SNK
lance le 26 avril 1990 un système d'arcade du nom de Neo·Geo
MVS et en décline une version console de salon. Ce sont des
débuts assez hétéroclites pour de l'arcade avec de la
plate-forme, du jeu d'action, du sport mécanique, du beat
them up, du baseball, du mahjong ou encore du run
and gun.
Le titre qui nous occupe aujourd'hui est très typé
plate-formes, un genre davantage représenté sur consoles que
dans le monde de l'arcade. On peut cependant citer Mega
Twins de Capcom ou
encore Liquid Kids de
Taito.
Le 14 mars 1991 arrive Blue's Journey sur MVS, on pourra
noter au passage qu'il porte le nom de Raguy au Japon. Ce
jeu de plates-formes signé Alpha Denshi sort ensuite le 1er
juillet 1991 sur Neo·Geo.
Mega Twins (1990, Capcom)
Liquid Kids
(1990, Taito)
Le
scénario prend des accents écologiques inhabituels dans les
jeux vidéo, a fortiori dans les jeux d'arcade.
La planète Raguy est si paisible avec ses fleurs, ses
oiseaux, ses rivières... C'est alors que l'empereur Daruma
décide d'envahir ce havre de paix et de nature pour tout
moderniser et tout mécaniser, quitte à polluer. Ce dernier,
aussi sage que sympathique, a détruit sa planète d'origine à
force de pollution. Il a donc jeté son dévolu sur la
charmante planète Raguy.
Heureusement,
Blue, amoureux de la princesse Fa, va réagir et tout faire
pour arrêter l'infâme Daruma. Sauver une planète et séduire
une princesse au passage, voilà de quoi motiver.
Blue's
Journey ne propose pas d'options, ni de choix du niveau de
difficulté ou du personnage.
Cela reste très arcade : on a droit à quelques explications
succintes quant au maniement du personnage puis on démarre
la partie.
Le
bouton sert à frapper, le plus souvent avec une
grosse feuille d'arbre. Cela renverse et étourdit l'ennemi
pour quelques instants. Il y a également un boomerang et une
bombe, ces deux dernières armes n'étourdissant pas les
ennemis.
Lorsque
cela arrive on peut alors s'approcher d'un ennemi pour le
saisir (action automatique) puis l'envoyer tel un projectile
à droite, à gauche ou en haut. On notera qu'on peut
"embarquer" plusieurs ennemis simultanément, jusqu'à trois.
Quant
au bouton , on l'utilise pour sauter. Si on saute sur un
ennemi on le retient et si on ressaute, il glisse rapidement
sur le sol, balayant tout ce qu'il rencontre. La hauteur de
saut peut être dosée et, chose plus rare, on peut ralentir
sa chute en maintenant enfoncé. Cela peut éviter la
catastrophe en cas de saut mal ajusté.
est le dernier des boutons utilisés. Il permet de réduire la
taille de son personnage. Il est alors possible de se
faufiler dans des conduits étroits et cela présente le
double avantage de pouvoir courir plus vite et sauter plus
haut. Revers de la médaille, on ne peut pas attaquer les
ennemis.
Notre
héros pourra récolter divers bonus : points, augmentation de
la force de frappe, santé, vies supplémentaires, vitesse
améliorée, accès à des magasins, tout est prévu. En voici
quelques-uns, mais il y en a d'autres à ramasser.
Trèfle
: c'est un ticket permettant d'accéder aux magasins.
Cocon
: celui d'or donne une vie, ceux d'argent également
s'il y en a 5 en stock.
Clef :
accès à la salle des bonus.
Miel :
récupération de santé.
Feuille
: augmentation de la puissance de frappe.
Ressort
: augmente la rapidité.
Enfin
Blue pourra se faire épauler de son double magique, Shadow
Blue. Eh oui, c'est magique que le héros ait un double doté
des mêmes capacités que lui. Bon, c'est surtout un prétexte
pour avoir un jeu à deux avec des personnages identiques, à
part leur couleur.
