Même
si le genre n'est pas mort, on ne peut pas dire que le shoot
them up horizontal est particulièrement prolifique
dans le petit monde de l'arcade en 1995. Ce genre de niche
pour un marché qui l'est - presque - tout autant, propose
tout de même des titres tels que P47 Aces de Jaleco, Twin
Action d'Afega ou encore le prestigieux Darius Gaiden de
Taito. Ce dernier datant, il est vrai, de 1994. Bref, pas
réellement de quoi satisfaire le joueur avide de bons jeux
du genre.
Le terrain est donc plutôt dégagé et c'est Aicom qui tente
sa chance. Ce nom ne vous dit rien ? Et si on vous dit
Racing Hero (édité par Sega) ou P-47: The Freedom Fighters,
toujours pas ? Et View Point ? Ah ! Eh bien Aicom propose
Pulstar le 28 août 1995 sur Neo·Geo MVS pour mettre fin à
cette période de disette, les jeux de combat envahissant de
plus en plus le catalogue de cette console. Il sort ensuite
sur consoles à cartouches le 29 septembre puis CD le 27
octobre.
Darius
Gaiden
(1994, Taito)
P47
Aces
(1995, Jaleco)
Twin
Action
(1995, Afega)
Le
scénario est, comme presque toujours dans ce genre de jeu,
basé sur une invasion venue de l'espace.
En 2248, pour la première fois de l'histoire, l'humanité a
capté un signal extraterrestre venant du froid et vaste
espace. Les aliens en question ont tôt fait de repérer les
humains et se dirigent vers le Système Solaire plus vite que
la lumière. L'humanité a peu de temps pour se préparer à
l'invasion...
Le 17 juillet 2256 les forces alien arrivent dans le Système
Solaire et détruisent aisément les premières lignes de
défense. La stratégie adoptée est alors la suivante. Plutôt
que de reculer et se replier sur la Terre, on décide
d'envoyer un escadron d'élite vers la base alien, située au
centre de la Voie Lactée. Le nom de code de cet escadron est
PULSTAR. Il va falloir sortir du Système Solaire à travers
les lignes ennemies puis attaquer le mal à sa source,
l'avenir de l'humanité en dépend.
L'intro nous
présente d'ailleurs une jeune pilote courant à son vaisseau.
En
effet, vous allez être Kaoru Yamazaki, une pilote de la
Ligue de Défense Spatiale. Elle entra à l'Académie de
Défense Spatiale avec sa grande sœur, Naomi. Cette dernière,
ayant rejoint l'escadron PULSTAR, a été malheureusement
portée disparue lors d'une récente mission contre les
aliens. Kaoru intègre à son tour PULSTAR pour retrouver sa
sœur. À bord de son Dino 246, Kaoru part en mission au
centre de la galaxie pour sauver sa sœur et pour écraser les
armées alien.
Poste : pilote de
la Ligue de Défense Spatiale Date de naissance : 15 juin 2238 Taille : 167 cm Poids : 46 kg Mensurations : 84, 58, 86 Famille : un père, une mère, une grande sœur
(Naomi) portée disparue
Les
menus et modes de jeux sont assez complets mais n'ont rien
d'étourdissant : jeu en solo ou à deux en alterné (hum,
quelle en est l'utilité ?), une explication des commandes,
quelques options et c'est tout.
Pusltar
n'utilise que deux boutons de la manette : pour tirer et pour verrouiller ou déverrouiller
le module IO (voir un peu plus bas dans ce test).
Il
y a une jauge de tir nommée "Cannon", en bas de l'écran.
Plus on tire rapidement, plus elle se remplit de rouge et
plus le tir est démultiplié. Si on maintient le bouton
enfoncé, cette même jauge se remplit de bleu, et plus on
relâche tard, plus le tir sera puissant.
