
cartouche ça oscillait entre le moyen et le très
bon, ici c'est la plupart du temps encore mieux, à
quelques exceptions près. Avec des thèmes
identiques, SNK a su donner vie aux musiques de ce
jeu et l'ambiance déjà absolument grandiose est ici
encore renforcée.
Les temps
de chargement sont plus que convenables, il n'y a
pas grand chose à redire de ce côté-là.
Très bon
jeu avec une bande-son de bon niveau, Art of
Fighting 2 est une valeur sûre de la Neo·Geo CD.
Bilan
Art of Fighting 2 frappe encore
plus fort que son aîné. Sa réalisation est à la
hauteur de la Rolls des consoles et il est clair
que c'est plus que jamais une vitrine
technologique pour la Neo·Geo. Sa difficulté
élevée et sa jouabilité pas très accessible font
qu'un joueur peu persévérant oubliera rapidement
cette cartouche sur une étagère. Les courageux
accèderont à un univers bien particulier et
pourront profiter de l'ambiance excellente de ce
titre atypique.
Art
of Fighting 2 n'est plus trop au goût du jour du
fait que sa jouabilité, très particulière,
s'éloigne grandement de la tendance générale de l'époque.
De plus, sa difficulté risque fort de décourager
un joueur le découvrant sur le tard. Il lui reste
ses personnages énormes et son ambiance absolument
parfaite. À réserver plutôt aux joueurs avertis
qui sauront l'apprécier à sa juste valeur.