Aggressors of Dark Kombat
 
 


fighting game
©1994, SNK/ADK
178 Mbits


 
     

ADK, c'est bien sûr le concepteur de la série World Heroes, série appréciée par certains, conspuée par d'autres, criant (probablement à juste titre) au plagiat éhonté. ADK, ce sont aussi les initiales d'un jeu de l'éditeur éponyme : Aggressors of Dark Kombat.
Au moins, l'éditeur a conscience qu'il est nécessaire de se renouveler, et si possible en faisant preuve d'originalité. Pour la petite histoire, ce jeu devient Tsûkai GanGan Kôshinkyoku au Japon. Ce jeu est désigné en tant que "Realistic 3-D Battle", tout un programme. ADK semble vouloir donner à la Neo·Geo de quoi rester dans le vent en comparaison de Virtua Fighter et de Tekken. Avec une génération d'écart et une conception radicalement différente, le pari est loin d'être gagné.

L'histoire du jeu est on ne peut plus simple. Joe et Goh appartiennent à deux bandes rivales et ne rêvent que d'en découdre. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà dans un tournoi opposant huit combattants tous plus déterminés les uns que les autres.

Une petite intro présente les combattants, le tout sans grande inspiration. L'écran-titre met en évidence les initiales pour les distraits qui n'auraient pas remarqué que cela forme "ADK".



Un seul réglage est proposé, celui du niveau de difficulté. Après cela, il ne reste qu'à choisir son combattant parmi les 8 qui sont proposés.

Chacun a ses propres motivations, la plupart du temps se résumant à vouloir gagner pour montrer qu'on est le plus fort. On a déjà vu plus original, même dans le domaine du fighting game.

Joe Kusanagi :
Surnommé "La Panthère rouge d'Honmoku", Joe ne trouve plus d'aversaire à sa mesure.
Goh Kidokoro :
Également à la tête d'un gang, "L'Esprit fort de Naniwa" attend l'arrivée de Joe, son rival.
Kisarah Westfield :
Poursuivant ses études en Angleterre, elle est amoureuse de Joe.
Fuuma Kotaroh :
Le ninja rouge de World Heroes est resté dans le XXème siècle pour ce tournoi.
Leonhalt Domador :
Ce lutteur allemand a fui son pays pour le Japon. C'est le rival de Sheen.
Sheen Genus :
Ce Canadien est un catcheur amateur. Il souhaite créer sa propre ligue de catch.
Lee Hae Gwon :
Ce Coréen travaille dans un dojo américain qui a été saccagé par Leonhalt.

Bobby Nelson :
Bobby veut devenir célèbre et voit ce tournoi comme une occasion d'y parvenir.

Une fois le combattant choisi, on comprend rapidement (si ce n'est pas encore fait) qu'on a affaire à un jeu réalisé en 2D. RIEN à voir avec Virtua Fighter et Tekken, donc. Pour tout dire, l'argument pompeux de 3D est dû au fait que la jouabilité est empruntée au beat them up, avec déplacement sur le plan qu'on veut. L'autre caractéristique du genre, les armes à ramasser, est reprise. En fait, on pense à un jeu signé SNK, bien plus ancien : Street Smart.

Aggressors of Dark Kombat utilise trois boutons.
: coups de poing
: coups de pied
: sauter / changer de position pendant qu'on effectue une saisie.
: saisir l'adversaire. Appuyer ensuite sur ou pour faire une projection.
: contrer une saisie
+ : contrer une projection
+ : provocation
Pour les boutons et , la force du coup donné dépend de la durée de la pression exercée.
Appuyer deux fois sur , , ou permet de se déplacer rapidement dans la direction voulue.

Outre les armes et les coups de base, les personnages ont quelques attaques spéciales (Special Moves).

Kattobi Hyakuretsu Kyaku
+
Shin Baku Sassô
+
Hip Bazooka
+

En plus des Special Moves, il y a les Grab Moves. Ces combinaisons sont à exécuter quand on est parvenu à saisir l'adversaire.

* Pesticide Fist
(devant) +
* Backbreaker
(derrière)
+

En bas de l'écran, une jauge se remplit lentement, c'est la Crazy Gauge. Quand on frappe, cela devient plus rapide. Une fois remplie, elle se met à clignoter pendant quelques secondes.

Le combattant est alors en GanGan Mode. Il récupère alors un peu de santé quand il frappe son adversaire. Plus fort, si la barre de santé de l'adversaire en question est dans le rouge, le mot GanGan s'affiche et on peut exécuter une GanGan Attack.
Pour plus de détails, les Special Moves, Graple Moves ainsi que les GanGan Attacks sont consultables dans ce guide stratégique.

Tiger Deathblade
+

Chaque personnage possède son stage attitré. À noter qu'il n'y a pas de boss de fin : le dernier adversaire est déterminé par le combattant qu'on prend.

