ADK,
c'est bien sûr le concepteur de la série World Heroes, série
appréciée par certains, conspuée par d'autres, criant
(probablement à juste titre) au plagiat éhonté. ADK, ce sont
aussi les initiales d'un jeu de l'éditeur éponyme :
Aggressors of Dark Kombat.
Au moins, l'éditeur a conscience qu'il est nécessaire de se
renouveler, et si possible en faisant preuve d'originalité.
Pour la petite histoire, ce jeu devient Tsûkai GanGan
Kôshinkyoku au Japon. Ce jeu est désigné en tant que "Realistic
3-D Battle", tout un programme. ADK semble vouloir
donner à la Neo·Geo de quoi rester dans le vent en
comparaison de Virtua Fighter et de Tekken. Avec une
génération d'écart et une conception radicalement
différente, le pari est loin d'être gagné.
L'histoire
du jeu est on ne peut plus simple. Joe et Goh appartiennent à
deux bandes rivales et ne rêvent que d'en découdre. Aussitôt
dit, aussitôt fait, nous voilà dans un tournoi opposant huit
combattants tous plus déterminés les uns que les autres.
Une
petite intro présente les combattants, le tout sans grande
inspiration. L'écran-titre met en évidence les initiales pour
les distraits qui n'auraient pas remarqué que cela forme
"ADK".
Un
seul réglage est proposé, celui du niveau de difficulté.
Après cela, il ne reste qu'à choisir son combattant parmi
les 8 qui sont proposés.
Chacun
a ses propres motivations, la plupart du temps se résumant à
vouloir gagner pour montrer qu'on est le plus fort. On a
déjà vu plus original, même dans le domaine du fighting
game.
Joe Kusanagi :
Surnommé "La Panthère rouge d'Honmoku", Joe ne trouve
plus d'aversaire à sa mesure.
Goh Kidokoro :
Également à la tête d'un gang, "L'Esprit fort de
Naniwa" attend l'arrivée de Joe, son rival.
Kisarah Westfield :
Poursuivant ses études en Angleterre, elle est
amoureuse de Joe.
Fuuma Kotaroh :
Le ninja rouge de World Heroes est resté dans le XXème
siècle pour ce tournoi.
Leonhalt Domador :
Ce lutteur allemand a fui son pays pour le Japon.
C'est le rival de Sheen.
Sheen Genus :
Ce Canadien est un catcheur amateur. Il souhaite créer
sa propre ligue de catch.
Lee Hae Gwon :
Ce Coréen travaille dans un dojo américain qui a été
saccagé par Leonhalt.
Bobby
Nelson :
Bobby veut devenir célèbre et voit ce tournoi comme
une occasion d'y parvenir.
Une
fois le combattant choisi, on comprend rapidement (si ce
n'est pas encore fait) qu'on a affaire à un jeu réalisé en
2D. RIEN à voir avec Virtua Fighter et Tekken, donc. Pour
tout dire, l'argument pompeux de 3D est dû au fait que la
jouabilité est empruntée au beat them up, avec
déplacement sur le plan qu'on veut. L'autre caractéristique
du genre, les armes à ramasser, est reprise. En fait, on
pense à un jeu signé SNK, bien plus ancien : Street Smart.
Aggressors of Dark
Kombat utilise trois boutons.
: coups de poing
: coups de pied
: sauter / changer de position pendant qu'on effectue une
saisie.
: saisir l'adversaire. Appuyer ensuite sur ou pour faire une projection.
: contrer une saisie
+ : contrer une projection
+ : provocation
Pour les boutons et , la force du coup donné dépend de
la durée de la pression exercée.
Appuyer deux fois sur , , ou permet de se déplacer rapidement
dans la direction voulue.
Outre les armes et
les coups de base, les personnages ont quelques attaques
spéciales (Special Moves).
Kattobi
Hyakuretsu Kyaku
+
Shin
Baku Sassô
+
Hip
Bazooka
+
En
plus des Special Moves, il y a les Grab Moves.
Ces combinaisons sont à exécuter quand on est parvenu à
saisir l'adversaire.
*
Pesticide Fist
(devant) +
*
Backbreaker
(derrière) +
En
bas de l'écran, une jauge se remplit lentement, c'est la Crazy
Gauge. Quand on frappe, cela devient plus rapide. Une
fois remplie, elle se met à clignoter pendant quelques
secondes.
Le
combattant est alors en GanGan Mode. Il récupère
alors un peu de santé quand il frappe son adversaire. Plus
fort, si la barre de santé de l'adversaire en question est
dans le rouge, le mot GanGan s'affiche et on peut
exécuter une GanGan Attack.
Pour plus de détails, les Special Moves, Graple
Moves ainsi que les GanGan Attacks sont
consultables dans ce
guide stratégique.
Tiger
Deathblade
+
Chaque
personnage possède son stage attitré. À noter qu'il n'y a
pas de boss de fin : le dernier adversaire est déterminé par
le combattant qu'on prend.
