Visco
n'est pas un éditeur particulièrement connu pour son
originalité, c'est le moins qu'on puisse dire. Entre son
Andro Dunos, shoot them up horizontal certes symathique mais
peu ambitieux, son Goal! Goal! Goal!, ersatz de Super
Sidekicks 3 ou son Puzzle de Pon!, copie conforme de Puzzle
Bobble, pas de quoi crier à la créativité. Et ce sont pas
pas les réussis mais plus que conventionnels Neo Drift Out
et Breaker's qui y ont changé quoi que ce soit, malgré leurs
qualités.
Justement, le 2 juillet 1998 Visco remet le couvert avec son
second Fighting Game. Il ne s'agit pas d'un tout
nouveau jeu, ni même d'une suite à Breaker's. Visco s'est
contenté d'une simple mise à jour, ce dernier ne sortant ni
sur console à cartouches, ni au format CD. Le contexte est
pourtant difficile niveau concurrence, entres les tout
récents et excellents Marvel vs. Capcom, Real Bout Fatal
Fury 2 ou Street Fighter Alpha 3. Cela sans compter
l'arrivée imminente, à la fin du même mois, de King of
Fighters '98 !
Malgré tout le potentiel de fun, d'accessibilité et de
convivialité du premier Breaker's, cette nouvelle mouture ne
va pas avoir la tâche facile...
Marvel
vs. Capcom
(1998, Capcom)
Real
Bout Fatal Fury 2
(1998, SNK)
Street
Fighter Alpha 3
(1998, Capcom)
Étant
une mise à jour de Breaker's et non une suite, Breaker's
Revenge dispose donc du même - et très mince - scénario que
son aîné. Le tournoi s'appelle toujours FIST (Fighting
Instinct Severe Tournament), toujours organisé par le
démoniaque Bai-Hu. Cela étant, Capcom ne s'est pas gêné pour
faire le coup entre 1991 et 1994 avec ses interminables
déclinaisons de Street Fighter II, alors pourquoi pas.
D'autant plus que Breaker's est une copie assumée du
monument de Capcom.
L'intro
sera donc identique à celle de Breaker's, à ceci près qu'on
aperçoit un ninja, faisant office de nouveau venu. Les
autres images, la musique, tout le reste est identique.
Si
on joue sur slot MVS équipé d'un Debug BIOS ou d'un Universe
BIOS ou sur console Neo·Geo avec un convert, on trouvera les
mêmes options et réglages que dans Breaker's. On a donc un
menu complet... et réchauffé.
L'écran
de sélection des personnages propose donc effectivement un
nouveau venu, le ninja Saizô. Quoi ? Vous râlez que cela ne
fait qu'un seul nouveau combattant après deux ans d'attente
? Certes, mais d'une, il a la classe, pour peu qu'on trouve
Hanzô de World Heroes charismatique et de deux, on peut
également prendre Bai-Hu avec ce
code.
Si c'est pour reprocher
qu'un seul nouveau personnage repompé de World Heroes et un
boss déjà jouable sur Neo·Geo CD, c'est que vous faîtes la
fine bouche. Deux ans, c'est court et deux personnages,
c'est énorme... en tout cas chez Visco !
Plaisanterie mise à part, il y a tout de même un réglage du
handicap en cas de duel, chose absente du premier Breaker's.
Ce mode pour deux joueurs ne sera malheureusement pas un
vrai versus, le gagnant gardant son personnage. Chose
curieuse, Breaker's en proposait un, sur Neo·Geo CD.
Le
petit nouveau Saizô, est un ninja de l'ombre. Il participe
au tournoi pour vaincre Bai-Hu et venger son clan. Quant à
Bai-Hu, même s'il devient jouable, il n'a pas d'histoire
propre, il reste un boss, à part.
Côté
commandes de jeu, on prend les mêmes et on recommence. Le
schéma classique façon King of Fighters est reconduit.
: poings faibles
: pieds faibles
: poings puissants
: pieds puissants
: provocation
: dash : backdash
Les
habitués de Breaker's trouveront immédiatement leurs
marques, étant donné qu'aucun nouveau coup spécial ne vient
agrémenter cette mise à jour. Hormis, bien sûr, ceux de
Saizô.
Midare Kiryû Keri
+ ou
Kô Ryûga
(2 sec) + ou
Engetsu Zan
+ ou
La
Power Gauge se gère toujours avec trois niveaux, les
Super Moves en consommant une à chaque fois. C'est du
Breaker's, et donc grosso modo du Street Fighter
Alpha.
Kurenai
Gansai Shû
+ ou
Hôshin
Renha
(2 sec) + ou
Senku
Ensatsu Jin
+ ou
Les
Breaker Moves sont évidemment au programme. Pour
rappel, il s'agit d'annuler un coup spécial ou une Super
Move par un autre coup spécial ou une autre Super
Move (d'où l'intérêt de stocker des Power Gauges).
