Tremblez,
pauvre humains ! Face à eux, vous n'êtes que
d'insignifiantes fourmis, ils ont à peine conscience de
votre négligeable existence. Les monstres sont de retour !
Sorti en 1991, le premier épisode s'était montré convaincant
pour son époque, sans toutefois s'affirmer en tant que hit
incontournable. SNK remet donc le couvert avec sa désormais
série de jeux de monstres le 25 mai 1992 pour les salles de
jeux et le 19 juin suivant pour les particuliers. Les titres
du genre sont toujours aussi rares et, hormis le très
discutable Ultraman de Bandai, pas grand chose à se mettre
sous la dent. Heureusement, SNK et son King of the Monsters
2 sont là pour étancher cette soif de destruction à grande
échelle qui nous habite.
Ultraman
(1991, Banpresto/Bandai)
Trois années se sont écoulées depuis le premier
King of the Monsters. Seuls trois monstres ont survécu :
Geon, Astro Guy et Woo. Plus rien sur Terre ne peut
désormais arrêter ces géants. C'est alors qu'une invasion
alien débute. Les seuls à pouvoir sauver la planète sont les
monstres terriens. Pour survivre, pour défendre leur
territoire et pour devenir les vrais... Rois des Monstres !
Le
scénario ainsi que nos trois experts en démolition sont
d'ailleurs brièvement présentés par la petite intro, cette
dernière n'étant pas particulièrement spectaculaire.
SNK a corrigé un des grands oublis du
premier opus, le réglage de la difficulté. Le reste
est similaire à King of the Monsters avec les modes
proposés (jeu seul ou à deux contre la machine et jeu
en duel) et le choix des personnages, réduit de 6 à 3.
L'histoire précise, il est vrai, que
seuls trois monstres sont restés en vie. Les
développeurs auraient tout de même pu inclure les
trois absents (Poison Ghost, Rocky et Beetle Mania)
plutôt que d'ajuster le scénario à ce manque. Il nous
reste donc trois monstres, lesquels ont évolué en
puissance et en taille. Super Geon est le plus
puissant mais reste lent, Atomic Guy est rapide mais
pas très fort et Cyber Woo se montre le plus
équilibré.
Super Geon
Atomic Guy
Cyber Woo
La
séquence How to Play est insérée dans les écrans de
choix de mode et de personnage, comme dans King of the
Monsters. Toujours 3 boutons au programme, mais leur
utilisation a un peu changé.
: poing
: pied
: saut
Curieusement, il est désormais impossible de courir,
même en appuyant deux fois sur ou .
On
se souvient du statut hybride du premier King of the
Monsters. Même s'il s'agissait d'un jeu de monstres avec
ses destructions jouissives à souhait, c'était également
un jeu de catch proposant d'assez nombreuses prises.
King of the Monsters 2 n'emprunte pas les mêmes sentiers
et se rapproche davantage d'un beat them up,
avec ses ennemis alien à dégommer avant d'arriver à un
bon gros boss, bien coriace. Donc à part deux prises au
corps à corps (une avec et l'autre avec ), plus grand chose ne reste de
l'esprit du premier épisode.
(corps à corps)
(maintenu)
puis
En
contrepartie, la possibilité de ramasser des items,
héritée des beat them up, est bien présente. À
noter que la capacité de la barre de santé augmente avec
la puissance. Au niveau de base, on a 6 points, au
niveau 2, ce seront 7 points et au niveau maximal, 8
points constitueront l'énergie vitale du monstre.
Life-S :
Redonne 1 point de vie.
Life-M :
Redonne 3 points de vie.
Life-L :
Remplit complètement la barre de vie.
Score item 100
Score item 500
Score item 1000
Power up :
Augmente la puissance d'un niveau.
Roulette :
Item aléatoire.
1 up :
G-Mantle donne une vie supplémentaire.
Si
ces 9 items sont des bonus (quoique, ce n'est pas
évident pour l'item "Roulette"), il y a également des
malus, heureusement moins nombreux.
Power down :
Fait revenir au niveau de puissance de base.
Bomb :
Explose et fait perdre de la santé si on la
touche.
Il
est toujours possible de se saisir des véhicules, mais
également des immeubles, s'ils sont assez grands. On
peut ensuite classiquement les envoyer. La plupart du
temps, ils libèrent un item.
Le
jeu seul ou à deux contre la machine se déroule comme
un classique beat them up. On parcourt divers
lieux avec un scrolling généralement horizontal tout
en réduisant en poussière des ennemis mineurs avant
d'arriver à un boss déchaîné.
Si on joue pour un duel, cela se rapprochera davantage
d'un jeu de combat.
Cette fois, le jeu ne se cantonne pas au Japon, c'est
le monde entier qui est parcouru. Voici les trois
premiers endroits où se déverseront sans retenue force
et brutalité.
American City
French City
Grand Canyon
Petite
nouveauté, des Bonus Stages font leur apparition. Le
premier consiste en un mitraillage du bouton et le second vise à anéantir
le plus d'ennemis possible.
King
of the Monsters avait une réalisation honnête, quoique
parfois un peu terne. Ce second épisode rectifie-t-il le
tir ?...
