À
l'aube des années 90 il y a deux principales familles dans
le jeu de combat. Le moins répandu est le fighting game,
ce genre se résumant quasiment à Street Fighter et Street
Smart. Le second, bien plus courant dans les salles de jeux
et les cafés est le beat them up, dont on considère
généralement que les précurseurs principaux sont Kung Fu
Master d'Irem (1984), Renegade de Taito (1986) et Double
Dragon de Technôs (1987). D'autres éditeurs y sont allés de
leurs poulains, notamment Alpha Denshi avec son Gang Wars à
l'ambiance urbaine et Sega avec son Golden Axe, plus orienté
Heroic Fantasy. Capcom n'a pas été en reste en dépoussiérant
fortement le genre avec son Final Fight, un jeu de castagne
se déroulant en ville.
En 1990 il faut désormais compter avec la Neo·Geo et Alpha
Denshi lui offre son premier beat them up, Ninja
Combat.
Gang
Wars
(1989, Alpha Denshi)
Golden
Axe
(1989, Sega)
Final
Fight
(1989, Capcom)
L'heure est grave. Des ninjas diaboliques sortent de la
forteresse Ninja, et il y en a beaucoup. Heureusement, deux
ninjas (des gentils, ceux-là), sortent des ténèbres pour
aller dans la lumière et comptent bien botter les fesses des
ninjas diaboliques. C'est une histoire de ninjas, c'est un
combat de ninjas, c'est Ninja Combat !
Parfois, on se dit que les jeux sans aucun scénario, ce
n'est pas plus mal.
On
pourrait dire que la petite intro est aussi évoluée que
l'histoire du jeu. En d'autres termes, c'est basique avec
ses textes sur bandes noires et ses images en miroir.
Une
fois le bouton enfoncé, on est catapulté dans la
séquence d'explication des commandes, pas d'options ni même
une petite sélection du niveau de difficulté à se mettre
sous la dent. Les plus observateurs remarqueront que le
panel de boutons, en bas à droite de l'image, est
strictement le même que pour la séquence équivalente de
Blue's Journey, jeu du même développeur.
Pour
en revenir aux commandes, sert à lancer des shurikens ou à
frapper avec une arme. Si on le garde appuyé, on lance un
super-pouvoir qui consomme un point d'énergie vitale sur
quatre (à utiliser avec parcimonie).
sert à sauter ou bien à poser son arme au sol si on en a
une. Bien pratique, bien que le saut soit perdu dans cette
situation.
Enfin permet d'effectuer une acrobatie.
Bien entendu, la plupart de ces commandes peuvent être
associées, ce qui fait pas mal de combinaisons réalisables
au final.
Autre
originalité de Ninja Combat, en plus des boss de fin de
niveau, des semi-boss vous affronteront. Une fois vaincus,
ils vous proposeront de se joindre à votre quête. Cela fait
par conséquent trois personnages de plus. Ces derniers,
équipés d'office d'une arme, ne peuvent malheureusement pas
en ramasser de nouvelle.
Joe et Hayabusa ont
exactement les mêmes caractéristiques et histoire, chacun
étant en fait alloué à une manette.
Joe :
Il excelle dans l'art du lancer du shuriken et peut
utiliser les armes de ses ennemis.
Hayabusa :
Il excelle dans l'art du lancer du shuriken et peut
utiliser les armes de ses ennemis (oui, pareil que
Joe).
Kagerow :
C'est la mystérieuse femme-ninja appelée Kunoichi.
Elle utilise une épée qui provoque des tornades.
Musashi :
Appartenant à la famille Shinobi, Musashi a eu son
esprit obscurci par Genyosai.
Gembu :
Il a décidé de rejoindre les héros quand il s'est
rendu compte que Genyosai se servait de lui.
Il
faudra parcourir divers niveaux pour atteindre la Tour du
Ninja entrevue lors de l'intro du jeu. Ces quelques images
pourront donner un aperçu des trois premiers, se terminant
logiquement par un boss à vaincre.
Stage
1 - Ninja Park
Stage
2 - Revenger of Kunoichi
Stage
3 - Ninja Subway
Au
fil de ces niveaux on peut ramasser divers bonus ; c'est
l'occasion d'augmenter sa vitesse, ses points de vie, son
score ou encore sa force de frappe. Par ailleurs, des armes
sont à prendre, comme évoqué précédemment. Cela va de la
hâche au sabre, en passant par le nunchaku. Il y en aura
pour tous les goûts, une telle variété étant fort
appréciable.
