1994/1996 : MVS et CPS-2, le choc

Capcom est désormais bien armé pour affronter un SNK en grande forme. Le CPS-2 s'annonce franchement prometteur avec ses graphismes de haute volée et un son bien meilleur que celui de son aîné. Ce serait l'occasion de lancer une nouvelle franchise, ou au moins d'offrir une véritable suite à Street Fighter II, qu'on connaît par cœur.


C'est pour cela que le 23 février 1994 sort un titre totalement étonnant : Super Street Fighter II Turbo. Bon, ce n'est pas gentil de se moquer, d'autant plus que les améliorations sont appréciables. Il y a l'apparition des fameuses "Super" avec la barre à remplir en bas de l'écran, sans compter une jouabilité très finement aboutie. Un tout nouveau boss à combattre après M. Bison, une vitesse réglable, mais que demande le peuple ? Un vrai nouveau jeu, soit. Mais les fans de Street Fighter II ne comptent plus les déclinaisons et sont aux anges avec cette merveille taillée pour le versus.
SNK a sorti entre temps le 3 février un jeu bluffant au niveau technique : Art of Fighting 2. Il est ultra impressionnant et confirme la maîtrise de SNK dans le domaine. Son côté décalé l'empêche toutefois de jouer dans la cour de Capcom.

Super Street Fighter II Turbo : l'aboutissement ultime.
(1994, Capcom)
Envie de démesure ? Art of Fighting 2 est là.
(1994, SNK)

SNK va un peu s'effacer jusqu'à l'été 1994, laissant un peu de champ libre à Capcom. Ce dernier lance le 20 mai 1994 un très solide beat them all, Alien vs. Predator.

Alien vs. Predator, outre sa licence séduisante, est un pur bonheur.
(1994, Capcom)

Le 25 juin Capcom ne peut s'empêcher de retomber un petit coup dans la marmite Street Fighter II avec la sortie simultanée de Super Street Fighter II sur Mega Drive et sur Super Famicom. Les adaptations sont très convaincantes, les jeux sont parmi les meilleurs du genre sur leurs supports respectifs, mais... on commence vraiment à saturer de ces Street Fighter II vus et revus. Heureusement que Takara nous donne un peu d'air frais en adaptant les jeux SNK sur consoles grand public.

Super Street Fighter II déboule sur les consoles grand public mais a un sérieux goût de déjà-vu.
(1994, Capcom)

Enfin le 5 juillet 1994 Capcom se décide à proposer un jeu de Versus Fighting 100% nouveau. Ouf ! Il s'agit de Darkstakers (Vampire au Japon), un jeu faisant intervenir des créatures fantastiques (loup-garou, vampire, momie, etc.) dans un environnement des plus soignés. L'animation du jeu surpasse de loin ce qui se faisait dans les deux derniers Street Fighter II qui, il est vrai, s'appuyaient sur un travail fait sur CPS-1. Ici le CPS-2 est vraiment exploité et SNK a du souci à se faire.
Le souci en question n'aura pas le temps de s'installer, SNK étant occupé à finaliser sa console Neo·Geo CD, cette dernière devant sortir en septembre 1994. Mais cela n'est pas tout. Le 25 août 1994 sort le premier épisode de la plus grande série à succès de SNK : The King of Fighters '94. Pas moins de 24 personnages composent le casting, dont des combattants de Fatal Fury et d'Art of Fighting. KOF '94, c'est l'évènement de la rentrée 1994, rien de moins.

Darkstalkers propose un casting des plus bizarres.
(1994, Capcom)
The King of Fighters '94 montre le savoir-faire de SNK.
(1994, SNK)

D'un côté on a SNK maîtrisant sa Neo·Geo et sachant faire de bons gros jeux de combat. De l'autre côté on a Capcom qui s'est enfin décidé à lacher son Street Fighter II et à exploiter son CPS-2.
La suite fait mal et cela se vérifie dès le 16 septembre 1994 avec Armored Warriors, un beat them all très impressionnant mais un peu fouillis.
Ce qui est certain, c'est que SNK a abandonné ce domaine, préférant se concentrer sur le combat en duel. Et on ne va pas s'en plaindre, puisque le 28 octobre 1994 voit arriver la sublime suite de Samurai Shodown.
N'oublions pas non plus qu'en décembre 1994 sort X-Men: Children of the Atom, parfaitement dans la lignée de Darkstalkers, d'un point de vue technique. D'une point de vue jouabilité, c'est très, très bourrin.