Tir de base
Tir rapide
Tir concentré
On
peut gagner un module appelé Voyager en ramassant un item
parmi 5 possibles. Si ramasser un item procure un Voyager de
protection, le second permettra d'accéder à des tirs
spécifiques. Il y a également 5 items de Power Up, lesquels
donnent accès à divers missiles, bombes et autres gâteries
du genre. Grâce aux Power Up accumulés et au module Voyager
adéquat au bon moment, on peut avoir une véritable machine
de guerre, maniable et puissante. Il n'y a pas de grosse
bombe nettoyant tout l'écran à proprement parler. Il existe
tout de même la possibilité de sacrifier son module Voyager
avec la combinaison . Pendant l'explosion, tous les
ennemis de base sont détruits et on est invincible un court
laps de temps, ce qui peut aider à traverser une paroi, par
exemple (oui, c'est un peu de la triche, mais ça peut
aider).
Flip Laser : Un triple rayon
rebondit sur les éléments du décor.
Speed Up : Le classique item
de rapidité.
Ring Laser : Ce tir dégage
bien la route avec 6 anneaux ravageurs.
Charger : Rend la jauge
Cannon plus facile à charger.
Spread Beam : Tir triple qui
ne rebondit pas.
Homing Missile : Missiles à
tête chercheuse.
Homing Laser : Tir rapide qui
cible automatiquement les ennemis.
Spread Bomb : Bombe qui se
tire en diagonale.
Break Laser : Surtout
intéressant en tir rapide, forme une barrière
défensive.
Photon Missile : Missile
très puissant qui se tire droit devant le
vaisseau.
Dernier
item à ramasser, c'est le module IO. Il s'agit d'un module
latéral capable de tirer. Le premier se fixe au-dessus du
vaisseau et le deuxième au-dessous. Un peu comme le module
avant dans Last Resort, il tire dans le sens opposé à celui
du déplacement du vaisseau. Et si on veut reculer et tirer
en arrière, par exemple ? Eh bien le bouton permet de verrouiller les modules
IO, ce qui permet de faire ce que l'on veut.
Chose
assez rare, il y a un Select Stage. On peut choisir de
commencer au début de l'un des quatre premiers niveaux du
jeu (au début de n'importe lequel des 8 niveaux avec
l'astuce qui est ici).
On découvre alors avec étonnement que les programmeurs ont
mis une petite intro en images de synthèse avant de se
plonger dans l'action. Bien évidemment cela n'a pas la
qualité d'une intro sur PlayStation, mais l'effort est là et
le résultat assez sympathique.
Si
en cartouche on a une seule et même intro au début de la
partie, et ce quel que soit le stage de départ, sur Neo·Geo
CD ce sera différent selon le niveau à explorer.
Ce
sauvetage s'étale au cours de plusieurs missions d'abord
dans le système solaire puis carrément chez l'ennemi. On va
donc démarrer dans des stages respirant la haute technologie
de type science fiction pour explorer des décors toujours
plus glauques et organiques. Vous pouvez voir ici quelques
images des trois premiers niveaux de jeu.
Comme
toujours dans les shoot them up, un bon gros boss
barre le passage à la fin de chaque niveau. Ici, ils sont
particulièrement travaillés et bénéficient d'un saisissant
effet de relief.
Les
temps de chargements sont assez longs, une option permet
toutefois de désactiver les cinématiques, ce qui rend le jeu
correct à ce niveau.
Pulstar
ne s'annonce pas comme celui qui va révolutionner le genre,
mais plutôt s'inscrivant dans la lignée des classiques. Un
jeu classique peut être un très bon jeu, surtout si la
réalisation est à la hauteur.
Le vaisseau,
les ennemis et certaines parties de décor ont bénéficié de
la même technique que Killer Instinct en arcade ou Donkey
Kong Country sur Super Nintendo : des objets modélisés en 3
dimensions puis transposés en 2D. Le résultat est la plupart
du temps très concluant avec une impression de relief
franchement bluffante. Les explosions sont aussi à signaler,
elles ont bénéficié d'un excellent travail.
Les stages sont très fins, le choix des couleurs est
judicieux. Tout d'abord les niveaux se déroulent dans le
système solaire, c'est donc très classique. Puis on va de
plus en plus chez l'ennemi, et là ça devient glauque sur les
derniers tableaux : au moins, c'est personnel ! On
regrettera juste que certains passages soient parfois un peu
vides.
