Généralement
on distingue deux grandes familles de jeux de tir : le shoot
them up vertical et le shoot them up
horizontal, le thème futuriste étant assez souvent retenu
pour ce dernier. Le premier jeu de ce genre à rencontrer un
immense succès est R-Type d'Irem, sorti sur borne d'arcade
en 1987, puis adapté sur de très nombreux supports. Ainsi ce
style de jeu inspire divers éditeurs, chacun y allant de son
shoot them up horizontal futuriste, avec plus ou
moins de bonheur. Après Alpha Mission II et Ghost Pilots,
deux jeux verticaux, SNK propose donc Last Resort le 23 mars
1992 sur Neo·Geo MVS. La version testée ici (console AES)
sort le 24 avril suivant.
Rezon
(1991, Taito/Allumer)
Xexex
(1991, Konami)
Blaze
On
(1992, Atlus)
L'histoire
prend place en 2920. La population mondiale comporte 90
milliards d'habitants, la Terre devenant largement
insuffisante pour subvenir aux besoins de l'humanité. Qui
plus est, la planète a subi trop d'outrages pour être
réellement habitable. La solution est de se tourner vers
l'espace et de fonder plusieurs colonies.
C'est alors qu'un jour, un SOS est émis : la 3ème
colonie a été attaquée par un mystérieux virus. Ce dernier a
pris le contrôle des diverses machines dans le but de
détruire toute vie humaine.
Pour l'humanité, ces colonies sont vitales ; on y envoie
deux vaisseaux, le TZ-024 et le YS-024.
L'intro
est à la fois très courte (c'est juste un écran-titre animé
en fait) et impressionnante, une musique à vous glacer le
sang !
Les
options sont assez complètes, bien que peu nombreuses :
difficulté, nombre de crédits et un Sound Test. Il ne reste
plus qu'à se lancer dans une partie après avoir visionné les
conseils habituels de maniement. Seulement deux boutons sont
utilisés ( pour tirer et pour verrouiller/déverrouiller le
module), avec une charge possible pour le tir.
Heureusement,
il existe différents bonus à récolter qui pourront d'abord
donner un module, puis une nouvelle arme et enfin augmenter
la puissance de feu du vaisseau.
Laser :
un rayon franc et efficace qui tranperce le blindage
des machines ennemies.
Homing
missile : des séries de missiles sont envoyées
de façon horizontale.
Anti-ground
missile : des missiles sont envoyés dans
différentes directions.
Le
module qui vient se positionner autour du vaisseau est un
peu à l'image de R-Type, mais en plus complet. On peut le
placer où on veut, l'orienter comme on veut, le bloquer pour
qu'il protège une zone déterminée et même le lancer dans la
direction désirée. Tout cela est intuitif et vite acquis.
Il en existe de deux sortes : le bleu et le rouge. Quand on
lance le bleu vers une paroi, celui-ci part en diagonale et
rebondit. Le rouge, plus intéressant, glisse le long d'une
même paroi. Comment choisir entre module rouge et module
bleu ? Eh bien, les bonus changent de couleur, en passant du
rouge au bleu. Il suffit de les ramasser au moment,
c'est-à-dire celui où ils ont la couleur voulue.
module bleu
module rouge
Outre
ces bonus d'armement, on pourra récolter des bonus de
vitesse. Certains joueurs n'aiment pas trop quand le
vaisseau devient trop réactif, alors SNK a pensé à eux : il
y a également un bonus de vitesse inversée, ainsi on peut
ralentir son vaisseau si on le trouve trop nerveux.
Speed
up
Speed
down
Il
va falloir parcourir des niveaux périlleux, remplis de
machines contrôlées par le virus. Voici les deux premiers en
images :
Stage 1
Stage 2
À
la fin de ces stages, les boss sont bien là pour faire
perdre un maximum de vies : à vous de comprendre au plus
vite leur schéma d'attaque et de le contourner.
Last
Resort s'annonce comme un shoot them up à la R-Type
à la fois classique et très efficace. A-t-il une réalisation
à la hauteur des attentes qu'on peut avoir ?
