Avec la Neo·Geo CD sortie en 1994, SNK aspire alors à percer le marché des consoles grand public. Une génération de retard, lecteur CD trop lent, Neo·Geo CDZ trop tardive et cantonnée au marché japonais, on connaît cette histoire et l'échec qui en découle. La Neo·Geo CD a un autre travers, et celui-ci est commun à toutes les consoles CD d'alors, c'est la limitation de mémoire dynamique. Certes très importante avec ses 56 Mbits (soit 7 Mo), elle finit par trahir ses limites dès 1995. Certains jeux commencent à montrer quelques différences avec la version originale cartouche, mais seul un œil averti peut le remarquer. Avec Art of Fighting 3, il en est tout autrement.

Sorti quelques temps après la version cartouche, il s'annonce particulièrement attrayant au premier abord. Imaginez, un coffret, un artbook de 28 pages, des autocollants et même la pièce de Robert.

Quand on a attendu deux ans pour regoûter aux joies d'Art of Fighting, on s'empresse de mettre le CD dans la console. Après un long chargement, tout s'annonce fort bien : options nombreuses, écran de sélection pouvant être simplifié pour diminuer les temps d'attente, boss disponibles de base sans code, que peut-on demander de plus ?

On commence à jouer et là, on retrouve avec plaisir Ryô, Robert et les nouveaux venus. L'ambiance d'Amérique latine est transcendée par la bande-son instrumentale de grande qualité, l'animation est extrêmement fluide, tout est au rendez-vous. Et pourtant, il y a quelque chose qui tracasse. Oh, ce ne sont pas les chargements, certes trop longs et trop nombreux. Ce n'est pas non plus le fait de jouer avec une manette Neo·Geo CD. Le zoom est toujours progressif, mais on dirait qu'il manque de puissance, qu'il est comme bridé. Voilà, les personnages sont trop petits ! Déjà que pour un Art of Fighting, ils n'étaient pas particulièrement imposants sur support cartouche, ici, c'est carrément de l'abus.

Si on ne joue qu'à cette version Neo·Geo CD, il n'y a pas trop de problème, la différence n'étant, il est vrai, pas si énorme que cela. Si on connaît la version MVS ou AES, il ne peut y avoir que frustration. Qu'un jeu Neo·Geo soit moins bon sur Mega Drive ou Super Nintendo, on trouvait cela normal. Mais avec la Neo·Geo CD, on espérait une qualité identique ou - a minima - approchant. Les concessions techniques étant généralement faites intelligemment par SNK, créateur de la console et des jeux. Là, Art of Fighting 3 version Neo·Geo CD ne parvient pas à cela.

Très gourmand avec ses nombreuses étapes d'animation et probablement vu la différence entre les versions cartouche et CD, Art of Fighting 3 ne sera d'ailleurs pas adapté sur PlayStation ou même Saturn, cette dernière pouvant pourtant avoir une rallonge de mémoire conséquente. Avec une cartouche similaire à celle de Capcom cela aurait été sans doute faisable pour un résultat plus convaincant. Il faudra attendre Art of Fighting Anthology sur PlayStation 2 pour profiter de ce jeu avec des personnages de bonne taille tout en ayant les superbes compositions de la Neo·Geo CD.

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