Avec Armored warriors, c'est la folie à l'écran, surtout à 3.
(1994, Capcom)
Samurai Shodown II est plus qu'un jeu, c'est une œuvre d'art.
(1994, SNK)
X-Men est très beau, très facile d'accès, et c'est du Capcom !
(1994, Capcom)

Capcom va essayer d'imiter SNK sur le marché des consoles, en reprenant l'idée de proposer des jeux de qualité arcade à domicile. Bien que les Mega Drive et Super Nintendo soient de vraies stars, elles sont loin d'égaler une Neo·Geo, et bien sûr un système CPS-2. En 1994 Capcom commercialise donc le Capcom Power System Changer, ou CPS Changer. Il s'agit d'un CPS-1 modifié pour passer sur un téléviseur. Pour jouer, on peut y brancher des manettes Super Nintendo ou des sticks dédiés. Capcom y sortira quelques hits du CPS-1, comme Street Fighter II' Turbo, Captain Commando ou Final Fight. Plus étonnant, sera même adapté Street Fighter Alpha, pourtant conçu pour le CPS-2. Pour la petite histoire, c'est ce jeu, adapté pour le CPS Changer, qui va permettre à Razoola de casser le code protégeant les jeux CPS-2.

Le CPS Changer est censé être l'anti-Neo·Geo AES.
La console est noire et le jeu est gris : sacrée différence de taille !

Le succès est plus que mitigé (d'accord, c'est un échec cuisant, autant en chiffres de vente qu'en prestige) et Capcom se rabat sur la génération suivante de consoles. Il jette son dévolu sur la 3DO le 13 novembre 1994 avec... Super Street Fighter II Turbo. On a cette fois une adaptation presque identique à l'arcade. Presque, les connaisseurs trouvant les quelques différences qui demeurent.

Ce Super Street Fighter II Turbo version 3DO est très, très proche de l'original sur CPS-2.
(1994, Capcom)

1995 est une année riche en jeux. Le mois de mars voit arriver Night Warriors: Darkstalkers' Revenge (ou Vampire Hunter au Japon) et Fatal Fury 3. C'est beau jeu, c'est bon, les joueurs se régalent, même si Fatal Fury 3 n'est pas parfaitement au point concernant sa jouabilité.
SNK enchaîne en avril avec une nouvelle licence, Savage Reign. Le jeu, bien réalisé, assez innovant, ne parvient pas vraiment à convaincre.
C'est aussi et surtout l'année où Capcom lache enfin Street Fighter II, pour lancer Street Fighter Alpha en juin. L'histoire se passe avant Street Fighter II, mais après le premier opus. Il ne propose que 10 personnages, certains provenant du premier Street Fighter ou de Final Fight. On notera surtout la barre de Super désormais à 3 niveaux.

Night Warriors est une solide mise à jour du premier épisode.
(1995, Capcom)
Fatal Fury 3 est magnifique, mais la gestion des plans y est peu pratique.
(1995, SNK)
Peu de décors, pas très beau, mais enfin un vrai nouveau Street Fighter !
(1995, Capcom)

SNK riposte dès le 25 juillet suivant avec un deuxième épisode de sa désormais série, The King of Fighters. Ce jeu corrige quasiment tous les défauts du premier, rendant KOF toujours plus attractif. La franchise acquiert non seulement le statut de série, mais aussi celui de référence.

The King of Fighters '95 est un incontournable de son temps.
(1995, SNK)

Le 24 octobre 1995 Capcom réutilise la licence Marvel dont il bénéficie pour sortir Marvel Super Heroes. Similaire à son prédécesseur X-Men, il propose 10 personnages et se montre très séduisant. Il se démarque par l'utilisation de gemmes de pouvoir. Les 15 novembre et 12 décembre SNK fait un tir groupé avec Samurai Shodown III et Real Bout Fatal Fury. Chacun relance à sa façon sa série et, même s'ils impressionnent moins que leurs concurrents de chez Capcom, ils sont très loin de démériter.

Iron Man contre Hulk, un combat titanesque !
(1995, Capcom)
Samurai Shodown III a une ambiance très sombre et dramatique.
(1995, SNK)
Real Bout Fatal Fury est doté d'une jouabilité très agréable.
(1995, SNK)

Capcom débute 1996 avec Dungeons & Dragons: Shadow over Mystara, un beat them all qui sort en février. C'est un jeu sans aucune concurrence de la part de SNK, ce dernier ayant laché l'affaire depuis Sengoku 2. Le jeu qui sort le 27 février 1996 joue clairement dans la même cour que les jeux de SNK. Il s'agit de Street Fighter Alpha 2. Avec ses jolis stages, sa jouabilité retouchée (avec notamment les Custom Combos) et ses 18 personnages, il a de quoi attirer à lui les joueurs.
Le 11 mars 1996 un nouvel épisode (un peu à part, d'où le "Gaiden" dans le titre japonais) d'Art of Fighting fait son apparition. Il est annoncé comme étant animé par capture de mouvement (motion capture) mais le procédé employé relève manifestement davantage de la rotoscopie. Peu importe le terme technique, il en résulte une animation extrêmement fluide, mais avec des postures paradoxalement parfois un peu raides.

