L'histoire de la Neo·Geo

Nous sommes à la fin des années 1980, à Ôsaka, au Japon. La société de jeux d'arcade (et de consoles dans un moindre mesure) du nom de SNK est parvenue à se faire un nom, notamment avec Vanguard, Ikari Warriors et Prisoners of War. SNK a une rivale, Capcom, et a un peu de mal à prendre l'ascendant sur cette dernière. Ikari Warriors a été une réponse percutante à Commando tandis que Street Smart n'a pas réussi à éclipser Street Fighter. Désormais Capcom remporte un franc succès dans les salles de jeux avec son Capcom Play System, lancé en juillet 1988. SNK doit réagir, et vite.

L'immeuble de SNK, à Ôsaka

La compagnie décide alors de lancer un nouveau système de jeu dont le nom deviendra synonyme de plus grand succès pour SNK : Neo·Geo MVS (pour Multi Video System). SNK présente ce système au public le 31 janvier 1990.

Une des publicités pour le lancement du système Neo·Geo, ici dans sa version arcade

Ce système est commercialisé le 26 avril 1990 et s'installe dans les salles d'arcade, autant au Japon qu'aux États-Unis ou en Europe. Il permet, selon sa version, de mettre un, deux, quatre ou six titres dans une même carte-mère. En effet, les jeux sont sous forme de grosses cartouches et non de PCB. Ce principe, en plus de rappeler les consoles de jeux, fait également penser au DECO Cassette System de Data East. L'intérêt pour un professionnel du jeu d'arcade est de ne changer que les cartouches et de garder la carte-mère, entre chaque sortie.

Le modèle de slot MVS sur la photo de droite peut accueillir jusqu'à 4 jeux simultanément.

SNK commercialise également le même jour une version console : Neo·Geo Home System ou Neo·Geo AES (pour Advanced Entertainment System). Elle est destiné à être vendue pour un prix élevé (58000¥) à des professionnels qui la loueront. Les jeux AES sortent en même temps que leurs homologues MVS. Cependant ce prix prohibitif n'arrête aucunement certains joueurs qui se la procurent pour la posséder et y jouer chez eux.

La Neo·Geo Home System, ou AES

Aussi SNK décide de commercialiser le 1er juillet 1991 une Neo·Geo Home System moins onéreuse (48800¥) disponible pour les particuliers, mais avec des titres qui sortent désormais en décalage par rapport au MVS. Le rêve devient (presque) accessible, les jeux gardant toutefois des prix très élevés (entre 1490 et 1690 FF chez nous, soit entre 227 et 258 €).

Publicité japonaise vantant la baisse de prix de la Neo·Geo AES ainsi que de certains jeux
Cette publicité présente la Neo·Geo Home System ainsi que les six premiers jeux disponibles aux États-Unis.

De 1991 à 1993, c'est l'époque des jeux et séries qui font rêver, comme Fatal Fury, Art of Fighting, Last Resort, View Point, Samurai Shodown ou encore Super Sidekicks. Cette console surpasse très largement les Mega Drive et Super Famicom qui lui sont contemporaines, si bien que la Neo·Geo se fait une réputation de console de grand luxe. Cette notoriété est d'ailleurs soutenue par des publicités plus ou moins agressives selon les continents.

Au Japon
Aux États-Unis
En France

Cet état de grâce dure jusqu'en 1994. SNK reste avant tout un développeur de jeux d'arcade et les ventes sur console Neo·Geo ne sont qu'accessoires. Cette année marque par ailleurs l'arrivée de la nouvelle génération de consoles avec la Saturn de Sega et la PlayStation de Sony.
SNK tente alors de jouer sur deux tableaux : conquérir un plus large public et faire durer la Neo·Geo dans le monde des consoles avec la sortie d'un nouveau modèle. Le constructeur profite du salon Tôkyô Omocha Show qui se tient du 2 au 5 juin 1994 pour annoncer dès le premier jour la sortie de la Neo·Geo CD. Performances similaires aux versions MVS et Home System, aucun port cartouche, nombre de jeux plus anciens prévus sur ce support : SNK semble vouloir à ce moment-là miser gros sur le CD et tourner plus ou moins la page de la cartouche.
La Neo·Geo CD sort au Japon le 9 septembre 1994 au prix de 49000¥.

Conférence du 2 juin 1994, où est présentée la Neo·Geo CD
La Neo·Geo CD est dans un premier temps réservée au Japon.

