Le
bowling est un genre particulièrement peu représenté dans le
monde de l'arcade. À l'aube des années 90, on peut compter
tout juste une quinzaine de titres sortis en arcade depuis
les débuts du jeu vidéo. Qui plus est, beaucoup d'entre eux
se jouent à la trackball et non avec un contrôle à 8
directions, plus conventionnel. Il y a bien quelques jeux du
genre, sortis sur NES / Famicom, mais pas de quoi submerger
les joueurs qui seraient désireux de s'adonner à ce sport de
façon virtuelle. SNK vient combler ce manque le 10 décembre
1990 avec League Bowling sur Neo·Geo MVS et AES de location.
De la plate-forme, du baseball, de l'action, de la
réflexion, du golf, du beat them up et à présent, du
bowling. Le système de SNK débute sa carrière avec une
ludothèque particulièrement variée.
L'intro ne laisse
aucun doute quant à l'origine "arcadienne" du jeu. Les
zooms, les quilles terrifiées, l'écran titre flashy à
outrance, l'ambiance s'annonce des plus détendues.
Il
est possible de faire une partie comprenant de un à quatre
joueurs. Si ce nombre vous semble restreint, on peut le
porter à huit ! Cela est rendu possible par l'opportunité
d'utiliser le câble de liaison déjà rencontré dans Riding
Hero. Même si la mise en place est des plus fastidieuses
(deux téléviseurs, deux consoles et deux exemplaires du
jeu), l'initiative reste fort sympathique.
Vient ensuite le choix du mode de jeu. Il y en a trois.
-
Regulation : Il s'agit d'une partie classique avec 10 tours de un ou
deux lancers, sauf pour le dernier, pouvant en avoir trois. - Flash : Assez original, il permet de marquer une généreuse
ration de points supplémentaires, entre 100 et 300 pour un
strike et 50 et 200 pour un spare. Un curseur éclaire
aternativement différentes cases et s'arrête au moment
précis où les quilles sont percutées. Cela apporte donc une
petite dimension tactique.
- Strike 90 :
Les règles sont similaires au Regulation, à ceci près que
les strikes et les spares rapportent respectivement des
bonus de 90 et 60 points.
Regulation
Flash
Strike 90
Vient alors le moment de choisir si le joueur sera
gaucher ou droitier, puis le poids de la boule de bowling.
La plus légère pèse 8 lb alors que la plus lourde en fait
15. Plus la boule sera lourde, plus elle aura une
trajectoire stable mais elle nécessitera logiquement
davantage de puissance au moment du tir.
Petite
parenthèse, il est amusant de voir que dans le public se
trouve Nadia de la série animée Nadia, le secret de l'eau
bleue.
League
Bowling a l'originalité de n'utiliser qu'un seul et unique
bouton. Tout le reste se fait avec les directions et , ainsi qu'au moyen de deux jauges.
La première sert à donner de l'effet vers la gauche ou vers
la droite et la seconde à doser la puissance du tir. Avant
et pendant que le joueur s'élance, il est possible de régler
son positionnement avec les directions ou , ce qui permet d'ajuster, modifier
et rectifier jusqu'au bout (dans certaines limites) sa
trajectoire.
Avec
ses 26 Mbits, League Bowling figure parmi les plus petits
jeux de la Neo·Geo. SNK a-t-il sacrifié la réalisation pour
en arriver là ?...
Avec une seule
piste en magasin, League Bowling risque d'emblée la
répétitivité graphique. Le fait que les différents joueurs
ne soient que des clones dont la couleur des cheveux diffère
n'arrange rien à la situation. Heureusement, SNK a prévu une
fenêtre en haut de l'écran, affichant diverses situations
rompant un peu la monotonie visuelle de l'ensemble. On
regrettera par ailleurs le fait que l'écran de jeu soit
limité à une moitié, même si on joue seul. Quant à la
qualité, elle est au rendez-vous avec des couleurs bien
choisies et un style très nippon.
À la boule se
voit appliqué un zoom inversé donnant une bonne impression
d'éloignement. Il en est de même pour la piste, cette fois
en zoom classique pour que la vue se rapproche des quilles
au moment de l'impact. Ajoutons à cela des mimiques
hilarantes des héros et de très nombreux tableaux animés.
Fidèle à sa réputation, SNK a effectué là un travail très
convaincant.
Outre ses
musiques intermédiaires, League Bowling ne dispose que de
trois thèmes principaux, soit un par mode de jeu. Cela
étant, ils se révèlent en fait très courts, mais comme ces
mélodies sont rapidement interrompues à chaque résultat,
cela passe plutôt bien. Leur échantillonage est correct, le
tout accompagné de bruitages exagérés, et donc en parfaite
adéquation avec l'ambiance résolument arcade du jeu. Malgré
sa répétitivité, la bande-son de League Bowling reste donc
tout à fait convenable.
Les règles du
bowling sont respectées et les différents réglages
(positionnement, effet, puissance, poids de la boule) sont
intuitifs et bien pensés. On pourra à la rigueur trouver que
le temps imparti est un peu court mais on a affaire à un jeu
d'arcade ! Pas de place pour l'hésitation ni pour les fins
réglages fastidieux.
Seul, on
tourne rapidement en rond, le seul attrait venant de vouloir
faire un meilleur score et de voir toujours plus de scènes
animées. C'est à plusieurs (jusqu'à quatre joueurs, voire
huit !) que League Bowling prend toute sa dimension. Les
parties deviennent logiquement plus longues et, surtout,
s'enchaînent longtemps, pour peu que les participants se
prennent au jeu.
Absolument
tout est identique sur Neo·Geo CD : les musiques,
les scènes humoristiques de victoire ou de
déconfiture, la jolie blonde en robe rouge
(prénommée Jessica), etc. Et ce ne sont pas les 26
Mbits du jeu qui vont alourdir en quoi que ce soit
les chargements, ou plutôt, le chargement. Seule
petite différence, les parties sont limitées à
quatre joueurs "seulement", absence de câble oblige.
Collant au
plus près à la version cartouche, League Bowling
constitue le seul et unique titre du genre sur ce
support. Les amateurs savent ce qu'il leur reste à
faire.
Bilan
League Bowling n'est clairement
pas un jeu conçu pour être joué seul : la fenêtre
d'affichage reste réduite et la durée de vie est
plus que limite. À plusieurs, il offre un tout
autre visage en se montrant un modèle de
convivialité. C'est un bon jeu de bowling, à
acheter surtout si on compte jouer avec des amis.
Si au premier lancer (jeu en solo) League Bowling
flirte avec la rigole, au deuxième (jeu à
plusieurs), il fait un joli spare.
Il faudra attendre 16 ans de plus pour voir
arriver le premier jeu vidéo de bowling vraiment
populaire avec Wii Sports, sorti fin 2006. Et
pourtant, ce dernier n'a pas grand chose de plus.
Quatre joueurs ? Un mode multi-joueurs prenant et
une durée de vie très faible en solo ? League
Bowling avait déjà les mêmes qualités et défauts
en 1990. SNK a incontestablement développé un bon
jeu du genre, mais n'a pas su - ou voulu - lui
donner des suites qui auraient pu avoir une
réalisation de plus haut niveau.
Petite curiosité, il a connu tardivement un bon
succès avec sa version Flash disponible sur de
nombreux sites Internet. Quant au jeu original, si
on le trouve à un prix correct, il ne faut pas
hésiter si on peut jouer à plusieurs.