Avant
d'aborder le jeu qui nous occupe ici, il convient d'apporter
une petite précision. Il est clairement considéré que le
dernier jeu officiel de la Neo·Geo est Samurai Shodown V
Special, sorti en 2004. Le dernier jeu de SNK en tant que
développeur indépendant est The King of Fighters 2000 et le
dernier avec le nom de cette même firme est Sengoku 3.
Last Hope n'a donc rien d'officiel, et le précise sans
laisser de doute en tout premier écran : il n'y a aucun
rapport avec SNK Playmore. Cela étant, les développeurs ont
dépassé le simple cadre de l'amateurisme : jeu sorti sur
plusieurs plates-formes, bonne couverture avec un site
Internet dédié, packaging rappelant vraiment celui
d'origine sur chacun des trois supports, etc. Puisque Last
Hope a apparemment tout d'un vrai jeu à part entière, il
sera jugé comme tel.
La
tâche s'annonce d'ores et déjà bien difficile pour notre
petit nouveau, la Neo·Geo étant une console des années 90
fort bien pourvue en shoot them up horizontaux plus
ou moins mythiques, sans toutefois égaler la PC-Engine. Last
Resort, Pulstar, Ironclad, Blazing Star, autant de noms
évocateurs pour les connaisseurs, autant de très solides
jeux qui ont bien marqué la Neo·Geo. Last Hope s'incrit dans
une prestigieuse lignée et doit par conséquent supporter un
bien lourd héritage.
Last
Resort
(1992, SNK)
Pulstar
(1995, Aicom)
Blazing
Star
(1998, Yumekôbô)
Last
Hope sort d'abord sur Neo·Geo AES le 10 juillet 2006. Un jeu
inévitablement (très) cher qui condamne la plupart des fans
de Neo·Geo à en parler sans y avoir joué. On sait qu'il
s'agit d'un jeu très difficile où la survie y était plus que
pénible, qu'il ne retrouve pas vraiment le souffle de ses
glorieux aînés, mais c'est tout.
Ensuite, le 31 janvier 2007, c'est au tour de la Dreamcast
de recevoir ce jeu. Last Hope devient alors accessible pour
la plupart de ceux qui veulent s'y essayer. Outre son
écran-titre en résolution améliorée, cette version bénéficie
de rectifications (chocs sur ennemis plus précis, zones
d'impacts plus visibles sur les boss) et surtout un mode
Dreamcast avec des ennemis plus lents et moins puissants.
Enfin, le 19 novembre 2007 marque la sortie inespérée d'une
version Neo·Geo CD. Le CD n'est pas gravé, il est pressé, le
boîtier étant dans l'habituelle spine card. De plus,
on a droit à un DVD dévoilant une partie super play,
des astuces pour progresser, des illustrations, des
préversions du jeu, etc. : il s'agit d'un DVD bien complet.
Une
fois le CD inséré dans la console, s'ensuit un court
chargement pour arriver à un écran d'accueil un peu
différent de ce dont on avait l'habitude. Start Game invite
à démarrer une partie. Demo est en fait l'équivalent du "How
to Play" suivi d'une petite démo. En fait il n'y a aucune
intro. Options et Exit annoncent clairement leur couleur :
paramétrer le jeu et l'arrêter.
Comme
presque toujours dans ce genre de jeu, le scénario ne brille
nullement par son originalité.
L'Empire du Mal traverse les galaxies à la vitesse de la
lumière. Il y a environ 24 heures, ils ont pénétré la
dernière ligne de défense de notre galaxie, la Ceinture du
Rayon Arsion. Des millions d'innocentes personnes ont péri
dans nos colonies spatiales. 70% de la flotte a été détruite
lors du premier contact. Nos services estiment leur arrivée
à six jours. Les armes conventionnelles ne peuvent pas les
arrêter. Notre dernier espoir est entre vos mains : le Z-42
Warpster. À vous de vous frayer un chemin sur leur
territoire et détruire leur chef avant qu'ils n'atteignent
la Terre.