Ninja Combat est
donc le premier beat them up de la Neo·Geo. Côté
technique, est-il à la hauteur ?
Reprenant le style de Gang Wars, dans l'ensemble c'est bien coloré, mais à
y regarder de près on remarque par exemple que les fonds
sont répétitifs. Les personnages ont un design assez
bizarre, un peu ridicule et en définitive peu inspiré. Le
thème des ninjas aurait dû autoriser un résultat plus
concluant avec plus de classe, comme les Shinobi de Sega.
On est sur
Neo·Geo et Alpha Denshi tient à ce que cela se sache : des
effets de zooms et autres déformations viennent agrémenter
certains moments du jeu pour le plus grand plaisir du joueur
habitué des NES et Mega Drive. Les ralentissements et
clignotements se révèlent des plus rares et quant à la
qualité d'animation des personnages, elle est assez
simpliste. Mention spéciale tout de même au boss de fin,
carrément énorme.
Ninja Combat
s'en sort bien mieux à ce chapitre. Oh, pas de quoi sauter
au plafond ni s'accrocher aux rideaux, mais les thèmes
musicaux accompagnent correctement l'action, sans compter la
présence de voix digitalisées assez variées. Concernant les
bruitages, c'est de bonne qualité mais la sonnerie au "Go",
incitant à avancer, est franchement trop stridente.
Ninja Combat se rattrape à ce chapitre, et ce de fort belle
manière. Sur les quatre boutons de la manette, trois sont
utilisés. Si vous vous rappelez, le bouton permet soit de sauter, soit de
changer d'arme. Enfin, cela est valable pour Joe et
Hayabusa, les autres ayant leur propre arme, ce qui est
dommage. L'utilisation du bouton aurait permis de sauter tout en
frappant avec son arme, cela aurait étendu encore plus les
possibilités. Rassurez-vous, la palette de mouvements est
très confortable et les bonus de puissance et de vitesse
permettent de faire progresser le personnage. Ajoutons à
cela la possibilité de prendre les semi-boss du jeu et on
obtient une jouabilité largement plus variée que ce à quoi
on aurait pu s'attendre.
Par contre, niveau enchaînements et prises au corps à corps
(ce que propose Final Fight), il faudra repasser.
L'idée des
combattants-bonus est bonne, cela permet de varier les
plaisirs à chaque début de stage. Le jeu en lui-même est
assez difficile, surtout si on n'abuse pas des crédits
infinis. Il se révèle aussi assez répétitif, un travers
commun à tous les jeux du genre, et un peu trop court avec
sa petite demi-heure pour le terminer. Heureusement, Alpha a
bien évidemment prévu la possibilité de jouer à deux,
histoire de varier les plaisirs.
Cette
version CD de Ninja Combat est extrêmement proche de
son aînée : mêmes musiques, mêmes niveaux, etc. La
différence la plus notable est le temps de
chargement, unique au début du jeu. Comme en
cartouche, les crédits sont bien sûr illimités.
Absolument
identique en tout point à son modèle cartouche (sauf
pour l'écran titre, avec son logo ADK), Ninja Combat
CD fait toujours autant figure de représentant des
beat them up à l'ancienne.
Bilan
Ninja Combat s'inscrit résolument
dans la lignée des Renegade et autres Double
Dragon. L'héritage de Gang Wars est d'ailleurs
indiscutable. Il n'a pas du tout à rougir face à
ses aînés et, même s'il aurait pu être plus
travaillé sur certains points (design discutable
des personnages, longueur du jeu, absence
d'enchaînements, etc.), il apportera toutefois sa
ration de bourrinage à l'amateur de jeux de ce
style.
Alpha Denshi n'a toutefois pas pris le train de la
génération suivante avec Final Fight, ce qui
risque de rebuter certains joueurs.
Ninja Combat fait partie des premiers jeux de la
Neo·Geo et on a l'impression qu'à cette époque,
ADK "se cherchait" encore. Le design très hésitant du
jeu en atteste. Par ailleurs, on voit avec le
recul que le fait qu'ADK (alors Alpha Denshi) ait
choisi de ne pas suivre le mouvement imposé par
Final Fight a rendu son Ninja Combat rapidement
désuet.
Que ce soit au format cartocuhe ou CD, Ninja
Combat saura toutefois satisfaire pour une somme
très raisonnable l'amateur de beat them up
- très - rétro.