On
n'a pas vu de run and gun sur Neo·Geo depuis
Cyber-Lip. Nazca vient combler ce manque et nous propose
Metal Slug. Cela signifie-t-il que le jeu dont il est
question ici est issu de Contra et Cyber-Lip ? Eh bien, pas
du tout. Metal Slug trouve son origine en 1991 avec un run
and gun d'Irem, Gunforce. Assez mou mais bien réalisé
pour son époque, il remporte tout de même assez de succès
pour justifier une suite. Celle-ci arrive en 1994 et fait un
grand pas en avant avec plus d'action, des véhicules, plus
affirmé graphiquement, etc. Hélas, Irem est alors devenue
une compagnie sans dynamisme. Aussi quelques membres la
quittent pour fonder une nouvelle société, Nazca
Corporation. Rachetée en 1996 par SNK, son premier titre sur
Neo·Geo est Neo Turf Masters, un jeu de golf, et voici le
second, Metal Slug. Metal Slug puise également son
inspiration dans In the Hunt, un shoot them up conçu en 1993
par Irem dans lequel on manie un sous-marin.
Metal Slug propose donc de relancer un style de jeu un peu
délaissé, même si on peut trouver de jolis représentants du
genre, les plus connus appartenant à la série des Contra.
Gunforce II
(1994, Irem)
Contra: Hard Corps
(1994, Konami)
Rendering Ranger: R²
(1995, Rainbow Arts)
Metal Slug s'inscrivant dans la lignée martiale de Gunforce
II, son intro donne immédiatement le ton : un char, une
mitrailleuse, un tir de canon, le tout se terminant par un
fracassant "Metal Slug!". D'accord, Nazca nous
annonce un grand moment de poésie et de délicatesse.
Malgré
ce qu'on pourrait croire après cette mise en bouche des plus
subtiles, Metal Slug dispose d'une histoire. Au début du XXIème
siècle, c'est la guerre entre deux groupes militaires :
l'Armée régulière et la Rébellion. Cette dernière, dirigée
par le général Donald Morden, a pris l'avantage en 2026.
C'est pour cela que l'Armée régulière a changé de tactique
en privilégiant les opérations ponctuelles, le tout à l'aide
d'un nouveau modèle de char, le Metal Slug. Au bout de deux
ans, il y a assez de chars produits mais les Rebelles
découvrent l'endroit où ils sont entreposés et les volent.
L'Armée régulière a désormais perdu la guerre... ce que se
refusent à admettre quelques-uns, dont le lieutenant Marco
Rossi. Il parvient à convaincre le colonel Tarmicle (Tarma)
Roving de tenter une mission de la dernière chance pour
récupérer les chars ou les détruire.
Un
seul mode de jeu accompagné de quelques options, Metal Slug
fait dans le minimalisme militaire. Mis à part le réglage de
la difficulté et le choix du nombre de vies par crédit,
c'est le désert.
Les
commandes de base sont extrêmement simples. pour tirer, pour sauter et pour lancer une grenade (ou tirer
au canon quand on est dans le char). Enfin la combinaison
permet de sacrifier le char pour faire un maximum de dégâts
aux ennemis.
À
propos des armes, celles-ci sont en nombre. À la base, le
héros a un pistolet pouvant se recharger à volonté, il est
malheureusement peu efficace. Au corps à corps, c'est un
poignard qui sera utilisé. Pour compléter cela, il y a des
grenades très dévastatrices, au nombre de 10 au départ.
Ensuite
vient la célèbre mitrailleuse lourde, très agréable à
utiliser. Oui, ça fait ressortir notre côté bourrin qui ne
demande qu'à s'exprimer... Le lance-flammes permet de faire
brûler vifs vos adversaires mais il est inadapté contre les
blindés. Le lance-missiles envoie des projectiles par série
de deux. Enfin, le fusil à pompe est l'arme la plus
puissante mais sa portée est très courte.
Heavy Machine Gun
Flame Shot
Rocket Launcher
Shot Gun
Pour
vous aider, si vous délivrez des prisonniers de guerre, ces
derniers sortent de leur caleçon (!) des bonus : armes,
munitions, nourriture, pièces d'or, etc.
On
peut disposer d'un char d'assaut (le Metal Slug) qui peut
envoyer des obus et qui possède une mitrailleuse pour
arroser copieusement les soldats ennemis. Ce char peut
encaisser trois impacts avant d'exploser. Il est fortement
conseillé dans ce cas d'évacuer de toute urgence ! On peut
aussi sacrifier son engin en l'envoyant à fond dans le tas
d'ennemis où il finit par exploser. Attention à ne pas
laisser les soldats ennemis s'accrocher au char, ils
arracheront la mitrailleuse ou jetteront une grenade dans
l'habitacle.
