Shinobi est une des franchises de premier ordre pour Sega, le ninja Joe Musashi ayant débuté ses aventures dans le monde de l'arcade avant d'être adapté - avec plus ou moins de bonheur - sur consoles et ordinateurs. Même si on peut le présenter comme un titre mêlant plate-forme et action, les mécaniques de jeu font davantage penser au monde du shoot them up. Fort d'un succès certain, c'est donc très logiquement que ce solide jeu se voit pourvu en décembre 1989 non pas d'une, mais de deux suites. La plus connue est The Revenge of Shinobi, épisode sortant directement sur la console 16-bit de Sega sans passer par la case arcade. L'autre, plus confidentiel, sort en premier lieu sur System 18, il s'agit de Shadow Dancer.

De son côté, Alpha Denshi finalise à peine quatre mois plus tard son Magician Lord sur la toute jeune Neo·Geo. Là aussi, il est question d'un jeu de plates-formes / action où il s'agit de tirer sur des ennemis et de mémoriser tous les passages, sous peine de voir le stock de vies s'épuiser prématurément. On est également dans un registre plus "shmupesque" qu'autre chose.

D'un côté on a Alpha Denshi qui nous propose donc son Magician Lord en tant l'un des tout premiers jeux de la Neo·Geo. D'un autre côté on a un Sega en pleine forme avec sa série qui se diversifie sur les fronts arcade et console. Sortilèges contre shurikens, le sorcier face au ninja, c'est maintenant !


Magician Lord, bien qu'il n'exploite évidemment pas complètement la Neo·Geo, se montre bien joli avec ses décors variés et détaillés. On part d'un style heroic fantasy classique coloré et lumineux pour s'enfoncer toujours davantage dans les ténèbres et le malaise. Bon, même si c'est un parti pris intéressant, il faut admettre que certains tableaux sont tout de même ternes et un peu répétitifs.
De son côté, Shadow Dancer fait une entorse au schéma de Shinobi et Revenge of Shinobi. Ici, point de de Japon. L'action est intégralement située dans des environnements occidentaux, très probablement aux États-Unis. Si techniquement c'est propre, on reste un cran au-dessous de Magician Lord, aussi bien au niveau des couleurs que des détails.
Magician Lord profite ici du support plus récent face à un jeu Sega qui se défend plutôt bien, il remporte cette manche.

Magician Lord

 
Ambiance glauque et visqueuse garantie.
(Magician Lord)

Le jeu débute dans un aéroport tout ce qu'il y a d'occidental.
(
Shadow Dancer)

 
Cette mine abandonnée regorge de pièges.
(Magician Lord)

Les couleurs employées par Sega sont un peu ternes.
(
Shadow Dancer)


Quelques zooms agrémentent l'animation de Magician Lord, cette dernière étant tout de même un peu trop raide. Les déplacements du héros n'ont rien de grâcieux et les ennemis sont succintement animés. Outre ses zooms et explosions, Magician Lord fait étalage de scrollings différentiels donnant une bonne impression de profondeur. Enfin on pourra apprécier quelques détails vraiment bien faits comme par exemple l'eau au début du stage 5. Pour résumer, Magician Lord dispose d'une animation vraiment trop sommaire, le tout rattrapé en partie par des effets réussis, même si on pourra trouver que ça fait un peu office de cache-misère.
Le jeu signé Sega ne dispose d'aucun zoom, rotation ou autre effet à proposer. En contrepartie, Hayate a plus d'aisance qu'Elta, sans toutefois être un modèle du genre. De même les ennemis bénéficient de mouvements certes limités, mais suffisants pour une prestation exédant rarement les 5 secondes. Rien de bien exceptionnel, mais rien de particulier à reprocher non plus, Shadow Dancer se montrant très correct à ce niveau.
Quelques effets d'un côté, une animation un peu mieux faite de l'autre, on peut les mettre à égalité.

Égalité


Elta comme ses ennemis ne sont pas très bien animés.
(Magician Lord)

L'animation est propre sans être exceptionnelle.
(
Shadow Dancer)

 
Ces grenouilles sont particulièrement pénibles à passer.
(Magician Lord)

Ici un ennemi surgit du fond en brisant une vitre.
(
Shadow Dancer)


Avec Magician Lord, la musique vous transportera dans un monde magique et dangereux. Les mélodies sont tout à fait appropriées et leur qualité n'est pas en reste. En revanche on pourra regretter qu'à partir d'un certain point, les musiques des premiers niveaux niveaux soient reprises pour terminer le jeu. Quant aux bruitages, s'ils sont classiques, ils se distinguent par la voix du l'ennemi principal, Gil Agiese, assez réussie mais manquant de clarté.
Shadow Dancer a pour lui des musiques composées par Keisuke Tsukahara. Bien que leur orchestration soit peut-être un peu moins bonne que du côté de chez Alpha Denshi, elles se montrent au moins aussi entraînantes et travaillées. Chose qui ne gâche rien, on retrouve vraiment l'esprit des musiques du premier Shinobi, ce qui ne dépare pas dans ces niveaux pourtant à thème occidental.
Avec ses musiques souvent épiques et inspirées tout en étant de qualité, Magician Lord gagne ici face à un Shadow Dancer qui ne démérite pas.



