Fasciné
par la puissance de King Kong ? Émerveillé par la rage
destructrice de Godzilla ? Envie d'être aussi grand que
Spectreman pour tordre le cou à des monstres géants ? Aucun
souci, SNK a King of the Monsters dans son escarcelle. Ce
jeu met en scène des monstres gigantesques et ravageurs au
sein de grandes villes. Ce principe de base n'est d'ailleurs
pas sans évoquer Rampage de Midway, sorti en 1986. Les jeux du
genre sont tout de même plutôt rares (on les trouve surtout
sur Famicom) et mettent essentiellement en avant Godzilla,
King Kong ou leurs clones.
King Kong 2: Ikari no Megaton Punch
(1986, Konami)
Rampage
(1986, Midway)
Godzilla: Monster of Monsters!
(1988, Compile/Toho)
Pendant des années, l'homme a épuisé, pollué,
saccagé sa planète. L'eau a fait place à des produits
toxiques et des mutations en ont découlé. Des monstres
mutants géants sont apparus, et ils prennent possession des
lieux, en détruisant tout sur leur passage. L'humanité est
condamnée à chercher la survie et doit se contenter de voir
qui va devenir le Roi des Monstres.
L'intro
n'en est pas vraiment une. Une vue du Japon, un écran titre,
une démo. Voilà. C'est donc bien léger, SNK aurait pu
présenter un peu l'histoire du jeu (même si elle n'est que
prétexte) ailleurs que dans la notice.
Entrons
dans le vif du sujet avec trois possibilités pour jouer.
Dans celui du milieu, c'est un jeu classique contre la
machine. Celui de gauche propose de jouer à deux contre la
console, laquelle contrôlera alors logiquement deux
monstres. Enfin le dernier mode est une confrontation entre
deux joueurs. Une fois la décision prise, il reste à choisir
son champion.
Geon :
Inspiré par Godzilla, Geon est un dinosaure géant
capable de cracher du magma.
Woo :
Ressemblant à King Kong, Woo envoie des décharges
électriques.
Poison Ghost :
On suppose qu'il est fait de déchets toxiques déversés
dans la mer.
Rocky
:
Pouvant projeter de gros rochers, ce géant est une
ancienne statue égyptienne.
Beetle Mania :
Venant d'Amazonie, cet insecte mutant peut lancer sa
pince comme un missile.
Astro Guy :
Jadis humain, son corps a démesurément grandi. Il
envoie un rayon d'énergie.
Pendant
qu'on choisit son mode de jeu et son monstre favori, si on
regarde en haut de l'écran, on s'aperçoit que les commandes
du jeu sont expliquées. Trois boutons seront utilisés pour
venir à bout de ses tonnes de muscles.
: poing
: pied
: course
L'utilité du bouton est discutable, étant donné qu'on
peut également courir si on appuie deux fois sur ou . Le but est donc d'immobiliser son
adversaire trois secondes au sol, sachant que si sa barre de
santé est complètement rouge, l'opération devient
réalisable.
Heureusement,
King of The Monsters ne se limite pas à se tourner autour en
se donnant des coups de poing et de pied. La combinaison
permet à la base de sauter, mais aussi de lancer une
technique spéciale si on les maintient appuyés pendant
quelques secondes.
(maintenu)
Quand
les monstres s'agrippent, on passe du jeu de combat
classique à celui de catch. Plusieurs possibilités sont
alors offertes : , ou . et pouvant être combinés avec ou pour différents effets.
Enfin, une fois l'adversaire à terre, on peut appuyer sur
(le maintenir), (le relever) ou (sauter à nouveau sur lui).
On ne peut pas aller
partout où on veut, l'aire de combat étant délimitée par des
barrières électriques.
Faire
du catch, c'est bien. Mais nos lutteurs sont avant tout des
monstres géants au grand cœur. Ils ont besoin d'exprimer
leur génie destructeur, de laisser libre cours à leurs élans
poético-apocalyptiques. Ces grands artistes si timides et
sensibles pourront engager la conversation en se saisissant
de chars, avions et autres hélicoptères et en les offrant en
présent à leur comparse. Ils auront également le bonheur de
voir leur score augmenté s'ils font subir de lourdes pertes
aux humains, en piétinant les petits bâtiments ou en jouant
les sculpteurs autodidactes sur des monuments plus
imposants.
De
temps en temps, des pastilles marquées "P" apparaîtront. Il
faudra les prendre au plus vite (il suffit de les piétiner)
pour augmenter la puissance de son champion. Si on en
ramasse 10, la puissance est augmentée d'un niveau. On peut
ainsi l'améliorer jusqu'à 2 niveaux, soit un total de 20
pastilles à ramasser en tout.