Eh oui, c'est à s'y méprendre le scénario de Pulstar...
la recherche de la grande sœur en moins.
Last Hope vous
propose d'incarner une des pilotes du Z-42 Wapster, Vanessa
Gaiden.
Nom : Vanessa
Gaiden Age : 21 ans Sexe : féminin Taille : 167 cm Poids : 42
kg Groupe sanguin : O
Les
options sont assez conventionnelles : réglage du niveau de
difficulté (il y en a 5, Very Easy, Easy, Normal, Hard et
Devil), nombre de vies, configuration de la manette, sens de
rotation du module et Sound Test.
Sur
Neo·Geo CD, Last Hope propose trois modes de jeu.
- Action Mode : vaisseau fort et rapide, balles ennemies
lentes (mode exclusif et plus facile)
- Normal Mode : vaisseau faible et lent, balles ennemies
lentes (équivalent du mode Dreamcast)
- Arcade Mode : vaisseau faible et lent, balles ennemies
rapides (unique mode de la Neo·Geo AES)
Ensuite on peut soit se lancer dans une partie, soit
s'entraîner un peu sur l'un des trois premiers niveaux. Dans
ce dernier cas, les scores ne sont pas sauvegardés.
Le
maniement est, comme cela a été évoqué, expliqué dans le
menu Demo. On a droit à un petit cours accéléré sur les tirs
et autres bonus à récolter. Seuls les boutons , et ont une fonction. pour tirer, pour tourner le module dans un
sens et pour le tourner dans l'autre sens.
Il
existe deux types de tir, comme bien souvent dans ce genre
de jeu. Le tir rapide en mitraillant le bouton et le tir concentré en remplissant
une jauge. À l'instar de Last Resort, le module peut
effectuer des rotations autour du vaisseau, mais cette fois
à l'aide des boutons et et non en fonction des
déplacements du vaisseau. Ce module possède son propre tir,
c'est idéal pour éviter de se faire prendre en traitre.
Toujours
à l'image de ses glorieux aînés Last Resort et Pulstar, il
faut ici aussi aller à la rencontre des ennemis et
s'aventurer sur leur territoire. Cela donne l'occasion de
traverser des niveaux tantôt hitech, tantôt
"organiques". Ces derniers sont au nombre de 6, voici les 4
premiers en images.
Stage
1 - Desert Laboratory
Stage
2 - The Channel
Stage
3 - Dark Nebula
Stage
4 - Katakis
Outre
le module à récuper et les bonus de points, d'autres items
sont à ramasser au cours de votre périple. Voilà de quoi
augmenter les capacités de votre vaisseau Z-42 Warpster.
Speed up : Item de vitesse plus rapide. Attention, il n'y a
pas d'équivalent pour ralentir..
Bombs : Des bombes sont envoyées dans l'axe du tir
principal.
Homing Bombs : Cette fois, ce sont des missiles à tête
chercheuse.
Missile :
Des missiles sont envoyés de part et d'autre du
vaisseau.
En ce qui concerne
les temps de chargement, ces derniers sont plus que
raisonnables, la taille du jeu (186 Mbits) l'étant
également.
Nous
venons de voir les divers ingrédients de la recette de Last
Hope : cela reste très classique, ce qui, nous le savons,
n'est pas nécessairement synonyme de jeu de mauvaise
qualité. Il est justement temps ce qu'a dans le ventre ce shoot
them up horizontal sorti après l'heure.
Première chose
à dire : il n'y a absolument aucun sprite rippé d'un autre
jeu. Last Hope est bien 100% nouveau, ce qui est loin d'être
le cas de tous les homebrews. D'une manière
générale, les décors sont assez fins et franchement sombres.
On remarquera des effets discrets dignes d'un Pulstar comme
quand on survole une surface liquide ou mieux, quand on en
sort : le liquide en question dégouline le long de la
carlingue du vaisseau pour retomber. Il s'agit assurément
d'un jeu qui n'a pas été fait à la va vite. Le visuel
d'ensemble n'est toutefois pas du niveau d'un Pulstar ou
d'un Blazing Star, deux grosses références dans ce domaine.