Magician Lord

 
Alpha Denshi a su insuffler une ambiance réussie à son jeu.
(Magician Lord)

L'ambiance sonore ne tranche pas avec le premier opus.
(
Shadow Dancer)

 
On retrouve ici la musique du premier niveau du jeu.
(Magician Lord)

Les digitalisations vocales du héros sont très réussies.
(
Shadow Dancer)


L'originalité de Magician Lord est la possibilié, pour le héros, de se transformer en six êtres différents - dont un Shinobi ! - en combinant des orbes à ramasser, soit un total de sept possibilités. Chacun a ses propres caractéristiques : tir, déplacement, saut. Il en résulte une grande variété au niveau de la jouabilité et impose de choisir au mieux la forme à adopter pour passer tel ou tel niveau. Cela ne doit toutefois pas occulter des soucis de précision dans les déplacements et, surtout, lors de certains sauts.
Shadow Dancer ne propose quant à lui aucune transformation, ce qui n'empêche pas son héros d'user également de magies dévastatrices. L'ensemble est plus précis mais la maîtrise totale du principe du saut amenant à un plan différent demandera un peu de pratique. Et il en faudra, car non seulement il faut trouver la sortie du niveau, mais en plus il s'agit de désamorcer des bombes. Enfin cerise sur la gâteau, Hayate est accompagné de son fidèle compagnon qui n'est pas là pour faire de la figuration. Ce dernier peut immobiliser un ennemi le temps de s'en défaire.
Plus précis, et même sans transformations, le jeu de Sega prend ici l'avantage.

Shadow Dancer

 
Le Raijin est l'une des transformations possibles d'Elta.
(Magician Lord)

Le maniement de base est expliqué pendant la petite démo.
(
Shadow Dancer)

 
Transformé en dragon, Elta peut viser en diagonale.
(Magician Lord)

Hayate use de sa magie ninja pour nettoyer tout l'écran.
(
Shadow Dancer)

 

Magician Lord possède huit niveaux à parcourir, chacun comportant différentes salles à explorer. Et cela ne sera pas un parcours de santé, tant le jeu est difficile. Il faudra donc s'armer de courage et de détermination pour espérer en venir à bout après une lutte de 30 min à une heure selon qu'on va droit au but ou non. Certains passages sont ignobles avec des hordes d'ennemis qui ne sont là que pour faire diminuer la barre de vie. Même si avec de la pratique c'est faisable, cela reste rageant. Le titre signé Alpha Denshi demandera par conséquent beaucoup de patience et de rigueur pour daigner dévoiler son générique de fin.
De son côté, Shadow Dancer ne dispose que de quatre niveaux, ces derniers étant découpés en plusieurs étapes pour un total de 15 tableaux. Il se montre très difficile, tout en étant moins ardu que son concurrent. Par ailleurs le titre signé Sega se révèle un peu plus court, le jeu demandant un peu moins d'une demi-heure pour être achevé. La progression est ponctuée de Bonus Stages qui ne manqueront pas d'évoquer ceux du premier Shinobi, avec une horde de ninjas à dégommer.
Se montrant un peu plus vaste tout en étant très délicat à terminer, Magician Lord propose un défi encore plus relevé... qui risque de décourager certains joueurs. Le côté "pompe à fric" inhérent à l'arcade est ici très visible dans ce jeu  punitif. Cela empêche Magician Lord de prendre l'avantage sur son rival.

Égalité


Ce boss demandera patience et réflexes pour libérer son grimoire.
(Magician Lord)

Voici un boss qu'il ne vaut mieux pas titiller de trop près !
(
Shadow Dancer)

 
Ce passage est assez assez délicat, gare au stress !
(Magician Lord)

Même les Bonus Stages ne laissent pas le temps de respirer.
(Shadow Dancer)


 
Bilan
 
 



Si Shadow Dancer remporte la victoire aux points, il convient de nuancer. Magician Lord domine le jeu de Sega aux chapitres des graphismes et du son, deux habituels points forts de la Neo·Geo. Là où le titre signé Alpha Denshi trébuche, c'est au niveau de sa difficulté très relevée et de sa jouabilité manquant de précision. Ces deux défauts ne font vraiment pas bon ménage et cela coûte la victoire à un Magician Lord qui a pour lui son univers très abouti.
On pourra noter que Shadow Dancer a été adapté sur divers supports mais pas la Mega Drive. Enfin, pas exactement. Un jeu avec le même titre existe bien sur cette console, avec un ninja accompagné d'un chien, mais tout le jeu est différent par ailleurs. Même s'il n'égale absolument pas The Revenge of Shinobi ni Shinobi III, c'est un jeu au défi relevé à essayer.


Tarma






 
     

   




 

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