Bien
que daté d'après son écran-titre de 1991, le jeu dont il est
question ici sort le 14 février 1992 en arcade puis le 13
mars sur la console Neo·Geo. Il s'agit du premier jeu de
football (au sens européen du terme), il se nomme Soccer
Brawl. Il ne s'inscrit pas vraiment dans la lignée des rares
autres titres arcade du genre, comme Hat Trick Hero, World
Soccer Finals ou le plus ancien Kick Off. Ici, l'ambiance
est futuriste et technologique, comme dans un 2020 Super
Baseball.
Tecmo
World Cup '90
(1989, Tecmo)
World
Soccer Finals
(1990, Leland)
Hat
Trick Hero
(1991, Taito)
Bienvenue
à la fin du XXIème siècle. Le football, ou
"soccer", est toujours un sport star mais n'est plus un
sport de stars. Les êtres humains, trop fragiles (et trop
contestataires vis-à-vis des règles ?), ont laissé place à
des robots d'une grande brutalité et très résistants. Soccer
Brawl, jeu de football futuriste de SNK, vous propose donc
un petit moment d'anticipation agrémenté d'une bonne dose de
bestialité.
L'intro
présente rapidement le principe des joueurs cyborgs avec
leurs capacités. Assez courte et basique, elle garde le
mérite de mettre dans l'ambiance futuriste du jeu.
Les
options proposées sont réduites au minimum : choix du niveau
de difficulté et de la durée d'une mi-temps. Pas de grandes
statistiques, de règles à paramétrer ou d'autres gâteries de
ce style. Les commandes sont sommairement expliquées avec la
présentation d'une jauge de puissance "Power Meter".
: frappe (attaque) / tacle glissé (défense)
: passe (attaque) / jeu de tête (défense)
(Power Meter à fond) : tir puissant (attaque) / coup de
poing (défense)
: tacle
Les
modes de jeux mis à disposition sont League Mode et VS Mode.
Du côté des équipes, on en dénombre 8 : États-Unis,
Allemagne, Angleterre , Espagne, Brésil, Japon, Italie et
Corée. Pour la France, il faudra repasser.
Le
tournoi se déroule dans deux stades possibles, construits
tous les deux au XXIème siècle. Le plus ancien
dispose d'herbe (synthétique, très probablement) et l'autre
est clairement plus aseptisé.
Après
une sympathique apparition des joueurs, on se retrouve face
à une horde de brutes métalliques qui font tout pour vous
déposséder du ballon. De rudes moments s'annoncent mais fort
heureusement, vous disposez également d'une solide équipe de
robots qui ne manqueront pas de s'opposer vigoureusement aux
adversaires pour marquer quelques buts.
Du
côté des règles, il n'y a plus grand chose. L'arbitre est
absent du terrain, les hors-jeu un lointain souvenir et
quant aux touches, elles se font bien rares.
Les
tirs ne sont pas en reste avec la jauge de puissance évoquée
précédemment. En la remplissant (bouton enfoncé quand on
attaque) on peut accéder à des tirs ultra-puissants.
Heureusement, les gardiens sont très résistants.
Un
détail amusant est la diffusion de mini-histoires
humoristiques durant la mi-temps, le Half Time Show. C'est
l'occasion de se détendre un peu avant de retourner dans ce
bain de violence et de boulons.
Il
est clair que Soccer Brawl n'a rien d'un Kick Off, il puise
son inspiration dans la brutalité futuriste façon 2020 Super
Baseball, mais en plus poussé et plus défoulant. Sa
réalisation est-elle à la hauteur des standards arcade de
1991 et 1992 ?...
Avec seulement
deux terrains, on tourne très rapidement en rond, même s'ils
sont propres et assez bien faits. Du côté des joueurs, le
look cyborg est réussi et renforce le côté futuriste du jeu.
Quelques
effets sympathiques accompagnent les super tirs de joueurs,
correctement animés par ailleurs. Leurs positions sont
toutefois un peu limitées et répétitives. On notera des
détails amusants comme la fumée sortant de la carcasse des
joueurs à la seconde mi-temps.
Les matchs sont soutenus par des musiques entraînantes et de
qualité très correcte, même si elles ne sont pas très
nombreuses. Il y a quand même largement de quoi contribuer à
la chaude ambiance du jeu.
En ce qui concerne les bruitages, ils ont beaucoup d'impact
et retranscrivent bien la brutalité des robots. Enfin un mot
sur la voix-off, elle est très synthétique et futuriste.
Il est vain de
s'attendre à une grande simulation avec un bouton pour
chaque geste existant. Le fait que seuls et soient utilisés fait que quasiment
toute la façon de jouer tourne autour des barres "Power
Meter". C'est à la fois violent et intuitif, les bourrins
vont être à la fête ! Enfin, pas les bourrins qui
mitraillent les boutons sans ne rien comprendre au jeu, il
faut un minimum de tenue. Une fois le principe compris et
qu'on n'attend plus bêtement qu'un arbitre vienne siffler,
on est moins à terre et on prend plaisir à dégommer les
joueurs adversaires pour se frayer un chemin jusqu'au but.
Un seul
tournoi, huit équipes, deux terrains, il n'y a pas de quoi
se perdre. Si Soccer Brawl se montre léger en solo, les
parties à deux relancent grandement l'intérêt et estompent
son arrière-goût de "trop peu".
Mis
à part l'écran-titre très légèrement différent de
celui de la version cartouche et le premier temps
d'accès au disque, absolument rien ne permet de
distinguer ce Soccer Brawl de son grand frère. Mêmes
musiques, mêmes modes, mêmes équipes, même fun à
l'état pur.
Comme
sur Neo·Geo AES, Soccer Brawl dans sa version
Neo·Geo CD reste un choix à conseiller, surtout si
on est amené à jouer de temps en temps avec des
amis.
Bilan
SNK a joué l'originalité avec un
jeu de football de robots et s'en tire fort
honorablement. Ce jeu procure un très grand
plaisir de jeu à deux, même s'il se révèle un peu
limité quand on joue seul.
Avec l'inflation de la taille des jeux Neo·Geo, il est
vraiment dommage que Soccer Brawl n'ait pas eu
droit à une suite, contrairement à Super
Sidekicks, guère plus évolué à ses débuts. SNK a
préféré laisser de côté ces jeux futuristes du
débuts des années 90 (comme Robo Army) devenus
assez kitsch pour se consacrer à des séries plus
sérieuses.
Pour en revenir à Soccer Brawl en particulier,
c'est un jeu à essayer d'autant plus qu'on peut le
trouver pour pas trop cher.