Histoire
de donner envie d'y revenir, Blue's Journey a la
particularité de proposer deux choix une fois qu'on a fini
un niveau.
Même
s'il y a 6 stages en tout, il faut par conséquent n'en
terminer que 4 pour voir la fin du jeu. Voici au travers de
quelques images les trois premiers niveaux.
Au
cours de ces niveaux on peut pénétrer dans les maisons.
C'est l'occasion pour l'occupant de vous proposer des
marchandises (à payer avec les fleurs récoltées au cours du
jeu), des énigmes ou même des duels. Attention, le temps y
est très limité et il faut lire rapidement les textes sans
s'attarder sur les images.
On
vous proposera même de sauter directement plusieurs niveaux
pour arriver plus vite à la fin du jeu. À vous de voir si
vous jouez pour jouer ou pour finir.
Comme
cela a été évoqué, le trèfle est un ticket pour entrer dans
les magasins où on achete des accessoires permettant de
sauvegarder ses acquis en cas de mort, d'augmenter ses
capacités et d'autres choses plus ou moins utiles.
Blue peut également
ramasser un bonus d'invincibilité :
Toujours
au chapitre des bonus, une fois qu'on a vaincu un boss, on
délivre les prisonniers qu'il avait faits. Ces derniers
proposent alors une récompense aléatoire.
Blue's
Journey demeurant un jeu d'arcade à la base, on remarquera
un compteur de temps en haut de l'écran. Si on a trop
tendance à flâner, un robot du nom de Mecha Mantis (un boss
qu'on affronte vers la fin du jeu) vient "motiver" en
envoyant des faucons assez agressifs.
Blue's
Journey possède la particularité de proposer
plusieurs fin différentes. Selon qu'on termine le
jeu avec un score élevé ou non, si on a subi la
malédiction du sorcier Nero, ou encore si on a
affronté Ret, le rival de Blue. Dans ce dernier cas,
la fin dépendra de l'issue du combat. On arrive à un joli total de 6 fins
possibles offertes par le jeu.
Concernant
la malédiction de Nero, ce dernier est un sorcier
qui envoie des sortilèges qui ont pour effet de
geler notre pauvre Blue. Si ce dernier est touché,
il est gelé et subit la malédiction de Nero, la
mention cursed apparaissant en bas de
l'écran.
Autre
curiosité à signaler, c'est la présence de G-Mantle
dans le jeu. On pourra le croiser au détour d'une
salle secrète dans le niveau Daruma's Empire. Si on
l'a déjà eu l'occasion de l'apercevoir dans d'autres
jeux, on le reverra aussi par la suite...
Si
on y prête attention on peut remarquer que
G-Mantle tient sous son bras droit un moniteur,
exactement comme dans une publicité. Dans cette
dernière le moniteur en question affiche un jeu,
Magicial Lord. Ce titre est signé... Alpha Denshi,
tout est lié !
Comme on peut le constater, Alpha Denshi nous
propose un titre qui utilise les codes du jeu sur console,
même si bien évidemment rappelons qu'il existe avant tout au
format MVS.
On se retrouve
avec des graphismes très mignons et enfantins. C'est coloré,
saturé avec beaucoup de dégradés, le style est en définitive
assez peu commun sur Neo·Geo. Ce côté peu mature pourra en
rebuter certains, mais il faut bien avouer qu'un tel visuel
est cohérent avec la façon dont nous est présentée la
planète Raguy.
Scrollings
différentiels réussis, quelques zooms bien placés, sans
compter les mimiques très amusantes des ennemis quand on les
bat : peu de fioritures pour Blue's Journey à ce chapitre,
mais là encore, cela reste solide.
Concernant le
son ce n'est pas grandiose ni inoubliable, la musique se
contentant d'être dans le même ton que les graphismes. C'est
mignon, c'est sympa, la qualité est là, mais rien de
réellement marquant pour être honnête.