Un grand pas en avant pour ce Street Fighter Alpha 2.
(1996, Capcom)
Art of Fighting 3 possède une animation étonnante à plus d'un titre.
(1996, SNK)

Le mois de mars 1996 a une importance certaine pour Capcom, mais pas en ce qui concerne l'arcade. Un jeu truffé de zombies, dédiés aux consoles, sort le 22 mars 1996 sous le nom de Bio Hazard au Japon. C'est la PlayStation qui en profite et les ventes sont très largement à la hauteur des espérances. Ce jeu devient Resident Evil en Occident. Il est adapté sur Saturn le 25 juillet 1997, soit bien trop tard pour que ce jeu ne soit pas considéré comme une exclusivité PlayStation. Même s'il sort après Alone in the Dark, ce jeu sera souvent cité comme le pionnier du genre Survival Horror.
SNK ne fait aucun jeu équivalent... et c'est bien là le souci. Le marché de l'arcade va muter en cette deuxième moitié des années 90. Capcom va trouver de l'air grâce à Resident Evil et ses suites, alors que SNK s'asphyxiera en restant enfermé dans l'arcade à l'ancienne.

Resident Evil redore le blason de Capcom sur consoles, ce dernier s'étant un peu terni depuis l'avènement de Sony, Namco et consorts.
(1996, Capcom)

Street Fighter Zero 2 (la version japonaise, donc) a droit à une petite mise à jour avec la sortie de Street Fighter Zero 2 Alpha le 5 août 1996. Capcom retombe dans sa manie de l'essorage de licence... et a bien raison de le faire, vu que les fans suivent.
Le 30 juillet SNK lance le troisième King of Fighters. Très joli, entièrement retravaillé, c'est une grande réussite, malgré quelques défauts de jeunesse.
Chez Capcom, plus notable que Street Fighter Zero 2 Alpha, le troisième jeu à licence Marvel est un cross over : X-Men vs. Street Fighter. Sa grande particularité est de se jouer en tag. Ce sont des équipes de deux combattants, chacun pouvant remplacer l'autre à tout moment. Ce jeu très haut en couleurs impressionne beaucoup à sa sortie (9 septembre 1996) et subjugue la presse spécialisée lors de son passage sur Sega Saturn : chargements quasi-inexistants, graphismes ultra-fidèles à la version CPS-2, etc.
Le 20 septembre 1996 sort également un jeu de tag sur Neo·Geo : Kizuna Ecounter (la suite de Savage Reign). Vu le très faible décalage temporel entre ces deux titres, on ne peut pas parler de copie. D'ailleurs Kizuna Encounter se montre beaucoup plus rigoureux, jusqu'à la règle du tag où il suffit qu'un des deux coéquipiers soit KO pour que le match s'arrête.

The King of Fighters '96 pose de toutes nouvelles bases.
(1996, SNK)
X-Men vs. Street Fighter est un très bon défouloir.
(1996, Capcom)
Kizuna Encounter est largement meilleur que son aîné.
(1996, SNK)

SNK, très actif à cette époque-là, lance le quatrième opus des aventures des samouraïs. Le 25 octobre 1996 on a droit à un Samurai Shodown IV de toute beauté. Il est très jouable, bien fini, vaste, en un mot : abouti.

Samurai Shodown IV est un des fleurons de la Neo·Geo.
(1996, SNK)

En cette fin 1996 Capcom maîtrise à merveille son système CPS-2. Les jeux y sont très impressionnants et brillamment adaptés sur la Saturn de Sega. Ils le sont également sur PlayStation (console star par excellence) mais avec moins de bonheur. SNK s'occupe aussi désormais d'adapter ses jeux. Si sur Saturn c'est correct (bien que moins bon que sur Neo·Geo), sur PlayStation cela tourne généralement au carnage.
Pour résumer, Capcom prend un net ascendant sur SNK dans le domaine des consoles et fait un tabac en arcade avec son CPS-2. SNK, avec sa Neo·Geo vieillissante, a perdu de son lustre côté technique... mais offre des jeux jouables à souhait.

Malgré cette situation assez aisée, Capcom va lancer le 21 novembre 1996 un jeu de combat un peu atypique, puisque différent en Story ou en Versus (un peu comme Art of Fighting en son temps). Il s'agit de Red Earth (Wazard au Japon), un jeu sur... CPS-3 ! Graphismes sublimes, animation à couper le souffle, bande-son de très bonne qualité : la suite s'annonce très difficile pour SNK.

Red Earth inaugure un monstre de la 2D.
(1996, Capcom)

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