Bien que rivales, les sous-séries Real Bout et Street Fighter Alpha sont assez proches dans leur esprit. Elles misent beaucoup sur une jouabilité à la fois très accessible et évoluée, le tout agrémenté d'un habillage lorgnant clairement vers le dessin animé. On est par exemple plus éloigné des King of Fighters et autres Street Fighter III, plus sérieux, plus sobres, plus techniques.

SNK a frappé fort avec son Real Bout Fatal Fury Special. Réalisation de très haute volée et jouabilité plus que plaisante lui ont valu un statut de choix. Un peu plus d'un an après, nous avons droit à un nouvel opus du genre poids lourd. Pesant plus de 500 Mbits, proposant pas moins de 22 combattants, il est clairement là pour confirmer encore et toujours plus la maîtrise de SNK dans le domaine du jeu de combat.

Capcom est resté sur un très joli succès avec ses Street Fighter Alpha 2 / Street Fighter Zero 2 et leur version customisée, Street Fighter Zero 2 Alpha. Très joli succès, mais intrinsèquement allant moins haut dans les sommets de l'excellence que Real Bout Fatal Fury Special. Mais attention, Capcom est tout sauf un développeur à se laisser distancer. Aussi 1998 voit arriver un vrai troisième épisode de sa sous-série Alpha. Encore plus imposant que son aîné, il débarque avec 354 Mbits et 25 personnages.

Dernière occasion de confronter un Real Bout à un Street Fighter Alpha, ce comparatif va essayer de départager au mieux ces deux prodiges destinés à tutoyer les étoiles du fighting game.

 

Assurance du trait, choix judicieux des couleurs, on retrouve avec plaisir dans RB2 les ingrédients graphiques de l'épisode précédent. Les stages sont désormais au nombre de 11, avec deux ou trois variantes pour chacun (sauf celui d'Alfred, exclusif). Les tons employés sont à la fois vifs et merveilleusement accordés pour un résultat magnifique. Du côté des personnages, si leur visage en gros plan est refait et agressif à souhait, pendant les phases de jeu ils sont strictement identiques à ce qu'on trouvait dans RBS. Ce qui n'est pas un défaut, loin de là.
Street Fighter Alpha 3 reprend également les sprites de son prédécesseur. On a donc droit à un coup de crayon (si l'on peu dire, parlant de pixels) très net pour des personnages consistants à souhait. Certains trouveront M. Bison (Vega en version japonaise) trop balourd ou Blanka trop caoutchouteux, mais le style graphique reste remarquable de cohérence et l'ensemble est vraiment impeccable. Les stages ne sont absolument pas en reste. Présents en nombre (un par personnage), ils font preuve d'une rare finesse et d'une très bonne mise en couleurs.
Très comparables graphiquement, Real Bout Fatal Fury 2 et Street Fighter Alpha 3 poussent très loin des bases posées en 1995. Le titre de Capcom remporte ce point grâce à son panel de décors, nettement plus étoffé.

Street Fighter Alpha 3


Une superbe statue de dragon décore la fontaine du Delta Park.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Ce temple thaïlandais semble abandonné depuis des lustres.
(Street Fighter Alpha 3)


Terry vous attend quelque part entre l'Arizona et l'Utah.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Dan se fait corriger sur la terrasse d'un hôtel de grand luxe.
(Street Fighter Alpha 3)

 

SNK a considérablement allégé son jeu en détails qui auraient pu le faire ralentir. Il faut donc faire une croix sur les gerbes de sang et autres destructions de décor. Il faut reconnaître que le résultat est là, l'animation ne faiblissant jamais. La vitesse est d'une constance à toute épreuve et trouver la faille sera bien difficile. Ajoutons à cela des Desperation Moves et Super Desperation Moves qui ont une excellent rendu. Les programmeurs se sont manifestement fait plaisir à concevoir des coups sans retenue, mais sans trahir l'esprit Fatal Fury. Les stages, bien que désormais non interactifs, fourmillent de détails comme la tête de mort enflammée dans le stage des frères Jin ou encore Bart Daniel supportant du mieux qu'il le peut le colosse Franco Bash.
Street Fighter Alpha 3 a moins de ralentissements que son aîné mais n'en est pas exempt. Les mouvements restent les mêmes et il est toujours possible de choisir, pour la vitesse, entre Normal et Turbo. Les coups normaux et les Super Combos ont un bon rendu et on voit bien que Capcom a recherché une souplesse maximale pour ses personnages. Quant aux décors, ils sont un peu moins vivants que ceux de son rival.
Real Bout Fatal Fury 2 s'impose grâce à sa quasi-absence de défauts et à ses effets visuels épatants lors de certains coups. Cette fois, malgré sa vitesse réglable, le Street Fighter en lice doit s'incliner de peu.

