Legend
of Success Joe prend sa source dans un manga dessiné par
Tetsuya Chiba d'après une histoire d'Asao Takamori, Ashita
no Joe, sorti en 1970. Il raconte l'histoire du jeune Joe
Yabuki qui va devenir boxeur. Vingt ans plus tard il se voit
adapté par Wave dans un jeu de boxe édité par Taito,
rappelant dans son principe Punch Out. Encore une année
passe et cette fois, c'est un beat them up au
principe assez original qui arrive sur Neo·Geo : Legend of
Success Joe.
Success Joe (1991, Taito, Wave)
Tout
commence avec notre ami Joe courant seul, sous un soleil de
plomb. Il pense à tous ses adversaires qui l'attendent.
Plutôt correctement animée, cette intro se finit par un
écran-titre très sommaire.
Après
cela n'attendez aucune option, pas même un choix de
difficulté. On arrive directement à la séquence
d'explication des commandes, ces dernières étant pour le
moins... inhabituelles.
Bien que seulement deux boutons soient utilisés, Legend of
Success Joe propose une panoplie très complète de mouvements
offensifs et défensifs, tout issus de la boxe.
+ , + , + : direct du bras avant
: direct long du bras arrière
: direct long du bras arrière puissant
+ : crochet
+ : crochet puissant
+ , + : uppercut
+ , + : uppercut puissant
+ , + : semi-uppercut
+ , + : semi-uppercut puissant
+ , + , + : esquive arrière
+ : garde basse
+ , + , + , + : garde haute
Une
fois tout cela assimilé (!), on débute directement
l'aventure. Malgré ce qu'aurait pu laisser espérer l'intro
montrant un petit paquet de personnages, le jeu n'autorise
que de jouer Joe. C'est donc parti pour une virée dans les
rues mal famées contre divers adversaires qu'il faut vaincre
à la force de ses poings. Chaque niveau se découpe en deux
parties : une première où on affronte quelques ennemis plus
ou moins résistants en combat de rue puis une seconde où
c'est un match de boxe.
Stage 1
Stage 2
Stage 3
On
dispose de trois barres d'énergie, la fin de chacune d'entre
elles étant ponctuée par un bref moment à retrouver ses
esprits, voire un risque de KO s'il s'agit d'un match de
boxe. Autre indication à surveiller de très près, le temps
qui s'écoule. Quand il atteint 3 minutes, on perd un crédit.
Jeu
original mêlant boxe et beat them up urbain,
s'appuyant sur un manga connu, tournant sur un système
performant, Legend of Success Joe part donc sur de bonnes
bases. Des bases qui, comme on peut s'en douter, vont être
méticuleusement saccagées à tous les niveaux. C'est parti,
accrochez-vous...
Avec seulement 6 décors (5 pour la partie beat them up
et 1 seul pour la partie boxe), Legend of Success Joe
commence mal. Ces derniers sont ridiculement restreints, à
peine un écran et demi de large au grand maximum dans tous
les cas. Manquant de couleurs, ils ne sont ni détaillés, ni
très fins. On pourra apprécier une relative variété (rue,
salle de gym, aéroport...), mais c'est tout. Agressant la
rétine à coups de couleurs criardes, ils sont franchement
moches.
Du côté des personnages,
c'est pire. Le look de notre pauvre Joe est complètement
ringard et les ennemis sont ridicules au possible. C'est
dommage, les combattants sont grands et plutôt détaillés.
Un ou deux dessins par coup, il faudra s'en contenter. Ce
jeu a des mouvements bien trop peu décomposés, et surtout
indignes du support. C'est raide, c'est moche, c'est naze.
Les personnages sont donc ridiculement animés dans des
décors figés, dénués de tout scrolling différentiel. On aura
bien un évier qui déborde ou un travesti caché dans un
placard qui fait coucou, vraiment pas de quoi s'extasier.
Encore un gros ratage, pire que pour le chapitre précédent.
Côté son, ce n'est pas mieux. Les mélodies irritantes et de
piètre qualité ne brillent ni par leur nombre, ni par leur
inspiration, proche du néant. On n'a que 3 thèmes musicaux
pour 5 niveaux, génial...
La Neo·Geo est par ailleurs un système habitué au sans-faute
pour les bruitages. Eh bien Legend of Success s'applique à
mettre à mal cette réputation avec des bruits d'impacts
pathétiques couplés à des digitalisations vocales de qualité
moyenne.
Ici nous
allons évoquer le gros point faible du jeu (comme quoi, on
peut faire pire). Les coups, assez nombreux, ne sont
répartis que sur deux boutons, ce qui est déjà complètement
stupide. De plus, l'idée de les coupler avec des directions
alors qu'on est censé pouvoir se déplacer dans la profondeur
de l'écran n'arrange rien à l'affaire. Frapper, se déplacer,
on ne sait plus trop ce que l'on fait. Ce n'est pas tout,
Joe va se trouver face à des ennemis sautant, donnant des
coups de pied, pouvant s'accroupir, etc. Notre soit-disant
rebelle du respect des règles va pour une fois se conformer
à ces dernières en n'utilisant que des coups réguliers de la
boxe, le tout avec une allonge plus que ridicule.
Avec 5 niveaux, Legend of Sucess Joe n'est pas très long.
Comptez 3 ou 4 ennemis par stage et c'est tout. À partir du
quatrième niveau, le jeu devient une véritable purge où des
adversaires survoltés vous feront souffrir avec la plus
grande application (et ce n'est pas la jouabilité qui vous
sauvera). Mais bon, honnêtement, qui aura vraiment envie de
le finir en y prenant du plaisir ? Plus probablement en
trouvera-t-on en faisant effectuer un vol plané à la
cartouche par la fenêtre, mais à part cela...
Le jeu à deux est censé réhausser l'intérêt, allez-vous
penser. Alors ici, s'agit-il d'un duo pour progresser dans
ce beat them up ou de duels sur le ring de boxe ?
Rien de tout cela ! Si on appuie sur avec la deuxième manette, on
débute une partie en parallèle... et c'est tout.
Bilan
Il est rare de voir des
développeurs aussi appliqués à l'extrême, Wave en
fait partie. Pas très joli (ça, c'est le point le
plus positif avec l'intro), ignoblement animé,
pénible pour les oreilles, totalement injouable,
atrocement difficile lors du dernier niveau,
Legend of Success Joe réussit le pari d'être
minable à tous les niveaux. Condamné par son
développeur à ne pouvoir espérer qu'atteindre la
médiocrité, voilà un titre qui fera date.
Il y a ensuite eu Ashita no Joe sur Super Famicom
et Ashita no Joe 2 sur PlayStation 2. Pas vraiment
de quoi sauter au plafond, mais pour les fans
absolus du manga, pourquoi pas...
Pour en revenir à notre Ashita no Joe Densetsu, il
ne saura guère contenter que le collectionneur
désireux de compléter son étagère. Même pas
suffisamment kitsch ou second degré pour rigoler
entre amis d'un si mauvais jeu, nous sommes en
face non pas d'un nanar, mais d'un véritable navet
vidéoludique à éviter absolument. Nul.