S'il
est un éditeur qui marque fortement le domaine de la course
de moto dans les années 80, c'est bien Sega. Hang-On sort en
1985 et étonne de par son animation rapide et très fluide.
Sans compter la possibilité d'y jouer sur une borne équipée
d'une reproduction de moto. Super Hang-On apporte en 1987 le
turbo (quand on roule à 280 km/h) et des graphismes un peu
plus fouillés. Quant à Racing Hero, son visuel quasiment
digne d'un Super Monaco Grand Prix en fait un bien joli jeu
de moto de la fin des années 80. Bref, SNK veut y aller de
son titre, profitant de son système Neo·Geo. Voici donc un
rival des jeux de Sega, avec un titre qui annonce clairement
la couleur : Riding Hero, en référence à Racing Hero.
Vouloir concurrencer le ténor d'un genre est louable et
ambitieux, étant donné qu'il s'agit d'un coup d'essai. Le
tout est de voir si SNK s'en sort bien ou si nous allons
avoir droit à une interprétation vidéoludique de la fable
"La grenouille et le bœuf".
Hang-On
(1985, Sega)
Super
Hang-On
(1987, Sega)
Racing
Hero
(1989, Sega)
Riding
Hero propose d'incarner un jeune pilote de dix-huit ans
appartenant à une riche famille du Japon. Hélas, le goût de
la course provoque la colère de son père qui lui confisque
sa moto et l'oblige à emménager dans un petit appartement,
avec très peu d'argent. Il va falloir gagner de quoi vivre
en provoquant des pilotes en duel, et peut-être un jour
défier le légendaire Diamond Dave aux Huit Heures de Suzuka.
On
n'a droit qu'à une intro très sommaire qui se répète
indéfiniment, sans alterner avec une démo ou un écran des
meilleurs scores. On appréciera tout de même les images de
préparation de la course arragées façon bande dessinée.
Les
contrôles sont très simples : pour accélérer, pour freiner et pour le turbo. On dispose de 4
turbos en mode World Grand Prix tandis que leur nombre est
variable (selon la moto et selon son niveau d'évolution) en
mode Story. On notera que la moto ne se redresse pas après
avoir été inclinée. Il faut la remettre droite manuellement.
Trois modes de jeu
agrémentent ce Riding Hero : W.G.P. Mode (World Grand Prix),
Story Mode et Multi Play.
World Grand Prix
Mode
Il s'agit d'un
championnat très classique ressemblant à de nombreux jeux du
genre.
On
choisit sa moto parmi quatre puis on enchaîne les courses.
Bien entendu, il y a des "check points" à passer dans un
temps imparti. Passez le check point en retard, c'est
l'élimination ! Finissez au-delà de la troisième place,
c'est l'élimination ! Il y a dix circuits (Suzuka, Jerez, Le
Mans...) aux quatre coins du globe.
Il va falloir se battre très durement pour espérer
remporter la victoire ou même décrocher le podium, les
adversaires étant très tenaces et revenant sans arrêt dans
votre roue.
Story Mode
Le
deuxième mode proposé est bien plus élaboré. Ici on incarne
le pilote débutant et fauché décrit en début de ce test. Il
faut se déplacer sur la carte de la ville pour aller dans
différents lieux (garage, hôpital, bar, jetée, etc.). On
peut acheter une moto, la customiser, lancer des défis à
d'autres motards, etc.
Dans la plupart de ces lieux, il est possible de
discuter avec les personnages que vous rencontrerez. Ils
vous indiqueront les endroits où se déroulent les courses,
vous proposeront de courir contre eux, ou vous permettront
de restaurer votre santé ou de customiser votre bolide.
Les
courses se déroulent la plupart du temps sur route ouverte,
il faut donc éviter les véhicules qui roulent paisiblement.
Bref, les possibilités sont très étendues. Il faudra aussi
penser à aller dormir sous peine de voir sa barre de santé
se vider ! Longtemps après, après avoir bien progressé,
gagné de nombreuses courses et acheté de nouvelles motos, on
se fait embaucher en tant que pilote professionel dans une
écurie pour disputer une course d'endurance à Suzuka.
Certains lieux sont
bloqués et ne deviennent accessibles qu'au bout d'une
certaine progression dans le jeu.
Multi Play
SNK a pensé au jeu à plusieurs. Hélas, les chances de mettre
en place ce mode sont quasi-inexistantes. Il faut deux
Riding Hero, deux Neo·Geo, deux téléviseurs et un cordon de
liaison de type Jack.