Real Bout Fatal Fury 2


Animation un peu simplifiée par rapport à RBS mais impeccable.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Quelques rares ralentissements s'invitent dans la partie.
(Street Fighter Alpha 3)


On peut dire que Billy n'a pas son pareil pour mettre le feu.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Charlie est un personnage à charge, à l'instar de Guile.
(Street Fighter Alpha 3)

 

SNK a réutilisé en grande partie le travail qu'il avait fourni pour l'épisode Special. Les musiques sont nombreuses, chaque personnage disposant de la sienne. Certaines mélodies sont retouchées pour un rendu un peu moins chaleureux, mais rien d'alarmant. Enfin les bruitages sont tout simplement... parfaits. Bref, ce RB2 est une franche réussite sonore, à l'image de son aîné.
Concernant les musiques de Street Fighter Alpha 3, Capcom a décidé de reprendre tout à zéro. Tout est donc inédit et... affreux. Déjà qu'on était passé de mélodies jazzy à des reprises "low tech" entre les deux premiers Street Fighter Alpha, là cela devient du grand n'importe quoi. Il est vrai qu'une bonne moitié des thèmes musicaux sont entraînants, mais leur rendu sonore reste moyen. Quant aux autres, cela confine à la bouillie de sons d'un synthétiseur bon marché. Le jeu de Capcom paie sans doute ici le prix de sa taille certes très respectable, mais nettement inférieure à celle de son concurrent. Les bruitages sont percutants à souhait, les voix des combattants sont parfaites et celle de l'arbitre omniprésente.
Plus mélodieux, plus inspiré, aussi bon en matière de bruitages, Real Bout Fatal Fury 2 ne laisse à ce chapitre pas la moindre chance à Street Fighter Alpha 3.



Real Bout Fatal Fury 2


Avec monsieur Krauser, c'est toujours le requiem de monsieur Mozart.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Certaines musiques sont tout de même correctes. D'autres... moins.
(Street Fighter Alpha 3)


Bande-son d'excellente qualité chez SNK, comme bien souvent.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Bruitages toujours au top du côté de chez Capcom.
(Street Fighter Alpha 3)

 

SNK aime voir et revoir sa copie en matière de jouabilité. Les DM et SDM exigent des manipulations plus uniformes et font moins de ravages qu'auparavant. Cela tourne donc facilement à l'orgie de super coups, ces derniers étant particulièrement impressionnants. Le jeu de SNK ne se résume pas à cela. N'oublions pas les enchaînements plus courts mais plus élaborés, utilisant les stages à un plan et, fin du fin, incluant les Fake Moves. En d'autres termes, RB2 saura satisfaire les techniciens tout en séduisant davantage les débutants. Joli tour de force. Cela étant, concernant la technique pure et dure, il n'égale pas un King of Fighters '98.
Outre le choix de vitesse entre Normal et Turbo, Street Fighter Alpha 3 propose un choix encore plus déterminant, celui du ISM. Le X-ISM reprend le principe de Super Street Fighter II Turbo avec sa barre unique et son absence de garde aérienne. Le A-ISM permet de retrouver les marques de Street Fighter Alpha 2. Enfin le V-ISM autorise des enchaînements inédits. Chaque mode a ses avantages et ses faiblesses. On peut désormais se rétablir dans les airs (on appuie sur deux boutons de poing), ce qui permet des retournements plus rapides. Enfin signalons la jauge de Guard, permettant de savoir si on peut continuer à se protéger ou non. Très abordable pour un novice, il sera moins à même de convenir aux joueurs acharnés qui préfèreront la série des Street Fighter III.
Aussi accessible que son rival, Real Bout Fatal Fury 2 peut atteindre un niveau technique assez élevé et fait preuve d'une souplesse d'utilisation sans faille. Il remporte de peu cette manche face à une excellent Street Fighter Alpha 3.