Nos
amis ont décidé de se défouler dans un pays habitué des
colères titanesques avec Godzilla, Mothra ou même King Kong,
le Japon. Ce sera l'occasion de faire un peu de tourisme de
démolition dans six villes différentes. On voit d'ailleurs
là qu'entre les deux bombes atomiques (qui ont inspiré le
personnage de Godzilla), les tremblements de terre et les
tsunamis, le Pays du Soleil Levant a une culture des
catastrophes à grande échelle bien différente de la nôtre.
Tôkyô
Okayama
Kôbe
Kyôto
Ôsaka
Hiroshima
King
of the Monsters, contrairement à son aîné Rampage, n'est
donc pas qu'un jeu de monstres. C'est également un véritable
jeu de catch, genre assez peu représenté sur nos consoles.
Jeu de monstres, c'est bien. Jeu de catch, c'est bien
également. Mais jeu techniquement digne de son support, ce
serait encore mieux.
Le jeu s'en tire honorablement à ce chapitre, avec des
villes aisément reconnaissables : la tour de Tôkyô, le
château Ôsaka-jô, le port de Kobe, etc. C'est détaillé avec
de nombreux véhicules militaires ou civils, coloré (surtout
quand le combat a lieu de nuit) et lisible.
Les monstres sont bien différenciés mais sont un peu petits.
Plus grands, ils auraient été plus crédibles en tant que
monstres géants. Là, on n'a droit qu'à des personnages tout
juste de la taille de ceux d'un jeu de combat classique, et
encore.
Pas très
élaborée au niveaux des mouvements des monstres, l'animation
étonnera davantage en ce qui concerne les interactions
possibles avec les différents environnements. Destructions
diverses, saisie d'avions en plein vol, éclaboussures dans
l'eau, tout y est. SNK s'est appliqué à ce chapitre et cela
se voit.
Quelques cris
bestiaux, des coups d'impacts qui percutent, on pourrait
croire que King of The Monsters fait le minimum syndical.
C'est sans compter les voix des militaires tentant d'évacuer
les foules (en vain !) et les mélodies, se fondant
parfaitement dans l'action et le jeu. Chaque personnage a
son propre thème musical et certains pourront surprendre,
comme les chants accompagnant les apparitions de Woo.
Lorgnant très
clairement vers les jeux de catch, elle déroutera les
habitués de jeux de combat classiques. Une fois qu'on s'y
est fait, on pourra trouver l'ensemble un peu raide, surtout
face à la machine. Cette dernière est très largement
avantagée avec son personnage souvent gonflé à bloc, se
relevant au moins deux fois après une mise au sol, le tout
avec une barre de vie très, très longue à entamer. À deux
pour un duel, cela devient logiquement bien plus équilibré.
Très difficile
quand on joue contre la machine, il faudra beaucoup de
persévérence pour en venir à bout. Sachez qu'en cas de temps
écoulé, c'est toujours l'adversaire qui gagne. Pour résumer,
le but du CPU est juste de ne pas être au sol 3 secondes.
Dernière chose concernant le jeu contre la console, et non
des moindres, il faudra combattre chaque monstre deux fois.
En fait, cela ressemble beaucoup aux shoot them up
où il faut parfois faire deux fois le jeu en entier. Assez
rageant mais bon, c'est un jeu d'arcade, fait pour vider le
porte-monnaie, à la base. Les deux modes possibles quand on
joue à deux, les six personnages et les franches
destructions massives permettront de remettre de temps en
temps cette cartouche dans la console.
Bilan
King of The Monsters s'affranchit
correctement de sa double tâche, à savoir être à
la fois un jeu de monstres et un premier jeu de
catch pour la Neo·Geo. Sa réalisation correcte et
sa jouabilité assez complète en font un bon titre.
Pour être très bon, il lui manque tout de même des
parties contre la machine mieux équilibrées, plus
de souplesse et, par exemple, un réglage possible
de la difficulté, ici absent.
Curieusement, King of The Monsters n'est pas sorti
sur Neo·Geo CD, SNK ayant préféré n'y
commercialiser que le second épisode. Justement,
ce second épisode, outre une réalisation
logiquement plus léchée, est un beat them up
plus classique, le catch étant devenu l'apanage de 3
Count Bout.
Ce premier King of the Monsters reste plus
intéressant que son petit frère grâce à sa
difficulté mieux dosée et son panel de personnages
plus étoffé. Pour qui ne s'arrêtera pas à sa
réalisation inférieure à celle de sa suite, il
proposera un bon moment de bourrinage et de
destruction massive, le tout à la sauce catch.