Malgré
ce dernier faux pas, Riding Hero se montre bien complet et
se rapproche davantage d'un Super Hang-On sur Mega Drive que
de l'original en arcade. Et qu'en est-il de sa réalisation ?
Les graphismes
sont très simples, tout juste du niveau d'une Mega Drive
pour les bas-côtés. Quant aux décors de fond, c'est mieux.
En revanche pour le réalisme, on repassera. La tour Eiffel
au bord du circuit du Mans ou le mont Fuji à Suzuka, c'est
assez fantaisiste. En mode Story, la couleur varie selon le
moment de la journée : on peut très bien décider d'aller
faire une course le soir ou même en pleine nuit. Les motards
sont assez bien faits, sans plus.
Le jeu est
très rapide et fluide, mais vu le peu qu'il y a à animer,
c'est le moins que cette console pouvait faire ! C'est du
niveau de Super Hang-On dans sa version arcade... et donc
bien loin d'un Racing Hero et son environnement très riche.
Côté son,
c'est mauvais : bruitages irréalistes et musiques qui
semblent sorties d'une Master System. Bon, c'est un peu
exagéré, mais on est loin de ce qu'on attend d'une Neo·Geo.
La jouabilité
pourrait être bonne dans la mesure où les commandes
répondent au quart de tour, mais comme dans trop de jeux de
ce genre, les chutes sont très pénalisantes et donnent envie
de jeter la console par la fenêtre. Les adversaires font
davantage office de chicanes mobiles et agressives que de
concurrents. Leur but est de vous envoyer dans le décor,
quitte à ce que le second se voit pousser des ailes si vous
êtes en tête. Il vous rattrapera quasi immanquablement et
vous gratifiera d'une touchette des plus désagréables. Bien
entendu en cas de contact, jamais, ô grand jamais vous
n'aurez le dessus. Votre moto glissera latéralement
lamentablement de plusieurs mètres tandis que votre
adversaire ne sera nullement ébranlé. Soit vous ralentirez,
soit vous heurterez alors un élément du décor. Et là, vous
perdrez toujours plusieurs places, quelle que soit votre
avance supposée. C'est simple, la plupart du temps, ce sera
retour en dernière position. La route est par ailleurs trop
étroite, ce qui n'arrange rien à l'affaire.
Ce jeu tiendra
longtemps, du fait de sa difficulté artificiellement élevée
en mode W.G.P. (chutes qui condamnent à une défaite) et de
son mode Story très long et prenant. Le mode Multi Player
est bien trop peu pratique, dommage. Un écran partagé aurait
été bien plus simple, d'autant plus que ce jeu n'est pas
visuellement très chargé.
Riding
Hero perd son (presque inutile) mode Multi Player en
passant de la cartouche au CD. Cela dit, c'était
l'occasion d'inclure un petit mode pour deux joueurs
avec écran partagé, même si on n'est que deux sur la
piste. Non, SNK s'est borné à une bête conversion de
son titre. Mêmes musiques, mêmes adversaires
inébranlables, même mode Story, tout est y
identique.
Les
chargements se résument à un grosse attente au début
(une vingtaine de secondes), puis c'est tout ! C'est
très appréciable.
Aucune
amélioration, une petite perte, toujours les mêmes
défauts : Riding Hero sur Neo·Geo CD n'est pas un
incontournable du genre, même si la concurrence y
est presque inexistante.
Bilan
Ah, Riding Hero a des arguments
pour être un bon jeu de moto mais il traîne sa
réalisation sommaire et sa jouabilité énervantes
comme des boulets et il lui manque le petit "plus"
qu'ont d'autres jeux : Super Hang-On et Racing
Hero dans leurs versions arcade sont meilleurs,
c'est sûr ! Sans compter que la version Mega Drive
de Super Hang-On (sortie en 1989) possède un mode
carrière assez intéressant. Il reste à Riding Hero
son mode Story long et original.
Riding
Hero est intéressant pour voir une tentative de
mode carrière dans un jeu de motos. À part cela,
il n'y a pas grand chose qu'on puisse lui trouver.
Il est plutôt conseillé de se tourner vers des
jeux du type Neo DriftOut, Over Top ou Thrash
Rally si on veut du sport mécanique plus
sympathique et amusant. Autrement dit, n'importe
quel autre titre du genre sera plus indiqué pour
s'amuser.