Au
travers de six missions plus ou moins longues, on dégomme
des soldats et leurs véhicules sans compter, c'est très
bourrin ! Voici les trois premiers niveaux illustrés :
Absolute
Thick Forest
A
Wish for Morning Glow
Iron
Cavalrymen in Hell
À
la fin de chaque mission, on affronte une grosse machine
ennemie qui barre la route. Chacune a son schéma d'attaque
bien précis comme tout boss qui se respecte ; à vous de le
trouver et de vaincre la bête d'acier !
Les
développeurs de chez Irem fournissaient des jeux à la
réalisation léchée, trahissant un grand souci du détail.
Metal Slug est-il le digne héritier d'une lignée désormais
éteinte ?...
Au niveau
visuel, on retrouve immédiatement la patte Irem: si c'est
très joli et extrêmement détaillé on pourra trouver les
couleurs un peu sombres et ternes. Les décors regorgent de
petites choses qu'on ne voit pas au premier coup d'œil, ils
se montrent à la fois fouillés et variés. Ce choix de
couleurs un peu austères accentue indéniablement le côté
martial du jeu et lui donne une forte identité.
Côté
animation, pas de souci particulier. Il y a quelques
ralentissements quand ça devient chargé, mais rien de grave.
Le jeu fourmille de petits détails amusants, comme par
exemple les expressions de terreur des soldats ennemis quand
ils se font surprendre. C'est un véritable travail
d'artiste, on pourrait même dire "d'artisan du pixel".
Le son est
très bon, avec des explosions et cris de douleur ou de
terreur incessants. On reconnaîtra certains cris directement
repris de Gunforce II. Quant à la musique, elle est assez
bourrine dans un style inévitablement militaire.
Les
personnages sont assez réactifs mais un peu difficile à
manier dans les phases de plates-formes car on ne peut pas
doser la hauteur des sauts. Les différentes armes apportent
de la variété dans les situations. En ce qui concerne le
char, il se montre très lourdeau mais assez maniable, compte
tenu du fait qu'il peut sauter ou se baisser.
Les six
missions du jeu se finissent en moins de 30 minutes, ce qui
est court. Fort heureusement, et c'est là l'immense force de
Metal Slug, il s'agit d'un pur jeu d'arcade qui invite à y
revenir souvent, tant l'action est intense. Cela est
d'autant plus vrai à deux, où chaque joueur peut couvrir
l'autre, tenter une opération kimikaze pour sauver son
partenaire, etc.
Le
menu d'accueil de ce CD dévoile un écran d'options
bien plus complet que son homologue sur AES. Outre
le choix du niveau de difficulté et du nombre de
vies, il est possible de changer la répartition des
boutons. Cette version Neo·Geo CD possède, en plus
de sa sœur à cartouches, deux menus appréciables :
Combat School et Art Gallery. Le mode Combat School
se débloque quand on a fini le mode arcade. Il
s'agit de refaire des missions en Time Attack ou en
Survival.
Quant au mode Art
Gallery, il propose de visionner une grande
quantité de dessins qui ont servi de base et
d'ébauches au jeu, ou plus simplement
d'illustrations.
Les
temps de chargement sont très courts : quelques
secondes par mission, pas plus. Toujours dans un
registre parodique, Nazca a remplacé le classique
singe jongleur de la Neo·Geo CD par son équivalent
façon Metal Slug.
Du
côté des pertes, on notera la disparition du "Mission
One,
Start!"
ou du "Mission Complete".
Détail assez curieux pour un jeu Neo·Geo CD, les
crédits ne sont pas illimités. Ici on aura droit à
5 crédits et non 4 comme en cartouche. Enfin les
musiques sont strictement identiques à leurs
homologues originales, ce qui est loin d'être un
défaut, tant elles sont parfaitement adaptées au
jeu.
Plus
fourni qu'en cartouche, chargeant rapidement mais
accusant quelques petites pertes, Metal Slug reste
un titre incontournable et ce, autant en cartouche
qu'en CD.
Bilan
Metal Slug est un superbe jeu bien
défoulant où l'action atteint son paroxysme en
permanence et sans temps mort. L'humour et
réalisation de bon niveau répondent présents. Un
petit regret, il est un peu trop court. Là où on
pourrait lui reprocher de manquer de maturité car
ce n'est pas une suite, il propose une
jolie expérience acquise avec Gunforce II. Un
jeu de guerre absolument pas sérieux qui offre
un maximum d'action : Mission complete!
Plutôt mésestimé en
1996, les joueurs (et surtout la presse) d'alors
ayant du mal à cerner tout son potentiel
"arcadien" frisant la perfection, la cote d'amour
de ce premier épisode est remontée par la suite.
Magistral dans sa réalisation comme dans son
principe, il a su poser les bases d'une fabuleuse
série. Son prix complètement délirant sur Neo·Geo
AES l'empêche toutefois de pouvoir figurer parmi
les jeux de tout amateur de Neo·Geo. Heureusement
sur MVS (ce qui permet de se tourner vers la solution
convert) et sur CD dans une moindre mesure, il
reste abordable, sans compter les nombreuses
adaptations, compilations et autres
téléchargements. Un petit bijou à ne pas rater,
sous peine de court martiale, rompez !