Franchement
coloré, King of the Monsters 2 dispose de graphismes
plus flatteurs que son prédécesseur. Les monstres sont
grands et détaillés, à défaut d'avoir une allure moins
ringarde. Les ennemis sont assez variés et ont un look
tout droit sorti d'un film d'horreur des années 50.
Quant aux décors, on reconnaît sans problème l'Empire
State Building ou la Tour Eiffel. Les progrès accomplis
entre les deux épisodes sont indéniables.
King of the Monsters, c'est avant tout de la
destruction, du saccage. Et ce, autant en ce qui
concerne les bâtiments que les véhicules. Ici, le
contrat n'est que partiellement rempli. Certes, on
peut se saisir d'immeubles et les envoyer sur qui on
veut. Mais la nouveauté s'arrête là. On dirait que les
civils ont disparu de la planète. Il ne reste que
quelques militaires stupides (nous y reviendrons) sans
grand intérêt. Combat de monstres, oui. Combat de
monstres sur Terre, pas tant que ça, en fait.
Les mouvements sont par ailleurs mieux faits que dans
le premier opus et les ralentissements sont fort
rares.
King
of the Monsters 2 se montre bien plus conventionnel à ce
chapitre. Oh, ça claque, ça pète, ça hurle. On est sur
Neo·Geo et cela s'entend. Il manque tout de même, par
exemple, la dimension de catastrophe humaine totale que
donnaient les militaires évacuant les foules à coup de
mégaphone.
Les musiques sont désormais associées à chaque niveau
et, sans autant surprendre que celles du premier
épisode, assurent fort correctement leur rôle.
Quittant
les terres du catch pour explorer celles du beat
them up, King of the Monsters 2 s'aquitte
moyennement de sa tâche. Les coups ne sont pas très
nombreux et l'ensemble reste bien raide. Il y a bien des
"armes" à ramasser ainsi qu'un nombre correct d'items.
Mais pas de quoi inquiéter un Final Fight ou un Captain
Commando. Cela, sans compter les priorités carrément
mystiques contre les boss, rendant le jeu très énervant.
La Neo·Geo n'est pas la reine du beat them up et
ce n'est pas King of the Monsters 2 qui va infirmer la
règle.
Malgré
l'arrivée d'un réglage du niveau de difficulté, King of
the Monsters 2 se montre atrocement ardu (le boss de
fin, carrément énorme, est une vraie horreur dans tous
les sens du terme). Nos trois monstres terriens sont en
définitive assez faibles et gringalets face à ces géants
de l'espace. Chose qui n'arrange rien, les militaires
sont particulièrement idiots. Ils ne visent que les
trois héros, aidant ainsi l'invasion alien. Le dernier
niveau est un classique récapitulatif des différents
boss. Finir le jeu demandera donc beaucoup, beaucoup de
pratique et de patience (ainsi que des sauvegardes
régulières).
À deux en duel, même si c'est équilibré, on perd le
charme de l'aspect catch du premier épisode. Là, cela se
résume à une bête confrontation avec les moyens du bord.
Les beat them up disposant d'un mode duel ne
sont que très rarement convaincants là-dessus. Alors
imaginez s'il s'agit d'un titre à la jouabilité pas très
étendue... Cela, sans compter qu'il n'y a plus que trois
personnages au lieu de six.
Nous
retrouvons ici une vision extrêmement fidèle du
King of the Monsters 2 original. Tout y est
identique, même les musiques. Il n'y a guère que
l'écran-titre et les crédits infinis qui
changent un tout petit peu la donne, le jeu
devenant un peu moins ardu à terminer.
Quant
aux temps de chargements, avec 74 Mbits, il n'y
a aucun souci à signaler.
Cette
version Neo·Geo CD se montre quasi identique à
son homologue cartouche, à ceci près qu'ici, le
jeu sera un peu moins difficile grâce aux
crédits infinis.
Bilan
King of The Monsters
2 surpasse son aîné sur le plan technique et
au fond, c'est la moindre des choses. Plus
coloré, plus attrayant, il pourra davantage
séduire. Hélas, les graphismes ne font pas
tout et en devenant un beat them up,
le jeu a perdu une bonne partie de son
originalité. L'aspect "destruction massive"
est également moins poussé, ce qui est dommage
pour un jeu de monstres. Ajoutons à cela une
difficulté bien trop élevée contre le CPU.
Enfin le jeu à deux perd de son intérêt (très
difficile contre la machine et limité en
duel), par rapport au premier opus.
SNK a fait le pari un peu risqué de choisir
une nouvelle voie pour cette suite et au
final, même si cette dernière est
techniquement un cran au-dessus du premier
épisode, elle n'est pas nécessairement plus
convaincante sur le long terme.
King of the Monsters 2 est le
seul opus sorti sur Neo·Geo CD. Là au
moins, pas d'hésitation possible si on veut un
épisode de cette série. En cartouche, il sera
plus attrayant avec ses couleurs chatoyantes
et son visuel détaillé. Il ne faudra pourtant
pas se laisser leurrer. À deux, le premier
épisode, axé sur le catch et disposant de
trois personnages supplémentaires, fera
l'affaire pour qui ne s'arrête pas à une
réalisation de 1991.
Pour en revenir à King of the Monsters 2,
attention, il reste assez raide à prendre en
main et fait preuve d'une difficulté
franchement trop relevée qui fera perdre
patience à plus d'un.