Joe
Goh
Kisarah
Fuuma
Leonhalt
Sheen
Lee
Bobby
Qu'on
aime ou non ADK, il faut lui reconnaître des jeux notables,
tels que Gang Wars, Magician Lord ou encore la série World
Heroes. Entre cette relative notoriété, la présence de Fuuma
et la recette empruntée à Street Smart, premier jeu de
combat de SNK, Aggressors of Dark Kombat est plutôt bien
armé sur le papier.
Est-ce le cas dans les faits ?...
Le jeu dispose
de 8 arènes assez colorées aux teintes vives, mais... que
c'est basique et peu inspiré ! Les décors manquent de relief
et le trait est assez épais. Cela étant, les stages du désert
et de la cascade ne sont pas trop mal. Du côté des
personnages, ce n'est pas vraiment mieux : leur dégaine fait
pitié et même Fuuma, un personnage très sympathique de World
Heroes, est ici quasiment méconnaissable. Inutile de détailler
l'habillage du jeu avec ses écrans finis à la va-vite et ses
illustrations bas de gamme.
Les personnages
sont imposants, plus grands que dans World Heroes. En
revanche, cela manque vraiment d'étapes d'animation est c'est
bien raide. Le résultat se montre plus ridicule qu'autre
chose. Quand au début du combat, on voit les deux adversaires
se tourner autour (il faut bien montrer et clamer haut et fort
qu'on est passé à la 3D), on comprend rapidement que ce n'est
pas un modèle d'animation. Il reste des détails sympathiques
comme, par exemple, quand les combattants se brûlent après
qu'un cocktail Molotov ait été lancé ou quand ils ont du mal à
respirer, si la barre de santé est entamée.
Des musiques sympathiques alternent avec des prises de têtes
certifiées authentiques. Les thèmes sont tout de même
sacrément courts, quand on tend l'oreille.
Du côté des bruitages, même si la qualité est là, cela manque
de percutant. On a l'impression que tout est mou -
contrairement à l'animation ! - et sans effet.
La croix de
direction étant totalement libérée pour les déplacements, il
faut s'habituer au bouton pour sauter. L'idée de ramasser des
objets est bonne. Hélas, c'est elle se montre insuffisamment
exploitée, les armes s'intégrant assez mal dans la panoplie de
coups de base.
Concernant les collisions, ce n'est pas facile de savoir quand
on est en mesure de frapper à coup sûr, les adversaires se
tournant autour tout au long d'un combat.
Plus réjouissant, les GanGan Attacks et les Graple
Attacks (ces dernières rappellent un peu 3 Count Bout)
apportent une petite touche de technique au jeu.
8 personnages,
jeu seul ou à deux (pas de jeu à deux contre le CPU),
Aggressors of Dark Kombat n'en offre pas énormément. Avec
davantage de personnages et un vrai mode Versus (voire un
1P+2P vs. CPU, comme dans Fatal Fury ou Street Smart) il
aurait pu convaincre à ce niveau. Ce n'est pas le cas.
Ce
n'est maheureusement pas en passant de la cartouche
au CD qu'Aggressors of Dark Kombat va devenir un
hit. Quelques différences sont toutefois à noter.
On
découvre ici un tableau de sélection très succinct
en comparaison de l'original, ADK ayant probablement
voulu l'alléger pour qu'il n'entraîne pas un
chargement supplémentaire.
Justement,
du côté des temps de chargement, c'est un peu long,
surtout au regard de la qualité du jeu et de sa
taille. Quant aux musiques, elles bénéficient de
réorchestrations (comme presque toujours avec ADK)
mais les thèmes restent bien courts. Voici celui de
Joe :
Loin
d'être indispensable sur Neo·Geo CD, Aggressors of
Dark Kombat pourra convenir à ceux qui l'apprécient
à la base et veulent profiter de la bande-son
réorchestrée. Pour les autres, il n'y a rien dans
cette version qui puisse les faire changer d'avis.
Bilan
Loin d'un jeu en 3D, très loin
d'un bon beat them up, et à des
années-lumière d'un bon jeu de combat de la
Neo·Geo, Aggressors of Dark Kombat se cherche en
vain une place. Comment peut-on se fourvoyer à ce
point ? Ce jeu n'a quasiment rien pour lui :
concept mal exploité, réalisation sans saveur,
durée de vie très moyenne... Samurai Shodown, Art
of Fighting 2, KOF '94, ou même World Heroes 2 Jet
: il y a bien mieux sur Neo·Geo !
La seule chose qui le sauve de naufrage total est
sa jouabilité plus élaborée qu'il n'y paraît au
premier abord. Certains lui trouveront alors un
certain intérêt et auront envie de creuser la
question. Mais pour beaucoup, cela restera un jeu
décevant.
À
part le fait de vouloir découvrir le jeu d'où
vient Kisarah pour ceux qui jouent à NeoGeo Battle
Coliseum, ou pour jouer entre amis en fustigeant
l'éditeur ADK et en rigolant un bon coup, il n'y a
aucune raison de s'attarder sur ce jeu. Des idées
qui auraient pu donner un nouveau genre, mais à la
place nous avons un jeu à oublier vite, bien
vite...