The King of Fighters '98 Ultimate Match
 
 

fighting game
©2008, SNK Playmore


 
     

Certains jeux sont intemporels. Ils savent capter l'essence de leur époque, s'illustrer de par leurs grandes qualités, et marquer durablement les esprits. Ils deviennent alors des références, des mythes et par là même sont quasiment intouchables. Et pourtant, un des titres légendaires de la Neo·Geo va subir l'impensable : être modifié, complété et actualisé. Il s'agit de King of Fighters '98, ce dernier ayant démontré brillamment lors de sa sortie tout le talent de SNK en matière de jeu de combat. Lorsqu'on touche à une légende, le résultat peut rarement répondre aux attentes des fans, tant ces deniers peuvent être exigeants, voire intransigeants, et attachés au titre en question. Ce pari étant une vraie gageure, le résultat va-t-il tenir du bel hommage ou du saccage en règle ?...
En 2008 la Neo·Geo n'est plus exploitée depuis quelques années et la firme SNK est devenue SNK Playmore après avoir été rachetée, fermée, puis ressuscitée. La compagnie développe alors sur Atomiswave et, même si les nostalgiques les plus radicaux de la Neo·Geo n'y adhèrent pas, il faut bien avouer que des titres tels que
NeoGeo Battle Coliseum, Samurai Shodown VI ou King of Fighters XI sont de bien solides jeux.

 
 
NeoGeo Battle Coliseum
 
Samurai Shodown VI
 
The King of Fighters XI

Même si la période n'a pas le faste des années 90, SNK Playmore poursuit donc sur la lancée de ces jeux très corrects en s'attaquant à la rénovation d'un monument. Après avoir redonné un coup de jeune discutable à l'épisode '94, la compagnie s'attaque au pilier de sa série, King of Fighters '98. Sous-titré Ultimate Match, ce jeu a donc l'immense tâche de devoir rendre hommage et faire honneur à son illustre aîné.

King of Fighters '98 avait pour particularité d'être un Dream Match, c'est-à-dire un épisode sans scénario, permettant de procéder à des rencontres improbables. Eh bien cette version Ultimate Match emprunte assez logiquement la même voie en proposant rien de moins que de réunir l'intégralité des combattants présents dans la série entre les opus '94 à '97. Elle sort en arcade le 18 mars 2008 sur Taito Type X puis sur PlayStation 2 le 26 juin de la même année et enfin sur Xbox 360 le 1er juillet 2009.

Cette version Ultimate Match propose un remaniement de l'ouverture du jeu original sur Neo·Geo, cette séquence étant l'occasion de voir les personnages supplémentaires que va proposer le jeu.


Du côté du menu principal, on est plus proche d'un NeoGeo Battle Coliseum que d'un King of Fighters '98. C'est assez froid et métallique, mais fort complet au demeurant. Le mode Team devient Arcade Play tandis que le Single garde son nom. Petite curiosité, chacun d'eux propose de jouer contre la console, contre un humain, ou de procéder à des versus contre la machine.
Les modes Endless, Gallery, Challenge et Practice viennent compléter l'offre, le tout accompagné d'options ainsi que du King of Fighters '98 original.

Au sujet de ces options, il y a largement de quoi paramétrer le jeu entièrement à sa guise : réglages du combat, contrôles, son, apparence des personnages, affichage, meilleurs scores, gestion de la sauvegarde, rien ne manque.

Quant à la configuration de base des boutons, cette dernière convient parfaitement à la DualShock 2 avec une disposition logique mettant les coups de poing en haut et les coups de pied en bas. Pour ceux qui jouent avec un Neo Stick, il sera conseillé de la revoir afin de s'approcher au plus près de ce qui se fait sur Neo·Geo.
: poing faible
:
pied faible
: poing fort
: pied fort

 

Concernant les combinaisons, on retrouve strictement les mêmes que dans le King of Fighters '98 original. On a toujours accès à la roulade ou l'esquive selon le mode de jeu choisi, ces mouvements s'effectuant en pressant simultanément et ou .
Rappelons également le coup puissant pouvant être exécuté avec la combinaison
ou , il peut être porté debout ou lors d'un saut.
Enfin en appuyant sur
ou on se met en mode Max si on a de quoi le déclencher et cette fois, c'est valable pour les modes Avanced et Extra. On charge sa Power Gauge avec cette même combinaison en mode Extra  et elle se remplit toujours en faisant des coups spéciaux en mode Advanced.

ou
ou
ou

Une fois tous les réglages effectués il est temps de se lancer dans une partie. Avant toute chose il sera demandé de choisir le mode de jouabilité. On retrouve les classiques Advanced et Extra. Le premier se base dans les grandes lignes sur l'opus' 97 avec sa roulade, ses Power Gauges à stocker ainsi que la possibilité de courir. Le deuxième rappelle le '95 en proposant une esquive (avec contre-attaque), une barre à charger manuellement ainsi qu'un pas en avant en lieu et place de la course. Ce n'est pas tout, SNK Playmore a ajouté un troisième mode, l'Ultimate.

