En
1995, la Neo·Geo est la reine du combat en 2D. Ça, tout le
monde le sait. Elle dispose d'une pléthore de hits dans ce
domaine. Ça aussi, tout le monde le sait. La concurrence y
est donc très rude... tout le monde le sait ! Tout le monde,
sauf les gens de chez Technôs, manifestement. Malgré leur
Double Dragon qui a certes su rallier certains joueurs à sa
cause sans s'imposer face aux ténors du fighting game,
voici Voltage Fighter: Gowcaizer. Il sort le 18 septembre
1995 en arcade (puis le 20 octobre sur console à cartouches)
et va devoir malgré tout faire bonne figure sous peine de
finir dans l'oubli. De plus, la concurrence s'est encore
renforcée depuis la sortie de Double Dragon. Ne le
condamnons pas toutefois sans le connaître et voyons s'il
remplit son contrat...
World
Heroes Perfect
(1995, SNK/ADK)
Street
Fighter Alpha
(1995, Capcom)
The
King of Fighters '95
(1995, SNK)
Tenant
plus du dessin animé ou du manga que du jeu de combat
classique à tournoi, l'histoire de Voltage Fighter prend
place dans le futur. Le Japon a été ravagé et le
gouvernement s'est établi sur une île artificielle dans la
baie de Tôkyô. Un ordinateur central gère tout : sécurité,
nettoyage, circulation, etc. Au milieu de l'île se trouve le
National Bernard Institute, où il y a plusieurs milliers
d'étudiants. Depuis qu'un nouveau directeur y a été nommé,
les actes de violence ont beaucoup progressé, comme s'il en
était la cause. Un étudiant, Isato Kaiza, a trouvé le moyen
de puiser la puissance de la pierre Kaizer. Il devient ainsi
Gowcaizer, le Burning Hero.
Le design de ce jeu n'est
pas dû à un inconnu pour les amateurs de mangas. En effet,
le travail a été confié à Masami Obari, dont la route avait
déjà croisé celle de la Neo·Geo. C'est ce dessinateur qui a
dirigé les trois OAV de Fatal Fury.
C'est
donc son style très acéré, avec des demoiselles à la
poitrine généreuse qu'on va retrouver dans ce jeu. Cela se
vérifie dès l'intro qui mélange des seins anim... Hum,
dessins animés et images fixes.
Les
modes de jeu sont classiques (Game Start et VS Battle), le
tout accompagné de quelques options différentes selon ce
qu'on a choisi. En VS Battle, l'option Power permet de faire
les Desperation Moves à volonté si elle est sur On,
uniquement selon les conditions du mode Game Start si elle
est sur Normal et sont absentes si elle est sur Off.
On arrive ensuite
au choix des combattants, ils sont au nombre de 10.
Gowcaizer
:
Isato Kaiza est champion d'arts martiaux. Grâce la la
Kaiser Stone, il devient Gowcaizer.
Captain Atlantis :
Randy Riggs est un Occidental. Un jour, il a trouvé
un masque étrange. Lorsqu'il le met, il devient
Captain Atlantis et ne se souvient plus de rien par
la suite.
Karin Son :
Prêtresse chinoise d'un clan fondé par Sun Wukong,
le Dieu Singe, Karin se rend au National Bernard
Institute, persuadée que le directeur est une
personnification du Mal.
Fudohmaru
:
De son vrai nom Ranpô Fudô, ce ninja travaille pour le
gouvernement en tant qu'agent. Sa mission est
d'enquêter au National Bernard Institute.
Marion :
Ce robot a été conçu par deux étudiants qui veulent
tester ses capacités.
Shaia
Hishizaki :
Membre d'une unité spéciale de la police, Shaia est
chargé de s'infiltrer dans le National Bernard
Institute.
Shen
Long :
Il s'est entraîné pendant deux ans aux côtés d'Ohga,
celui qui a pris le contrôle du National Bernard
Institute. Ce dernier a obtenu un pouvoir démoniaque
alors que Shen Long a refusé.
Kyosuke
Shigure :
Sa sœur est morte dans une explosion probablement
provoquée par Ohga. Il veut par dessus tout la venger.
Hell
Stinger :
Kash Gyustan est le fils aîné d'un compositeur de
musique classique. Il a choisi une autre voie dans le
Metal et est devenu Hell Stinger.
Brider
:
Ikki Tachibana est étudiant en deuxième année au
National Bernard Institute. Il a hérité d'un pouvoir,
la contrepartie étant d'avoir une apparence horrible.
La
répartition des commandes est identique à Fatal Fury 3 et
KOF '95, à savoir pour les coups de poing rapides,
pour les coups de pied rapides, pour les coups de poing puissants
et pour les coups de pied puissants. Mais cette
fois, aucune esquive de type n'est prévue au programme. En
revanche, la combinaison permettra de faire une
provocation.
Il est également possible de faire un dash et un backdash
avec et .
Les
coups spéciaux des différents personnages nécessitent des
combinaisons tout à fait classiques, ce qui permettra de les
trouver assez rapidement.
