Eightman
 
 


beat them up
©1991, Pallas
46 Mbits


 
     

Vous rêvez d'enfiler un collant moulant pour aller faire un sprint sur l'autoroute, au nom de la veuve et de l'orphelin ? Aussi curieux que ça puisse paraître, Pallas a pensé à vous.
Second jeu Neo·Geo a être adapté d'un manga après Legend of Success Joe, Eightman provient d'une bande dessinée japonaise publiée en 1963. Illustré par Jiro Kuwata et écrit par Kazumasa Hirai, il raconte l'histoire du détective Yokoda, retrouvé mort et ressuscité par un savant du nom de Tani, qui a déjà fait sept tentatives de créer un être cybernétique. Yokodo est le huitième et c'est un succès, il devient Eightman. On remarquera que cette trame rappelle celle de Robocop ; d'ailleurs Eightman en est généralement considéré comme la source d'inspiration principale.
Le jeu qui en est l'adaptation directe reprend les mêmes bases en proposant de vivre les aventures de ce super-détective. Il sort en octobre 1991 sur MVS puis le mois suivant sur console.

Le petite intro fait immanquablement penser à celle de 2020 Super Baseball, avec son côté futuriste et, surtout, avec ses voix robotiques. Les deux jeux ont d'ailleurs été développés par la même société, Pallas.


Eightman est un beat them up qui a la particularité de se jouer sur un seul plan, comme Altered Beast, Vigilante ou encore Two Crude. On y incarne le héros Eightman et son collègue de bureau et accolyte logiquement appelé Nineman (!), apparemment clients du même tailleur. Ils sont prêts à enfiler leur combinaison moulante pour en découdre avec l'affreux qui veut prendre le contrôle de la ville.

Il n'y a pas grand chose à régler, seul le choix du niveau de difficulté étant proposé. Quant à la traditionnelle séquence How to Play, elle dévoile l'utilisation des boutons , et .
: coup de poing / coup de pied
: saut
: attaque spéciale
: coup de pied spécial
+ : glissade / descendre d'une plate-forme
Les attaques spéciales sont en fait désignées en tant que bombes. Le joueur en a trois en stock au début du jeu. Si on joue à deux, cette attaque change

Ajoutons à cela les classiques items - sous forme de capsules - augmentant la puissance de votre super employé de bureau et nous obtenons un beat them up prêt à offrir une bonne dose d'action.

Power Capsule
Item le plus fréquent. Plus on en ramasse, plus le héros devient puissant.
Life Capsule
Cette capsule donne un point de vie.
Bomb Capsule
Elle alloue une bombe (attaque spéciale, donc) supplémentaire.
Eight Capsule
Assez rare, ce bonus confère une invincibilité ainsi que des bombes infinies de puissance maximale un cours laps de temps.

Eightman propose de parcourir quatre niveaux reprenant des thèmes assez variés : l'autoroute, la jungle, le complexe industriel, etc. Voici un aperçu des trois premiers.

Stage 1: City on fire
Stage 2: Jungle Complex
Stage 3: City Complex

Chacun de ces niveaux se décompose en plusieurs tableaux. Certains proposent des phases de beat them up classique à un plan alors que les autres ont un scrolling forcé assez rapide qui évoque les shoot them up.

Enfin n'oublions pas les confrontations contre les boss de fin de niveau. Pas très originaux ni particulièrement résistants, il relèvent davantage de l'anecdote que du combat mémorable.

S'appuyer sur un manga, c'est bien. Être développé sur un support de choix, c'est très bien. Exploiter correctement le support en question et offrir un bon moment au joueur, c'est mieux. Voyons si Eightman s'aquitte de cette mission.



Première chose, les couleurs sont au rendez-vous. C'est apocalytique à souhait, dans la veine d'un Robo Army, sorti en même temps. Villes dévastées, espaces désolés, complexes futuristes, tout y est. Le design des héros et ennemis n'est pas particulièrement réussi ou original, mais cela reste correct.
Plus gênant pour une machine telle que la Neo·Geo, c'est la bande noire en bas de l'écran.


Nous sommes sur Neo·Geo et Pallas tient à ce que cela se voit : du zoom, quelques distorsions, des scrollings rapides, tout est (logiquement) un bon cran au-dessus de ce qui se fait sur les autres consoles. L'animation des différents personnages n'est pas ailleurs pas si travaillée que cela, à y regarder de près.
Là encore, on regrettera les quelques clignotements qui s'invitent parfois quand l'écran est chargé en ennemis et effets pyrotechniques.


Eightman proposes des bruitages de qualité, mais manquant un peu de percutant. Les explosions sont assourdies et aucun bruit d'impact ne vient accompagner les coups donnés. Quant aux musiques, sans rester dans les mémoires, elles sont entraînantes et réussies et correspondent bien à l'ambiance - un peu kitsch - du jeu.


Curieusement équilibrée, la difficulté est à la fois élevée et basse. Explication. D'un côté, tout contact avec un ennemi est sévèrement puni et la barre de santé diminue très vite si on n'y prend pas garde. D'un autre côté, les items sont nombreux et gagner en puissance ou des points de vie n'est pas très difficile. En plus, à puissance maximale, le héros n'a aucun mal à se défaire rapidement des boss de fin de niveau s'il a quelques bombes en stock.
Autre regret, l'absence d'objets à ramasser rend l'action un peu répétitive : on frappe, on saute, on glisse, on déclenche une bombe, on frappe, etc.
Les commandes répondent par ailleurs très correctement et la présence de stages typés shoot them up apporte une touche de variété fort bienvenue. Quelques phases avec un zeste de plate-forme (trous à franchir) ponctuent le jeu et permettent de mettre en avant le fait que le saut a plusieurs amplitudes.


Quatre niveaux, c'est peu. Un seul personnage (Nineman n'est qu'un clone alloué à la seconde manette), c'est très peu. Pas très facile à finir en un crédit, il aura du mal à faire oublier sa durée de vie, trop courte. Le mode pour deux joueurs relance un peu l'intérêt, mais sans plus.



 
Bilan
 
 

Eightman est un beat them up assez original avec ses phases rapides, proposant une bonne dose d'action et bien kitsch, parfaitement en adéquation avec son modèle des années 60. Le fait que le héros évolue (trop peu, hélas) est un plus appréciable. Hélas, sa durée de vie vraiment trop faible, une difficulté curieusement dosée ainsi qu'un certain manque de punch l'empêchent de briller.
Un jeu pas trop mal, assez réussi, mais à essayer avant de se laisser tenter, tant ses défauts rebuteront certains de façon définitive.


Pas parmi les plus chers, Eightman n'existe qu'aux formats MVS et AES. Pour les amateurs du CD, il faudra repasser. Ce jeu a beaucoup vieilli. Dans le genre, beaucoup plus qu'un Final Fight ou un Captain Commando, par exemple.
Si les nostalgiques ayant connu et apprécié ce titre y trouveront leur compte avec une sacrée ration d'action kitsch assumée bien rétro, pour les autres, cela risquera fort de tourner à la grosse déconvenue.
Pas mauvais, mais loin de pouvoir séduire un large public (même amateur de jeux anciens), Eightman devra passer l'épreuve d'un essai avant d'être adopté. Dans cette hypothèse, il saura offrir un bon moment à celui qui recherche un beat them up pas trop long et défoulant.

Tarma

 
     

   




 

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