Si on opte pour ce dernier on peut paramétrer à sa guise la façon d'avancer, le choix de l'esquive ainsi que la gestion de la Power Gauge. On peut donc se forger le mode idéal.

Ensuite force est de constater que l'écran de sélection est fort bien actualisé. C'est désormais opulant en passant de 38 à 43 personnages de base, sans compter les boss à débloquer. C'est simple, une fois tout déverrouillé, on a droit à absolument tous les personnages présents dans les King of Fighters du '94 au '97. N'oublions pas les versions alternatives de plusieurs combattants, déjà présentes dans le King of Fighters '98 original pour 13 d'entre eux, et ici complétées pour atteindre le nombre respectable de 19.

Au niveau des vrais ajouts, on pourra retenir la Boss Team avec Geese Howard, Wolfgang Krauser et Mr Big, les boss de fin Leopold Goenitz et Orochi, ainsi que les retours d'Eiji Kisaragi et de Kasumi Tôdô.


Parmi toutes les versions alternatives de nombreux combattants, les amateurs de King of Fighters '97 retiendront en particulier Orochi Iori et Orochi Leona qu'on avait seulement pu voir dans cet épisode. Ils étaient bien présents dans le '98, mais seulement le temps d'un coup.

Au sujet des coups spéciaux ce jeu reste avant tout un King of Fighters '98, ce qui ne sera pas pour déplaire aux amateurs de l'original. Désormais tout est accessible en passant par le menu de pause. On pourra noter quelques modifications mineures, comme par exemple le fait que le Haoh Shoko Ken de Takuma devient une Desperation Move, mais dans l'ensemble on retrouve le panel de coups du jeu sur Neo·Geo.

Hien Shippu Kyaku
(2 sec) + ou
100 Shiki Oni Yaki
+ ou
Ja Ei Ken
+ ou

Ces coups spéciaux de base sont complétés par les désormais classiques Desperation Moves et Super Desperation Moves. Il s'agit fondamentalement des mêmes coups, la seule différence résidant dans leur puissance et leur rendu. Pour les premières il faut soit employer une Power Gauge, soit être en mode Max tandis que pour les secondes, les deux conditions doivent être remplies.

Ryûko Ranbu
+ ou
Raging Storm
+ ou
Unlimited Desire
+ ou

En général les King of Fighters ne sont pas particulièrement généreux en décors. Eh bien cette mouture '98 Ultimate Match vient contredire cette tradition en reprenant les 9 lieux du '98 original, en intégrant 4 stages d'anciens épisodes pour la '96 Boss Team, Goenitz, la Orochi Team, Orochi, et enfin en ajoutant 6 toiles de fond inédites. On arrive donc à un joli total de 19 arènes pour s'affronter.





Quant aux temps de chargements, ces derniers sont assez courts et bien dissimulés, on en oublie presque le support.

Enfin pour les plus nostalgiques SNK Playmore a tout prévu. Il est tout à fait possible de jouer à la version Neo·Geo dans le mode du même nom. On retrouve alors tout le jeu original avec son contenu, le tout dans une version plus que correctement émulée. La plus grande différence avec le jeu d'origine réside dans le nombre de crédits, ces derniers devenant ici infinis.




Reprenant à son compte la grande tradition des jeux Neo·Geo de sa première moitié de vie, King of Fighters '98 Ultimate Match nous offre une apparition du roi du caméo, G-Mantle. On peut l'apercevoir dans l'un des six stages inédits, il s'agit du décor prenant place dans une ville chinoise. G-Mantle est visible en haut de l'escalier tout à gauche, à partir de la troisième manche lorsque la nuit est tombée.

Justement, au sujet de ce stage, sa représentation évoque la ville de Xitang, construite autour de canaux. Les toits, les lanternes, le style général de ce décor sont très similaires à ce qu'on peut trouver dans cette ville.


Enfin pour ceux qui auront la curiosité d'aller dans le mode Gallery, outre des illustrations classiques ainsi que l'intro du jeu, il y aura une surprise faisant référence à King of Fighters Dream Match 1999. Ce jeu, sorti sur Dreamcast, était l'adaptation du King of Fighters '98 de la Neo·Geo et était en quelques sorte une première ébauche de la version Ultimate Match qui nous occupe ici.

Si la refonte était bien entendu plus discrète, on pouvait déjà noter des décors modélisés en 3D, un habillage rénové, ainsi que surtout un dessin animé d'ouverture désormais accessible ici. Voilà une jolie mise en avant pour une adaptation quelque peu oubliée.

S'il est un héritage bien lourd à porter, c'est bien celui de King of Fighters '98. Au niveau du contenu cette mouture Ultimate Match sublime la version originale, mais qu'en est-il au juste de la réalisation ?...



