Les
loups solitaires investissent la console 16-bit de Nintendo
pour un deuxième épisode. En effet il s'agit du portage de
Fatal Fury 2 et c'est toujours Takara qui est aux commandes.
Déjà sorti au Japon sur Super Famicom en novembre 1993, il
arrive sur Super NES en avril 1994, soit un mois après
l'impressionnante adaptation PC Engine. Pour la version
européenne, il faudra attendre l'été de la même année.
Le moins qu'on puisse dire est que cette adaptation est loin
d'arriver en terrain conquis. D'une part cela est dû au fait
que les précédents portages, Fatal Fury et Art of Fighting,
avaient pas mal déçu. D'où une méfiance vis-à-vis de cette
version de Fatal Fury 2. L'autre raison est que la console
de Nintendo est déjà très bien pourvue en jeux de combat, ne
serait-ce qu'avec Street Fighter II Turbo qui y règne en
maître absolu. Lorsque Fatal Fury 2 sort sur Super Famicom,
en plus du monument de Capcom il y a déjà également des
titres tels que World Heroes ou Mortal Kombat.
Street Fighter II Turbo
World Heroes
Mortal Kombat
Après
une diète sévère en passant de 106 à 20 Mbits, ce Fatal Fury
2 à la sauce Nintendo s'annonce plutôt épuré, il perd la
mythique intro "Again, legendary men return..." de
la version Neo·Geo.
On
ne va pas s'arrêter à cette première impression, d'autant
plus que les options et modes de jeux sont en nombre. Du jeu
contre la machine, du jeu contre un humain, du jeu par
élimination, voilà de quoi s'occuper un moment.
Le
mode 1P vs. Com correspond au jeu original sur Neo·Geo. 8
personnages figurent à l'écran de sélection des combattants
(un code permet de prendre les 4 boss) : Terry Bogard, Andy
Bogard, Joe Higashi, Big Bear, Jûbei Yamada, Cheng Sinzan,
Kim Kaphwan et Mai Shiranui. Nouvelle perte à signaler, on
n'a plus droit à l'écran de sélection avec les personnages
visibles en entier. Takara a mis à la place un tableau
classique fait de 8 cases (ou 12 avec un code, donc).
Il faut participer au tournoi pour espérer affronter les
sbires de Wolfgang Krauser avant de parvenir au Dark Kaiser
en personne. Le jeu à deux est possible, mais aucun réglage
ne sera proposé, sans compter que le gagnant gardera son
personnage... Exactement comme sur Neo·Geo.
Cela n'est pas le cas si on opte pour le mode 1P vs. 2P.
Outre le changement de personnage, ici, il est possible
d'ajuster un handicap pour équilibrer les duels entre
opposants de niveaux différents et on peut également choisir
l'arène de combat parmi les 12 que compte le jeu.
Enfin
le mode Elimination permet de prendre de 1 à 8 combattants
pour constituer une équipe. On n'y joue que contre un
humain. Ici, il ne sera ni question de handicap, ni de choix
de décor.
Que
de voyage et de dépaysement : les canaux de Venise, Uluru,
le mont Fuji... On retrouve les 8 stages de base de la
version Neo·Geo, aucun ne manque.
Terry
Bogard
Andy
Bogard
Joe
Higashi
Big
Bear
Jûbei
Yamada
Cheng
Sinzan
Kim
Kaphwan
Mai
Shiranui
Les
combats sont ponctués de Bonus Stages, absolument identiques
à leurs homologues sur Neo·Geo. Le premier se déroule en
Thaïlande et propose de changer de plan pour parvenir à
détruire des blocs de pierre. Le second prend place en
Angleterre et si on utilise le coup puissant pour détruire
le bloc, ce dernier est envoyé vers l'arrière et on marque
davantage de points.
Assez
fidèle au jeu d'origine dans son contenu, cette adaptation
de Fatal Fury 2 tient-elle pour autant la route au niveau de
sa réalisation ?
Bien entendu
la Super NES n'est pas la Neo·Geo et en y regardant de près,
on se rend compte qu'on perd en finesse, détails et
couleurs. Les décors sont inévitablement moins fouillés et
perdent en ampleur. L'ensemble reste cependant très correct
et somme toute assez proche de l'original si on se base sur
les adaptations de Capcom.
On notera que
l'animation subit aussi inévitablement des pertes avec une
diminution du nombre d'étapes, une réduction de la taille
des personnages, ainsi que l'absence de zoom inversé quand
les combattants sont sur le plan du haut. Cela étant Fatal
Fury 2 reste un titre qui bouge très correctement. Cerise
sur le gâteau, les ralentissements du stage de Jûbei sont
ici absents. En revanche, pas de vitesse réglable au
programme.
Tous les thèmes sont
présents et se révèlent fidèles aux originaux. On perd la
puissance des basses massivement employées si
caractéristiques des jeux Neo·Geo, mais l'ambiance est
heureusement préservée. Au sujet des musiques les
possesseurs de Super Famicom seront avantagés par rapport à
ceux qui jouent sur Super NES ou Super Nintendo. En effet
sur console japonaise les mélodies continuent entre chaque
manche, alors que sur console occidentale, elles sont
interrompues et reprennent au début.
Quant aux bruitages, s'ils
sont assez nombreux, ils manquent cependant d'impact et de
clarté, c'est trop assourdi. Cela est encore plus vrai pour
les digitalisations vocales. On a l'impression que le son a
été compressé. Sur ce point, Capcom a fait bien mieux avec
son Street Fighter II Turbo. De plus il manque quelques voix
et il y a des partages assez fréquents d'un personnage à
l'autre.
La jouabilité
est également similaire à celle de sa grande sœur : liberté
de mouvements, nombreux coups spéciaux, Desperation
Moves, gestion des plans, tout y est. Justement à
propos du changement de plan et du coup puissant, ces
derniers sont facilités car ils sont exécutables en appuyant
sur les touches L et R, les raccourcis restent présents. Les
fans de Street Fighter pourront regretter l'absence
d'enchaînements, mais il faut savoir que même sur Neo·Geo,
ces derniers y sont absents. Ils n'apparaîtront que dans
Fatal Fury Special.
C'est un point
où l'adaptation Super NES progresse bien : on peut prendre
les 4 boss, ce qui porte le nombre total de combattants à
12. Autres ajouts, le mode Versus bien complet ainsi que
l'Elimination Mode pourront animer les sessions de jeu à
plusieurs participants.
Bilan
Faire rentrer un jeu de 106 Mbits
dans une cartouche de 20 n'était pas un pari
gagné. Sur ce coup, Takara ne déçoit pas,
contrairement au travail effectué pour Fatal Fury
et Art of Fighting. Jolis graphismes, bande-son
correcte, ambiance intacte, jouabilité similaire,
ce Fatal Fury 2 sur Super NES est assurément
supérieur aux deux jeux sus-cités. Même si on
n'atteint pas des sommets, on repart tout de même
sur de bonnes bases et la Super NES accueille un
bien solide jeu de combat.
Ce titre surpasse-t-il pour autant son rival,
Street Fighter II Turbo ? Probablement pas. Mais
cela reste un des piliers du jeu de combat sur
Super NES, il a su proposer aux possesseurs de la
console une expérience qui mérite le détour.
- Réalisation
solide
- Grande liberté de mouvements, nombreux
coups
- Billy Kane, Axel Hawk, Laurence Blood et
Wolfgang Krauser disponibles avec un code
- Elimination Mode
- Bande-son
manquant de punch
- Intro mythique abandonnée