Joe
Goh
Kisarah
Fuuma
Leonhalt
Sheen
Lee
Bobby

Qu'on aime ou non ADK, il faut lui reconnaître des jeux notables, tels que Gang Wars, Magician Lord ou encore la série World Heroes. Entre cette relative notoriété, la présence de Fuuma et la recette empruntée à Street Smart, premier jeu de combat de SNK, Aggressors of Dark Kombat est plutôt bien armé sur le papier.
Est-ce le cas dans les faits ?...



Le jeu dispose de 8 arènes assez colorées aux teintes vives, mais... que c'est basique et peu inspiré ! Les décors manquent de relief et le trait est assez épais. Cela étant, les stages du désert et de la cascade ne sont pas trop mal. Du côté des personnages, ce n'est pas vraiment mieux : leur dégaine fait pitié et même Fuuma, un personnage très sympathique de World Heroes, est ici quasiment méconnaissable. Inutile de détailler l'habillage du jeu avec ses écrans finis à la va-vite et ses illustrations bas de gamme.


Les personnages sont imposants, plus grands que dans World Heroes. En revanche, cela manque vraiment d'étapes d'animation est c'est bien raide. Le résultat se montre plus ridicule qu'autre chose. Quand au début du combat, on voit les deux adversaires se tourner autour (il faut bien montrer et clamer haut et fort qu'on est passé à la 3D), on comprend rapidement que ce n'est pas un modèle d'animation. Il reste des détails sympathiques comme, par exemple, quand les combattants se brûlent après qu'un cocktail Molotov ait été lancé ou quand ils ont du mal à respirer, si la barre de santé est entamée.


Des musiques sympathiques alternent avec des prises de têtes certifiées authentiques. Les thèmes sont tout de même sacrément courts, quand on tend l'oreille.
Du côté des bruitages, même si la qualité est là, cela manque de percutant. On a l'impression que tout est mou - contrairement à l'animation ! - et sans effet.


La croix de direction étant totalement libérée pour les déplacements, il faut s'habituer au bouton pour sauter. L'idée de ramasser des objets est bonne. Hélas, c'est elle se montre insuffisamment exploitée, les armes s'intégrant assez mal dans la panoplie de coups de base.
Concernant les collisions, ce n'est pas facile de savoir quand on est en mesure de frapper à coup sûr, les adversaires se tournant autour tout au long d'un combat.
Plus réjouissant, les GanGan Attacks et les Graple Attacks (ces dernières rappellent un peu 3 Count Bout) apportent une petite touche de technique au jeu.


8 personnages, jeu seul ou à deux (pas de jeu à deux contre le CPU), Aggressors of Dark Kombat n'en offre pas énormément. Avec davantage de personnages et un vrai mode Versus (voire un 1P+2P vs. CPU, comme dans Fatal Fury ou Street Smart) il aurait pu convaincre à ce niveau. Ce n'est pas le cas.




Ce n'est maheureusement pas en passant de la cartouche au CD qu'Aggressors of Dark Kombat va devenir un hit. Quelques différences sont toutefois à noter.

On découvre ici un tableau de sélection très succinct en comparaison de l'original, ADK ayant probablement voulu l'alléger pour qu'il n'entraîne pas un chargement supplémentaire.

Justement, du côté des temps de chargement, c'est un peu long, surtout au regard de la qualité du jeu et de sa taille. Quant aux musiques, elles bénéficient de réorchestrations (comme presque toujours avec ADK) mais les thèmes restent bien courts. Voici celui de Joe :

Loin d'être indispensable sur Neo·Geo CD, Aggressors of Dark Kombat pourra convenir à ceux qui l'apprécient à la base et veulent profiter de la bande-son réorchestrée. Pour les autres, il n'y a rien dans cette version qui puisse les faire changer d'avis.


 
Bilan
 
 

Loin d'un jeu en 3D, très loin d'un bon beat them up, et à des années-lumière d'un bon jeu de combat de la Neo·Geo, Aggressors of Dark Kombat se cherche en vain une place. Comment peut-on se fourvoyer à ce point ? Ce jeu n'a quasiment rien pour lui : concept mal exploité, réalisation sans saveur, durée de vie très moyenne... Samurai Shodown, Art of Fighting 2, KOF '94, ou même World Heroes 2 Jet : il y a bien mieux sur Neo·Geo !
La seule chose qui le sauve de naufrage total est sa jouabilité plus élaborée qu'il n'y paraît au premier abord. Certains lui trouveront alors un certain intérêt et auront envie de creuser la question. Mais pour beaucoup, cela restera un jeu décevant.


À part le fait de vouloir découvrir le jeu d'où vient Kisarah pour ceux qui jouent à NeoGeo Battle Coliseum, ou pour jouer entre amis en fustigeant l'éditeur ADK et en rigolant un bon coup, il n'y a aucune raison de s'attarder sur ce jeu. Des idées qui auraient pu donner un nouveau genre, mais à la place nous avons un jeu à oublier vite, bien vite...

Tarma

 
     

   




 

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