Voici
le troisième beat them up signé SNK sur Neo·Geo. Si
avec Burning Fight c'était Capcom qui était clairement visé,
SNK avait choisi avec Sengoku une voie plus originale, le
résultat n'étant malheureusement pas forcément plus
concluant. Toujours dans cette recherche d'originalité, SNK
évite soigneusement le beat them up urbain classique
et nous propose un titre à l'ambiance futuriste : Robo Army.
Là encore, ce ne sera pas facile de convaincre, la
concurrence étant toujours aussi affutée.
64th Street
(1991, Jaleco)
Vendetta
(1991, Konami)
Captain Commando
(1991, Capcom)
Jeed,
un scientifique spécialiste de la robotique a levé en
cachette une armée de robots et il compte bien prendre ainsi
le contrôle de la ville de Neo-Detroit. Ce savant fou
utilise les cerveaux humains pour les mettre dans des
carcasses de robots et en faire de braves combattants à sa
solde. Il robotise tout : humains, oiseaux, chiens,
singes... Fort heureusement, son processus d'asservissement
a mal fonctionné sur deux policiers devenus robots. Ces
derniers vont se dresser contre lui et contrecarrer ses
plans.
Nos
deux compères s'appellent Maxima et Rocky. Il s'agit de
robots, bien que Maxima ait une apparence humaine. Ils vont
délivrer les humains des griffes de Jeed et affronter celui
qui a modifié leur apparence.
Maxima
Rocky
Les
options se résument au choix du niveau de difficulté. Quant
à la séquence d'explication des commandes, elle montre que
trois boutons seront utilisés.
: coup de poing / ramasser un objet / lancer ou utiliser un
objet
: saut
: pouvoir spécial / coup de pied
: frapper en arrière
Le bouton commande un pouvoir dévastateur qui dépend des
pastilles de couleur qui se trouvent sous la barre de santé.
Chaque utilisation fait perdre une pastille et toutes les
deux utilisations, le pouvoir perd en puissance. Quand on a
perdu les six pastilles, il reste le coup de pied.
Heureusement des
bonus permettent de ne pas se retrouver trop vite à cours
d'arguments.
Ce petit bidon de carburant n'est autre qu'une
recharge de santé.
Ce
bonus redonne une pastille pour utiliser un
super-pouvoir avec le bouton C.
Ah,
là nous avons du bonus premier choix. Avec celui-là,
Maxima et Rocky se transformeront en véhicule.
Ils
deviendront alors une sorte de tank fou qui écrasera tout
sur son passage. C'est particulièrement jouissif... mais
bien trop court, comme tout bonus d'invincibilité.
Nos
deux amis sont prêts pour parcourir les rues d'une ville
assiégée par l'armée de robots et pour contrecarrer les
plans de Jeed.
Il
y a six niveaux en tout, dont deux s'enchaînent fort bien
("Main Street" puis "Police Station"). Il est dommage que
SNK n'ait pas fait de même pour les autres transitions.
Voici en images les trois premiers stages :
Jungle
Highway
Main
Street
Comme
on pouvait s'y attendre, avant de passer au niveau suivant
il faut affronter un boss, c'est-à-dire un adversaire plus
résistant et en général plus gros que les ennemis
classiques. Il sont dans l'ensemble bien accordés avec le
thème du niveau. Un gorille pour la jungle, une voiture pour
l'autoroute, etc.
Robo
Army explore donc le thème cher aux Japonais de l'humain
devenant machine, sans toutefois verser dans le sombre qu'on
peut connaître au travers de certains films d'animation. En
revanche ici le ton reste à la fois léger et bourrin. Et
côté réalisation, qu'en est-il ?...
Les décors
sont situés dans la ville de Neo-Detroit, mise à feu et à
sang par l'armée des robots de Jeed. Il s'en dégage une
ambiance apocalyptique très réussie. Côté qualité, c'est
très fin et coloré. On regrettera les barres de santé et de
pouvoir qui sont sur fond noir, ce qui empêche d'avoir une
aire d'affichage en plein écran.. Cela diminue le champ de
vision et fait un peu "console", le comble pour un jeu
d'arcade.
Peu ou pas de
ralentissements et de clignotements, des effets de zoom
bienvenus, des boss souvent très imposants : l'arcade à la
maison, quoi ! Un peu de crasse sur l'écran du téléviseur et
une odeur de cendrier froid et on s'y croirait.
Les bruitages ont un timbre très métallique. Hélas
un peu trop nombreux, surtout au niveau des digitalisations
vocales, ils donnent un peu l'impression que les personnages
sont muets. Cela est en partie compensé par les commentaires
futuristes, assez nombreux et réussis. Les musiques sont
entraînantes et renforcent l'ambiance du jeu.
Les coups de
base sont très limités comparés à un Final Fight ou à un
Vendetta. La possibilité de ramasser divers objets, dont des
carcasses de voitures afin de les lancer sur les ennemis,
est donc fort bienvenue. Il reste la palette de coups de
base pas très évoluée ainsi que des prises au corps à corps
réduites au minimum syndical.
Il y a six
niveaux, c'est correct. Aucun tableau de sélection des
personnages comme dans Burning Fight, cela empêche le
premier joueur de prendre Rocky (et donc le deuxième de
prendre Maxima, pour ceux qui suivent). Les 4 crédits ne
seront pas de trop pour finir le jeu. En effet, même si les
stages y sont assez courts, ils deviennent franchement
éprouvants vers la fin.
Un
seul chargement, aucune réorchestration, aucun
bonus, Robo Army sur Neo·Geo CD est quasi identique
à son homologue sorti au format cartouche.
Qu'est-ce qui
change, alors ? Eh bien d'abord les crédits qui
deviennent infinis et, plus discret, le bas de
l'écran-titre. On retrouve sinon nos deux compères
cybernétiques qui parcourent Neo-Detroit pour casser
du robot.
Avec
Robo Army sur Neo·Geo CD, c'est du sans surprise :
aucune perte, aucun ajout. Il est parfaitement
abordable et constitue un défouloir très honnête, à
défaut d'être le meilleur sur ce support.
Bilan
Robo Army est assez réussi, plus
original que Burning Fight. Le défaut de ce
dernier était de vouloir à tout prix copier Final
Fight sans réellement innover ni en avoir
l'envergure. Robo Army a le mérite d'être moins
conventionnel en se démarquant du jeu de Capcom,
et se montre par ailleurs mieux réalisé que
Sengoku. Mais de là à pouvoir inquiéter les poids
lourds du beat them up, on en reste encore
loin.
On peut
trouver Robo Army à prix très correct, quel que
soit le support. C'est un jeu qui peut replonger
le joueur dans une toute autre époque où
l'abattage en masse de vilains était monnaie
courante. Voilà donc un bon beat them up
auquel on pourra cependant préférer Mutation
Nation, moins jouable mais à l'ambiance futuriste
encore plus apocalyptique.