Comme pour les
graphismes, cette technique de 3D transposée en 2D donne des
mouvements très fluides et naturels. Malheureusement lors de
certains passages le jeu ralentit un peu, surtout s'il y a
beaocup d'ennemis et que l'armement est à son niveau
maximal. En contrepartie Pulstar dispose d'effets peu
souvent utilisés sur Neo·Geo, comme la distorsion ou le morphing.
Les musiques
sont tout à fait appropriées aux différents stages et de
bonne qualité. Dans cette version Neo·Geo CD, on retrouve
quasiment les mêmes que dans la version cartouche, seul le
timbre a légèrement changé. Seuls ceux qui ont l'oreille
attentive pourront déceler une légère différence. On est
donc ici bien loin de pouvoir parler de réorchestration, le
support n'est pas exploité, dommage.
Quant aux bruitages, ils se montrent plutôt discrets mais se
révèlent très nombreux si on y prête attention. Au fond,
leur volume sonore contenu permet d'apprécier au mieux les
musiques.
On pourrait
croire que si on connaît R-Type, alors on connaît Pulstar.
Et c'est plutôt vrai : on a un module, des tirs qui
rebondissent sur les parois... Bref, c'est le même topo. Il
y a cependant quelques nuances, comme par exemple la double
jauge pettant le choix entre démultiplier un tir ou le
concentrer. Mais pas de quoi crier à l'originalité non plus,
la parenté restant évidente.
Le vaisseau est au début sans aucun armement et très lent.
Fort heureusement, les bonus permettent d'améliorer ses
capacités... lesquelles reviennent au minimum dès qu'on perd
une vie ! Il faut
mémoriser les niveaux et déplacer son vaisseau avec une
précision millimétrique. En fait, la proposition de Pulstar
est plutôt de jouer en une vie sinon rien, le tout avec
apprentissage rigoureux des niveaux. Joueurs impatients,
passez votre chemin !
Il y a 8
niveaux à finir, et Pulstar ne tombe pas dans le travers
facile des deux loops pour être terminé. Le jeu est
assez difficile à la base, et le fait que lorsqu'on meurt on
reprend soit au début du niveau, soit au dernier check-point
avec les capacités réduites au minimum n'arrange rien à
l'affaire. Cela augmente artificiellement la difficulté,
c'est dommage. Comme dit précédemment, il faudra plutôt
chercher à le jouer en une vie. Cela étant, Pulstar reste
moins retors que son aîné et autorise une plus grande part
aux réflexes là où, dans View Point, le par cœur était la
base du jeu.
Le mode de jeu à deux est alterné, l'intérêt en est par
conséquent grandement bridé par rapport à une classique
coopération dont disposait par exemple Last Resort.
Bilan
Pulstar allie avec brio une
réalisation très soignée à une grande difficulté,
le tout accompagné d'une ambiance de premier
ordre. À l'heure où la plupart ont les yeux rivés
sur une 3D qui ne vieillira pas forcément bien,
Aicom propose un titre techniquement plus
classique, mais qui fait honneur à la Neo·Geo (ici
CD) et qui sera à même de séduire les amateurs du
genre.
Voilà donc un très bon jeu mais attention, le
manque de mode pour deux joueurs, le fait que
l'ombre de R-Type plane sur lui ainsi que sa
difficulté relevée pourront en rebuter certains.
Pour ceux qui lui donneront sa chance ce sera
l'occasion de découvrir un magnifique shoot
them up demandant patience, réflexes et
mémoire... sans être aussi ardu que son glorieux
aîné View Point.
Sur Neo·Geo CD
Pulstar représente un choix plus que judicieux
pour celle ou celui qui passera outre les
défauts cités au cours de ce test. Dans le même
genre, l'amateur pourra également se tourner
vers le plus rare mais très bon Ironclad de
Saurus, moins punitif et sorti en 1996, ainsi
que l'incontournable Last Resort de SNK, un peu
plus daté mais toujours très efficace.
En cartouche, Blazing Star en met plus plein les
mirettes et se révèle carrément impressionnant.
Cependant Pulstar est toujours dans le coup et
se montre plus subtil, plus précis, plus posé.