Quant aux bruitages, ces derniers font preuve d'une bonne
réalisation tout en étant assez quelconques et génériques.
Si le
personnage répond bien, certains passages de plates-formes
s'avèrent assez délicats, mais rien de comparable à Magician
Lord du même développeur. L'achat d'accessoires dans les
diverses boutiques qui émaillent la progression est
recommandé : ce sera l'occasion d'augmenter certaines
capacités ou d'en acquérir de nouvelles. Le fait de pouvoir
rapetisser est une bonne idée qui rompt la monotonie,
malheureusement elle n'est au final qu'assez peu exploitée.
Même si une
partie fait parcourir 4 niveaux avec plus ou moins de
tableaux pour chacun, il y en a un total de six, les
embranchements donnant envie d'y revenir pour voir le reste
du jeu. Cependant attention, malgré son habillage coloré et
attrayant, Blue's Journey reste avant tout un jeu d'arcade à
la difficulté parfois mal dosée. Certains passages feront
perdre au joueur un nombre conséquent de crédits (certes
infinis dans cette version Neo·Geo) car trop délicats ou
saturés en ennemis. Ce n'est pas vraiment un jeu destiné aux
enfants de toute évidence.
Très
peu gourmand en mémoire pour un titre Neo·Geo avec
ses 50 Mbits, Blue's Journey se charge en une seule
fois pour cette version CD. Première différence,
l'écran-titre qui porte désormais le logo d'ADK et
non plus d'Alpha Denshi, la compagnie ayant
(légèrement) changé de nom entre-temps.
Autre
nouveauté, on remarquera que la bande-son est
légèrement remixée, mais sans orchestration
instrumentale. Cela reste synthétique, très
similaire à ce qu'on entend dans la version
cartouche, mais un peu plus clair qu'avant.
Signalons
également l'apparition d'un menu permettant
d'ajuster le niveau de difficulté. Si on règle le
jeu au niveau le plus facile, on démarre alors la
partie avec trois cœurs de santé au lieu de deux.
Concernant
le maniement la manette de la Neo·Geo CD s'accorde
plutôt bien avec le genre et permettra de progresser
dans le jeu de la même manière que sur
Neo·Geo.
Blue's
Journey sur Neo·Geo CD est la copie quasi conforme
de la version cartouche : toujours aussi mignon et
sympathique, un peu plus mélodieux, il constitue une
bonne version à la hauteur du modèle.
Bilan
Blue's Journey est un jeu mêlant
plate-forme et action avec plus ou moins de brio.
Un peu plus précis que son grand frère Magician
Lord, il ne dispose pas de la même aura et manque
de finition au niveau de certains passages. Le
plaisir procuré s'en ressent et au final on n'a
pas droit à une expérience particulièrement
mémorable. Le jeu reste très correct, sa
réalisation fait plaisir même si elle pourra
décevoir certaines attentes.
La variété qu'il apporte à la ludothèque de la
Neo·Geo ainsi que ses idées et mécaniques restent
à saluer. Ce jeu n'est certes pas un titre majeur
de la Neo·Geo, mais il mérite de trouver son
public.
Blue's
Journey accuse le poids des années mais il reste
visuellement propre et attrayant. C'est un jeu
qu'on finira à l'achat mais par la suite on ne le
ressortira que rarement pour une partie emplie de
nostalgie.
Il reste intéressant en tant que jeu de
plates-formes classique mais pour ce qui est de
l'action, il a été largement dépassé. En effet des
titres tels que Spin Master, Top Hunter, ou même
Metal Slug emprunteront une voie encore plus axée
dans cette direction et le supplanteront aisément.
Cela reste un jeu sympathique qui apporte de la
fraîcheur à une ludothèque Neo·Geo débordant de
sueur, de muscles et de testostérone.