Real Bout Fatal Fury 2


L'introduction des Fake Rushes rend les faux coups très utiles.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Le Psycho Crusher de M. Bison est carrément dévastateur.
(Street Fighter Alpha 3)


La gestion des plans n'est pas la même que dans RBS.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Gen devrait faire attention, le Guard Crush le guette.
(Street Fighter Alpha 3)

 

Malgré son importante rallonge de Mbits par rapport à son aîné, Real Bout Fatal Fury 2 ne propose que deux combattants supplémentaires. Certes, ils sont totalement inédits, mais il était légitime de s'attendre à un peu mieux. Il y a bien un boss caché, Alfred, mais il est hors de question de le prendre avec un simple code. De plus, RB2 perd les versions EX de son aîné. On retrouve bien quelques coups, comme par exemple pour Blue Mary, mais ce n'est pas la même chose. La durée de vie reste excellente grâce au très bon équilibre entre les personnages (même si certains finissent par se démarquer) et les duels promettent de s'enchaîner un long moment.
Street Fighter Alpha 3 est plus généreux. Avec 25 personnages de base, il propose un roster des plus corrects. Il y a des anciennes têtes, comme Honda ou Cammy (quoique cette dernière était présente dans Street Fighter Alpha 2 Gold, adaptation console de Street Fighter Zero 2 Alpha), des transfuges, comme Cody et des nouvelles, comme Karin et Mika. Si tout cela ne suffit pas, il sera possible de prendre Juni et Juli (deux clones de Cammy) et surtout Balrog, personnage 100% à part entière.
Avec 26 véritables personnages, Street Fighter Alpha 3 surpasse ici le titre de SNK sans trop de souci, malgré le tableau de sélection honorable de ce dernier.

Street Fighter Alpha 3


Avec 22 personnages, on a le plus fourni des Fatal Fury.
(Real Bout Fatal Fury 2)

25 combattants dont 3 sont inédits dans la saga.
(Street Fighter Alpha 3)


Rick et Xiangfei apportent un peu de sang neuf.
(Real Bout Fatal Fury 2)

Le Tiger Uppercut de Sagat reste un coup redoutable.
(Street Fighter Alpha 3)

 

 
Bilan
 
 



1998 est décidément un grand cru pour la Neo·Geo : Blazing Star, Metal Slug 2, The King of Fighters '98 et The Last Blade 2. Real Bout Fatal Fury 2 n'est absolument pas ridicule au beau milieu de cette meute de hits tous plus attrayants les uns que les autres. Ce n'est peut-être pas le meilleur jeu de cette année-là. Ce n'est probablement pas non plus le chef d'œuvre absolu de SNK. Cela reste un grand jeu qui ne peut que ravir les fans de la série et séduire un bon nombre d'amateurs de jeux de combat.

Quant à Street Fighter Alpha 3, Capcom nous montre une nouvelle fois qu'il sait faire du beau jeu, du jeu jouable, du jeu bien fourni. Et ce, avec plus de 150 Mbits de déficit. Ce titre pêche essentiellement au niveau de sa bande-son, complètement indigne du reste de sa réalisation de haute volée. Cela explique peut-être que certains joueurs lui préfèrent l'épisode précédent, plus mélodieux et à la jouabilité moins dispersée. Il reste que c'est un défaut peu grave pour un jeu de combat et que ce n'est pas l'essentiel. Enfin Street Fighter Alpha 3 a été remanié et adapté sur divers supports avec de plus en plus de personnages pour atteindre le nombre de 33 dans son adaptation sur Dreamcast, particulièrement généreuse.

Tarma






 
     

   




 

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