En
1989 Capcom rencontre un très franc succès avec son Final
Fight, beat them up très bien conçu avec ses grands
personnages, sa jouabilité complète et son ambiance urbaine
de premier ordre. Cela aiguise naturellement les appétits et
si certains comme Alpha avec Ninja Combat ou Sega avec
Golden Axe choisissent une voie parallèle, SNK ne
s'embarrasse pas d'autant de précautions et nous propose sa
vision de Final Fight. Voici donc Burning Fight, la castagne
de rue sauce Neo·Geo.
Pendant
des années, la famille Casterora a régné sans partage sur
les rues de la ville de New-York. Deux policiers, Duke
Edwards et Billy King, ont été chargés d'enquêter et de
combattre ce clan mafieux. Les Casterora ont alors joint
leurs forces à une autre famille du crime, basée à Ôsaka au
Japon : les Heiwa-Gumi. Leur pouvoir est désormais total et
seul un policier ose s'opposer à eux au Japon, c'est Ryû
Saeba. Duke et Billy décident de se joindre à lui pour
combattre ces deux familles et se rendent donc à Ôsaka...
Don Casterora
Le
jeu propose trois personnages, comme vous l'avez sans doute
compris. Ryû est le policier japonais, agile mais peu
puissant. Duke est parfaitement équilibré, ni trop lent, ni
trop faible. Billy fait enfin office de grosse brute, il est
lent mais dispose d'une bonne puissance de frappe.
Pas vraiment
d'options au programme, il s'agit juste de choisir le
combattant, c'est tout. La séquence How to Play, présente
sur la version arcade MVS, disparaît sur console.
Le
système de Burning Fight est basé sur l'utilisation de trois
boutons.
: coup de poing / ramasser une arme ou un bonus / utiliser
une arme / projeter l'adversaire
: saut
: coup de pied
Eh oui, c'est l'un des rares beat them up qui permet
d'effectuer un coup de pied tout en restant debout. Les
armes sont nombreuses et variées : bâton, Magnum 44,
couteau, bouteille... En appuyant sur et simultanément, on déclenche un
pouvoir spécial dévastateur qui dégomme sans difficulté les
adversaires qui ont le malheur de se trouver à proximité de
votre personnage. Prix à payer classique, la barre de santé
diminue alors légèrement.
Comme
le petit scénario présenté précédemment le laisse supposer,
Burning Fight prend place à Ôsaka. Avant d'arriver au yacht
de Don Casterora, il y aura quatre quartiers à parcourir,
voici les trois premiers en images.
Main
Street
Shopping
Center
Down
Town
À
l'instar de son modèle Final Fight ainsi que de nombreux
autres titres du même genre, on aura droit à des semi-boss
puis à des boss de fin de niveau. Ces derniers sont assez
peu impressionnants, ce qui ne les empêche nullement d'être
coriaces.
Au
détour d'une rue, on pourra voir des portes marquées "in".
Si on y entre, on accède à une sorte de Bonus Stage dans
lequel il s'agit de casser du mobilier dans un temps
imparti. On y gagne divers bonus donnant points ou santé.
Des policiers entrant dans des boutiques pour tout casser,
on aura tout vu. En fait il s'agit, d'après la notice, de
boutiques tenues en sous main par le clan Casterora. Par
exemple la vente d'alcool leur permet de financer leur
activités, alors pas de pitié quand il s'agit de détruire
leur source de revenus !
Quelques
détails amusants ont été intégrés au jeu, comme par exemple
ces personnages très peureux et inoffensifs (le client d'un
sex-shop et un clochard) ou la présence en guest star
d'un clone de Hulk Hogan.
À
propos de ces personnages peureux (attention à ne pas les
frapper par erreur), ces derniers ont un comportement
assez... curieux. Regardez l'image ci-dessous, vous verrez
ce dont il est question.
Comme
on peut le constater, Burning Fight se place très clairement
comme un rival direct du titre de Capcom : trois personnages
(un rapide, un équilibré, un costaud), des niveaux en ville
(avec même un monte-charge), des armes à utiliser, etc. Sa
réalisation surpasse-t-elle pour autant celle de son modèle
?...