SNK ne s'arrête pas là et tente de donner les moyens à la Neo·Geo CD de conquérir le plus large public possible. Il est donc décidé de lui offrir une deuxième mouture, moins luxueuse (le chargement des jeux se fait par un simple capot) et mieux distribuée. C'est donc ce modèle qui est exporté à partir du 2 novembre 1994.
Lutter face aux Sega Saturn et Sony PlayStation n'est pas une mince affaire : elles sont plus puissantes (dans l'absolu, car pas forcément plus convaincantes dans le domaine de la 2D) et plus rapides pour charger les jeux ! C'est là le très gros point faible des deux modèles de Neo·Geo CD sortis : les temps de chargement. SNK lance donc le 29 décembre 1995 la Neo·Geo CDZ, plus rapide. Ce modèle est malheureusement réservé à l'archipel nippon et pour l'avoir chez nous, il faut passer par l'importation parallèle.
Ce dernier modèle sort trop tard, il n'est pas vraiment destiné au grand public d'un point de vue mondial, on ne peut que prévoir un échec commercial.

Publicité pour la Neo·Geo CD "Top Loading" et Samurai Shodown II
(France)
Publicité pour la Neo·Geo CDZ
(Japon)

Très logiquement, le succès n'est pas là et SNK se rabat sur le marché d'arcade, la série The King of Fighters devenant une référence du jeu de combat. La cartouche, qu'on a cru un temps remplacée par le CD, perdure et continue de ravir les fidèles (fortunés) de la marque.

Les jeux sortent avant tout pour l'arcade et sont généralement adaptés (sans perte) sur Neo·Geo AES et éventuellement sur Neo·Geo CD. Le système Neo·Geo MVS cohabite en 1997 et 1998 avec l'Hyper NeoGeo 64 et lui survit, suite à l'échec cuisant de ce dernier.

La Neo·Geo CD est abandonnée en 2000 quand la compagnie SNK est rachetée par Aruze. SNK finit par être en faillite et fermer ses portes en 2001... mais le système Neo·Geo (MVS et AES) continue son chemin, grâce au sauvetage par Playmore. Il est exploité jusqu'au 7 juillet 2004, date de sortie du dernier jeu : Samurai Shodown V Special, faisant suite à environ 150 titres. Dépassé depuis un moment par Capcom et son CPS-III surpuissant, occulté par Sega et son Naomi très performant autant en 2D qu'en 3D, le système Neo·Geo se voit mis à la retraite. SNK Playmore décide de passer à l'Atomiswave, système justement proche du Naomi.

Une durée de vie exceptionnelle pour un système qui ne l'est pas moins, voilà qui laisserait rêveuse plus d'une société de jeux d'arcade. SNK fut le principal éditeur sur ce système, bien épaulé par ADK, Visco, Data East, Saurus ou encore Taito.

Certains continuent de développer sur Neo·Geo mais cela n'est pas reconnu par SNK Playmore. La date officielle d'arrêt de la Neo·Geo reste donc bien le 7 juillet 2004. On signalera cependant l'équipe allemande NG:Dev.Team qui réalise le très moyen Last Hope le 10 juillet 2006 sur Neo·Geo AES et le 19 novembre 2007 sur Neo·Geo CD, avec une version améliorée. Ce n'est qu'un coup d'essai, le shoot them vertical Fast Striker sorti le 30 juin 2010 étant bien plus étonnant. D'autres homebrews sortent, comme Treasure of the Caribbean ou Time's Up! permettant à certains de profiter de la nostalgie en rapport avec la Neo·Geo, et d'autres de partager leur passion.

Last Hope
Fast Striker

Enfin signalons une sorte de résurrection de la Neo·Geo sous forme de console portable à l'allure très proche d'un iPhone 4. Elle est fournie avec une réplique de la manette officielle et peut se brancher à un téléviseur grâce à une station d'accueil qui imite le design de la Neo·Geo. Avec ses 20 jeux embarqués (ainsi que Ninja Master's, sous forme de carte SD, dans sa version Gold), la NeoGeo X peine à convaincre les fans de Neo·Geo mais semble se vendre plutôt bien. Certains l'achètent pour y jouer, d'autres uniquement pour spéculer en espérant une rupture rapide des stock.

La NeoGeo X Gold

Page précédente Page suivante

   




 

SITES FILS