Dès le premier
niveau, le ton est donné : on est sur Neo·Geo et on ne
plaisante pas ! L'inspiration vient sans nul doute du manga
Akira : mégapole avec gratte-ciel immenses, gros cratère, on
s'y croirait. Les stages suivants ne sont pas en reste avec
une réalisation de haut niveau : couleurs variées, thèmes
bien choisis, tout est bon. Les ennemis ainsi que les
vaisseaux sont bien faits.
Quelques
ralentissements et clignotements sont à signaler quand
l'écran est surchargé en ennemis et effets d'explosions, ou
quand on affronte un gros boss (surtout à 2) ; cependant le
cas n'est pas trop fréquent. Sinon tout se fait sans
saccade, la fluidité est grande. Le jeu regorge de détails,
comme par exemple les pilotes ennemis qui s'éjectent quand
leur vaisseau explose.
Les musiques
sont très importantes pour l'ambiance d'un jeu, celles de
Last Resort s'acquittent parfaitement de cette tâche. Cela,
sans compter qu'elles sont rythmées, de bonne qualité,
variées et entraînantes. Chose assez rare pour être
soulignée, chaque boss dispose de son propre thème. Quant
aux bruitages, ils se montrent réussis, comme bien souvent
sur cette console.
Le système de
jeu s'apparente un peu à celui du célèbre R-Type. Le fait
que le module peut être placé n'importe où autour du
vaisseau donne un aspect tactique et défensif des plus
agréables. Dans l'ensemble c'est très maniable, mais c'est
encore mieux quand on ramasse des bonus qui peuvent
améliorer le vaisseau (vitesse et armement).
Il n'y a malheureusement que cinq niveaux, c'est assez peu.
Certes, il faut les finir deux fois d'affilée pour voir le
vrai générique de fin, mais c'est en définitive plus barbant
que motivant. Le jeu est assez difficile car si on perd une
vie on doit recommencer au début du niveau (ou au dernier
check-point franchi). On peut jouer à deux en simultané,
c'est un très bon point.
Cette
version Neo·Geo CD est identique à sa consœur à
cartouches, si ce ne sont des crédits devenant
illimités. D'ailleurs, chose amusante, l'écran
d'options est modifié en conséquence, le paramètre
"Continue" n'étant plus réglable. Ces crédits
infinis en question ne facilitent aucunement le jeu,
étant donné le système de retour au début du niveau
(ou au dernier check-point franchi) en cas d'échec.
C'est tout de même dommage, SNK aurait pu conserver
les crédits limités tout en proposant le choix d'en
avoir illimités.
L'orchestration
des musiques est refaite et plonge le joueur dans
l'action. Ces mélodies à très nette tendance
instrumentale perdent peut-être un peu de leur
"punch" en passant de la cartouche au CD. En effet,
sur AES le côté futuriste et hi-tech était plus
prononcé.
Quant aux
chargements, ils sont ici inexistants, mis à part le
premier qui reste assez court.
Toujours
aussi bon, Last Resort fait partie des
incontournables du genre sur Neo·Geo CD. Seul
reproche à faire : les musiques, certes de très
grande qualité, qui manquent un peu de souffle.
Bilan
Last Resort est un très bon shoot
them up avec une réalisation digne de la
Neo·Geo et surtout une ambiance futuriste
absolument réussie à tout point de vue. Dommage
qu'il n'y ait que cinq niveaux avec deux loops à
réaliser. Il aurait été appréciable d'avoir un ou
deux niveaux de plus sans avoir à faire le jeu
deux fois.
Peu
de mois après Visco sortira son Andro Dunos. Ce
dernier ne rivalise pas avec Last Resort, malgré
de bonnes idées. Le jeu de SNK a quand même un peu
vieilli. Dans le genre shoot them up
horizontal, Pulstar et Blazing Star sont encore
meilleurs, même si, bien sûr, Last Resort est loin de
démériter et garde beaocup de charme. Sur Neo·Geo
CD il y a le non moins excellent Ironclad,
désormais accessible également en bootleg sur MVS
et AES. Toujours un très bon choix que ce Last
Resort cependant, un choix à conseiller.