Burning Fight est dans l'ensemble très correct, même si
certains stages sont bien trop vides, ce qui est bien
dommage. Le choix de couleurs laisse aussi parfois à
désirer. Bref, on sent que ça aurait pu être bien mieux.
Cependant quelques passages sont réussis, comme un superbe
coucher de soleil ou une grosse BMW garée sur un quai.
Quant aux personnages, ces
derniers sont assez peu variés, travers classique du beat
them up.
Le jeu est
assez rapide... mais que c'est mal animé ! On croirait que
les personnages se sont fait un tour de rein tellement
qu'ils sont raides dans leur démarche. Tout cela manque
singulièrement de souplesse. Histoire de ne pas rester sur
cetteimpression négative, on notera quelques effets de zoom
très sympa pour l'apparition de certains ennemis.
Le son est
très bon niveau bruitages, avec par exemple le bruit des pas
sur un escalier en métal très réussi. Pour les musiques, ça
va, elles soutiennent bien l'action sans être
exceptionnelles.
La jouabilité,
complète, possède toutefois quelques défauts. D'abord le
temps pendant lequel on peut tenir une arme est beaucoup
trop court. En effet au bout de quelques secondes le
personnages la lache, sans raison apparente. Il y a
également les prises au corps-à-corps, ou plutôt la prise au
corps-à-corps. Il est dommage qu'il n'y en ait qu'une et que
SNK n'ait pas copié Capcom sur ce point en allouant à Billy
plus de variété dans ce domaine. Enfin les coups sautés sont
disposent d'une fenêtre de collision ridiculement courte :
les placer est une vraie gageure. Tout cela fait que Burning
Fight aurait pu être bien meilleur à ce chapitre, même s'il
reste défoulant et répond bien.
Trois
personnages, cinq niveaux pas très longs... La durée de vie
de ce jeu est trop faible. La difficulté assez élevée
(surtout à partir du troisième niveau) et les parties à deux
en coopération rallongent cependant sa durée de vie de façon
conséquente.
Nous
retrouvons logiquement la même chose que sur AES,
étant donné que le jeu date des débuts du système
Neo·Geo et qu'il pèse assez peu de Mbits. La
principale nouveauté réside en la possibilité de
choisir le niveau de difficulté.
La
bande-son ne bénéficie d'aucune réorchestration et
le jeu se charge en une seule fois. Attention, sur
Neo·Geo CD les crédits sont infinis, ce qui peut
diminuer la durée de vie si on joue sans chercher à
s'appliquer. À moins de s'interdire d'utiliser trop
de crédits, on sait que dès la première fois qu'on y
joue, on le finit.
Burning
Fight est à l'image de la plupart des jeux sortis
avant 1992 et portés sur CD : identiques à la
cartouche, au chargement initial et aux crédits
infinis près.
Bilan
Burning Fight est un clone de
Final Fight sans en avoir la saveur. Il dispose de
quelques bonnes idées mais se contente de suivre
son modèle à distance, sans le surpasser.
Graphismes trop simplistes, animation raide, boss
anecdotiques, cinq niveaux contre six chez Capcom,
etc. Les programmeurs de SNK se sont employés à
copier le hit de Capcom et on dirait qu'ils se
sont interdit de le surpasser, curieux... La
Neo·Geo aurait pu mieux faire, SNK aurait dû mieux
faire.
La
Neo·Geo n'est décidément pas le support idéal pour
le beat them up. Pour ce genre, il vaut
mieux les systèmes arcade CPS, CPS-II ou PGM. Pour
en revenir à la Neo·Geo, et malgré son manque
d'ambition, Burning Fight saura satisfaire le
joueur qui l'a connu à son époque car il est bien
défoulant et les armes y sont nombreuses. Bien que
ce ne soit pas un hit, on revient y de temps en
temps si on lui pardonne ses défauts.