Autre aspect plus gênant : la visibilité. On ne sait pas
toujours où sont vaisseau, projectiles et ennemis. Déjà que
le jeu est très, très difficile (on verra cela un peu plus
bas), on n'avait vraiment pas besoin de ça.
Clignotements
et ralentissements répondent aux abonnés absents. Le
vaisseau est affreusement lent, plus lent que les boulettes
ennemies... sauf en Action Mode. Les ennemis, modélisés en
3D puis transposés en 2D, ont des mouvements convaincants et
réussis. Les stages ont de nombreuses animations annexes,
ils sont loin d'être figés.
Les bruitages
sont assez anodins, comme bien souvent dans ce genre de jeu.
Toutefois aucun n'est spécialement énervant ou fatigant à la
longue.
Du côté de la musique, on a droit à une bande-son technoïde
assez reposante. On retrouve par moments des accents
d'Amiga... Cela reste réussi et permet de bien se concentrer
sur le jeu lui-même, et il y en a besoin ! Petit détail
agréable, la musique n'est pas coupée quand on meurt, ce qui
arrive bien souvent.
Rien de bien
nouveau à ce sujet, nous l'avons vu. Le vaisseau répond très
bien, surtout en mode Action. Dans ce dernier mode, il est
tellement vif qu'il est conseillé d'utiliser un stick plutôt
qu'un pad. Les développeurs n'ont pas su tirer parti du pad
Neo·Geo CD aussi bien qu'Aicom (Pulstar) ou Saurus
(Ironclad). Les deux autres modes sont bien plus frustrants
et sont à réserver aux experts du shoot them up.
La difficulté,
titanesque en mode Arcade, excessive en mode Normal, devient
juste très relevée en mode Action. La progression y est
lente, mais tout à fait faisable. Il faut apprendre les
niveaux par cœur, comme dans un Pulstar. À l'image de ce
dernier, quand on revient au début du stage ou au dernier check
point quand on est mort. Cette difficulté exagérée est
artificiellement augmentée par les soucis de visibilité dont
il a été question. On meurt souvent, on meurt facilement,
mais en plus, on meurt parfois sans comprendre pourquoi.
Enfin un mauvais point pour le nombre de joueurs,
honteusement limité à un !
Bilan
Soyons clair, les programmeurs de
NG.Dev.Team n'ont pas inventé la poudre. Leur jeu
est inspiré de Last Resort et de Pulstar sans
aucune ambiguïté. Ils l'annoncent d'ailleurs comme
un hommage aux grands titres de la Neo·Geo. Cela
reste un jeu correct, 100% nouveau dans sa
programmation (graphismes et musiques sont
inédits), à défaut de l'être dans son concept. On
retrouve un style très old school avec un
apprentissage long et laborieux pour progresser.
La réalisation encore faiblarde en comparaison des
poids lourds de la console, le manque chronique de
lisibilité et l'absence de mode 2 joueurs lui
coûtent cher. Même si l'effort reste louable, il
faut avouer que la sauce ne prend pas vraiment,
dommage.
Si Last Hope était sorti dans la foulée de Last
Resort, le verdict aurait peut-être été un peu
moins sévère.
Sur Neo·Geo, Pulstar et Blazing Star font mieux.
Sur Neo·Geo CD, Pulstar et Ironclad le surclassent
sans effort.
Aveu d'un jeu mal finalisé, NG.Dev.Team a
commercialisé ensuite Last Hope: Pink Bullets,
lourd de 529 Mbits et sorti sur Dreamcast puis
Neo·Geo MVS. Ce dernier dispose de projectiles
roses et de décors recoloriés, pour plus de
visibilité.
Concernant Last Hope, si on aime les shoot them up
difficiles et qu'on possède une Neo·Geo CD ou une
Neo·Geo CDZ, on peut tenter de lui donner une
chance : cela reste une curiosité sympathique. En
revanche le joueur qui recherche désepérément les
sensations des années 90 fera mieux de faire
l'impasse sur ce titre.