Pour contrebalancer cela, côté défense, le Breakering
System permet de casser un enchaînement adverse avec
le bon coup, au bon moment, mais toujours lorsqu'on est à
terre.
Les
stages ont très peu évolué depuis Breaker's, à part quelques
nouvelles couleurs (sauf pour le décor d'Alsion III). Il y
en a désormais 10, arrivée de Saizô oblige. On pourra
remarquer par ailleurs que Pielle n'est plus italien, mais
français !
Shô
Pielle
Condor
Rila
Tia
Alsion
III
Maherl
Dao-Long
Saizô
Bai-Hu
Reprenant
exactement les bases de Breaker's, cette version Revenge
n'est en effet qu'une réactualisation du jeu de Visco. La
réalisation n'a-t-elle pas trop vieilli, entre 1996 et 1998
?...
Peu nombreux, les stages bénéficient presque tous d'une
nouvelle mise en couleurs. Hélas, ces dernières sont souvent
moins bien choisies : fond grisâtre chez Tia, jungle sombre
et floue pour Rila, les originaux faisaient globalement
mieux. Quant au stage de Saizô, il se déroule sur un toit et
est tout à fait dans le ton du reste du jeu.
Les personnages, identiques, sont toujours aussi imposants
et détaillés. En ce qui concerne leurs portraits, c'est
nettement moins réussi que dans Breaker's, le flou y régnant
en maître.
Si les
graphismes avaient un peu évolué depuis Breaker's, il n'en
est pas de même pour ce Breaker's Revenge. Ici, tout y est
strictement identique : décomposition, vitesse, décors un
peu figés, rien n'a changé. L'ensemble reste donc d'un très
bon niveau, même si Street Fighter III et Art of Fighting 3
sont passés par là.
Les musiques, toujours aussi entraînantes, auraient gagné à
être retravaillées. La qualité pure reste largement
au-dessous du niveau de SNK et les différents thèmes sont
terriblement courts. Visco fait comme Capcom, mais de façon
plus paresseuse !
Quant aux bruitages et
digitalisations vocales, tout est sont repris de Breaker's,
avec un Pielle toujours aussi... barrissant !
Intéressons-nous au thème de Saizô, tout nouveau. C'est un
improbable mélange de sonorités traditionnelles et
d'envolées étranges, sorte de fourre-tout de sons qui
seraient restés dans un fond de tiroir de Visco.
La jouabilité de ce Breaker's Revenge reste indiscutablement
son point fort. Aisance de prise en main, enchaînements de
folie, souplesse, tout y est. Bon, pour un équilibre façon
Super Street Fighter II Turbo, il faudra repasser mais pour
du fun à l'état pur, Visco a franchement été à la hauteur de
la tâche. Cela étant, l'équilibre des coups semble
légèrement revu et le petit nouveau peut faire très mal.
On regrettera que le délirant mode Extra de Breaker's sur
Neo·Geo CD ne soit pas repris, histoire d'ajouter encore
plus de fantaisie à la jouabilité.
8 combattants
en 1996, c'était franchement limite. 9 + 1 en 1998, c'est
carrément se moquer du monde. Heureusement, le fun dégagé
par les parties à deux rattrapent un peu ce gros défaut.
Seul, Breaker's Revenge perdra assez rapidement de son
intérêt, surtout si on connaît bien Breaker's.
Bilan
Sorti presque deux ans après, doté
d'un seul personnage de plus, proposant un visuel
plus fade, plus pauvre que son aîné sur Neo·Geo
CD, Breaker's Revenge ne devrait ne rien avoir
pour plaire. Et pourtant, il n'en est rien ! Avec
sa jouabilité avenante au possible, il permet à
Visco de réaliser un tour de force : faire un bon
jeu en fournissant un minimum d'efforts. Bon,
cette fois, encore plus qu'en 1996, le plagiat et
la paresse sont criants. En effet la concurrence
écrase complètement ce jeu qui devrait tomber aux
oubliettes et honnêtement, les apports par
rapports à Breaker's sont minimes, voire
discutables.
Les amateurs de versus et de bonne ambiance n'en
auront que faire et apprécieront un titre certes
honteux, mais tellement agréable à jouer !
Pour les possesseurs de Neo·Geo CD, Breaker's
Revenge n'existe pas. Il leur reste un Breaker's
d'un très bon niveau avec Bai-Hu jouable et un
mode Extra affolant.
Sur Neo·Geo AES, il faudra passer par un
adaptateur ou par la solution convert, plus
onéreuse.
Enfin les joueurs sur MVS se doivent de laisser
une chance à Breaker's Revenge, surtout s'il ont
quelqu'un avec qui jouer. Même s'il est bourré de
défauts cités tout au long de ce test, sa
jouabilité en fait un titre paradoxal débordant de
fun. Et permettre de s'amuser, c'est bien ce qu'on
demande avant tout à un jeu, non ?...