Le style graphique King of Fighters est assez unique dans le domaine du jeu de combat en 2D, il est ici repris dans cet épisode. Les habitués retrouveront leurs marques avec des personnages aux proportions assez élancées évoluant dans des stages pouvant être soit en 2D comme la version arcade, soit en 3D comme le permet cette version console. Si on opte pour la première possibilité on a alors un visuel très proche de la mouture Neo·Geo avec les stages mythiques repris d'anciens épisodes ainsi que de nouveaux décors, manquant tout de même d'un peu de relief à y regarder de près. Ce désagrément est gommé si on choisit l'affichage des graphismes en 3D, mais cela pourra rebuter les puristes de la version de base.
Sans révolutionner la saga, King of Fighters '98 Ultimate Match ressemble donc beaucoup à son modèle, mais en proposant une quantité d'arènes de combat en nette progression.


L'animation est peut-être l'un des points où le jeu évolue le moins. King of Fighters '98 était un titre qui brillait de par son animation à la fois correctement décomposée et lisible, la version Ultimate Match reprend en grande partie cette recette efficace et éprouvée. Cela pourra paraître un peu étrange si on considère des titres mieux animés comme Garou: Mark of the Wolves ou Street Fighter III 3rd Strike, mais cela reste toujours aussi convaincant et le jeu original n'est pas dénaturé. On pourra noter quelques changements très mineurs, mais pas de quoi crier au chamboulement à ce chapitre.


Concernant les bruitages c'est toujours aussi impactant, ça reste très sec, on en redemande.
Pour les musiques, on a le choix entre celles de la version arcade et des réorchestrations issues de la Neo·Geo CD, reprises à l'identique. Ainsi même les plus tatillons pourront trouver leur bonheur. Il est à noter que le jeu propose une foule de thèmes additionnels correspondant à certaines combinaisons d'équipes. On se rend compte à quel point c'est impressionnant quand on parcourt le sound test.





La jouabilité est un aspect qui a été modifié en douceur. Si les bases sont conservées on remarquera çà et là de discrets changements. Outre le mode Ultimate présenté précédemment, on pourra par exemple citer la charge de la barre plus rapide en mode Extra, un rééquilibrage général ou encore le mode Max s'activant de la même façon que ce soit en Advanced ou en Extra.
À l'instar de son légendaire modèle, King of Fighters '98 Ultimate Match reste un monument absolu du jeu de combat. Les techniciens du versus auront de la matière à exploiter et les joueurs plus occasionnels pourront apprécier son gameplay à la fois assez accessible et offrant une marge de progression possible très importante.
Enfin un mot sur la manette. Si la DualShock 2 se montre correcte, une manette de type arcade sera plus indiquée, le Neo Stick étant particulièrement et logiquement bien adapté au jeu.


Au niveau de la durée de vie ce King of Fighters frappe très, très fort. Si l'épisode XI se montrait des plus généreux, surtout dans sa version console proposant de nombreux bonus, ici pour le '98 Ultimate Match les mots viennent à manquer. Le tableau de sélection des personnages bien rempli, les stages toujours plus nombreux, les musiques à foison, les modes de jeu variés, King of Fighters '98 Ultimate Match reprend l'esprit de son glorieux modèle et pousse encore plus loin le concept. Ce titre propose un contenu énorme, sa durée de vie est exemplaire.



 
Bilan
 
 

Proposant toujours plus de contenu, King of Fighters '98 Ultimate Match accomplit l'exploit de ne pas trahir l'esprit d'un des piliers de la Neo·Geo et se permet même de le magnifier au passage.
Tout est travaillé et optimisé pour rendre un vibrant hommage à un légende. Certains pourront pointer du doigt le fait que le jeu ressemble beaucoup à son modèle, d'autres que quoi qui leur soit proposé rien n'égalera jamais la version Neo·Geo. Tout cela ne sera que critique aux fondations bien fragiles, tant cet épisode sait offrir au joueur une expériece alliant avec brio nouveauté bien dosée et respect des excellentes bases du mythe qu'il revisite.
Voilà un King of Fighters qui tutoie les sommets de la perfection pour qui est amateur. Il aura même droit à une deuxième version arcade sur PGM 2, King of Fighters '98 Ultimate Match Hero, ainsi qu'à une évolution ultime appelée Final Edition, sur divers supports.


King of Fighters '98 Ultimate Match reste un incontournable du jeu de combat en 2D sur la console de Sony
. Son contenu foisonnant, son gameplay abouti ainsi que sa réalisation solide en font un jeu de tout premier choix. Mais est-il pour autant le meilleur ? Eh bien, pas si évident que cela à affirmer. Outre la présence d'une excellente adaptation de Street Fighter III 3rd Strike sur PlayStation 2, il se pourrait que la menace pour le roi des combattants vienne de l'intérieur. En effet King of Fighters 2002 Unlimited Match est un titre qui ne craint pas grand-chose, au point de faire de l'ombre sans souci à ce '98 Ultimate Match. Mais cela est une autre histoire...

Tarma

 
     

   




 

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