Caizer Strike
+ ou
Kasumigiri
(2 sec) + ou
3-Way Beamer
+
Quant
aux super coups, Technôs ne confirme pas le choix qu'il
avait fait avec Double Dragon : les Desperation Moves
sont réalisables lorsque la barre de santé clignote.
Hyper Captain Splash
(2 sec) +
Super Buster Kick
+
En
prélude à chaque confrontation, on choisit son adversaire
parmi ceux qui ne sont pas encore battus. Après chaque
victoire, on se voit proposé la possibilité de copier une
technique de combat du vaincu. Cela rend son personnage
unique : voilà une idée très originale !
En Versus c'est la même chose, à ceci près qu'on peu choisir
(ou non) d'emprunter le coup qu'on veut parmi celui que
propose chaque personnage de base ainsi que le premier boss.
Les
décors prennent place d'une part dans le Tôkyô
post-apocalytique du scénario, mais également dans d'autres
parties du Japon et du monde.
Gowcaizer
Captain
Atlantis
Karin
Fudomaru
Marion
Shaia
Shen
Long
Kyosuke
Stinger
Brider
Platonic
Twins
Ohga
Technôs
nous livre un jeu à l'ambiance très manga, chose somme toute
assez rare dans le fighting game sur Neo·Geo.
Fait-il pour autant le poids face à ses concurrents, plus
classiques ?...
Les stages, assez variés, sont bien animés et détaillés. En
revanche, cela manque parfois un peu de visibilité, comme
dans les décors de Kyosuke et Stinger. L'ambiance
futuro-nippone assumée est bien retranscrite, donnant au jeu
son identité.
Du côté des personnages, alors là on entre dans un monde où
le kitsch et le ridicule se disputent la place de roi :
combinaisons moulantes, armures en plastique, collants
grotesques, rien ne vous sera épargné.
Malgré ce parti pris
graphique très discutable, Voltage Fighter dispose de
graphismes de bonne qualité dans l'ensemble.
Il y a un
zoom, un bon point, cela permet d'avoir des sprites très
imposants. Qui plus est, ce dernier est progressif et très
puissant, quasiment autant que dans Double Dragon. Mais que
c'est raide ! On dirait que les combattants se sont coincé
le dos, tellement cela manque de souplesse.
Les musiques
de qualité mais à l'inspiration très moyenne sont grandement
réhaussées par des bruitages à la hauteur du support. Bref,
dans l'ensemble, c'est très correct, mais on a connu bien
mieux sur la console.
Assez
nombreux, les coups spéciaux ont un peu de mal à sortir. Il
faut prendre le coup et cela risque de décourager pas mal de
joueurs.
10 personnages
c'est très moyen, et il n'y a personne à débloquer à moins
d'avoir une console modifiée. Le jeu est assez difficile en
mode Story, les boss promettant de donner beaucoup de fil à
retordre. À deux, Voltage Fighter risque fort de tourner
trop peu, le nombre limité de personnages et la jouabilité
peu évoluée n'aidant pas.
En
passant sur Neo·Geo CD, Voltage Fighter: Gowcaizer
n'a plus qu'un seul écran d'options au lieu de deux,
mais ces dernières sont ici plus complètes. Outre la
possibilité d'avoir un tableau de sélection des
combattants allégé, la configuration des manettes
est désormais modifiable.
Si la console est
japonaise, un autre mode fait son apparition :
Data Bank. Comme son nom l'indique, il s'agit de
données sur les divers personnages du jeu :
profil, liste de coups, mini dessin animé, etc.
Cette
version Neo·Geo CD a des chansons en guise de fond
musical. C'est une très bonne chose, la version
Neo·Geo AES étant plutôt moyenne. Après on aime ou
on n'aime pas, surtout que c'est très kitsch, mais
l'effort d'exploiter le CD a été fait.
Nettement
plus complet que son équivalent en cartouche, ce CD
de Voltage Fighter: Gowcaizer propose à prix réduit
un sympathique moment de ringardise plus ou moins
assumée, le tout soutenu par une bande-son
étonnante. Mais de là à rivaliser avec SNK ou
Capcom, n'exagérons pas.
Bilan
Technôs n'a pas compris qu'il
fallait frapper fort pour s'imposer dans le
domaine des jeux de combat sur Neo·Geo.
Voltage Fighter: Gowcaizer est trop moyen, il
manque totalement d'ambition et n'est donc pas du
tout indispensable face à la légion de hits que
possède la console. De plus, ses défauts le
rendent assez pénible à jouer, surtout contre un
CPU intraitable lors des derniers combats.
Difficile
de recommander chaudement ce Voltage Fighter. En
CD, entre ses chansons décalées, ses nombreux
bonus et son ambiance kitschissime, il pourra
séduire le joueur en quête de jeu alternatif à bon
prix. En cartouche, les chansons en moins et le
prix en plus, il vaudra mieux l'avoir essayé avant
de tenter l'achat.