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en 1994. Dans le domaine de la plate-forme arcade, il y a
deux grandes familles de jeux. D'une part, on trouve
quelques titres proposant un défilement horizontal, ce genre
étant toutefois l'apanage des consoles de salon. Parmi
eux, citons tout de même quelques exemples du monde de
l'arcade tels que Spin Master, Top Hunter ou encore Charlie
Ninja. La seconde famille est un peu mieux représentée avec
ses Tumble Pop, Bubble Bobble II, Joe & Mac Returns et
autres Snow Bros. 2. Les tableaux y sont fixes et il faut
les nettoyer pour passer au suivant. Face veut s'y essayer
avec son Zupapa! mais SNK en décide autrement... jusqu'en
2001.
Nightmare in the Dark ayant eu du succès, le prototype
ressort alors des cartons, comme si de rien n'était. Il se
trouve qu'un autre éditeur a voulu développer un jeu de ce
genre sur Neo·Geo en 1994. Ce dernier n'a pas eu la même
chance : refus de la part de SNK, jugeant peut-être que cela
ferait un peu désordre au milieu des KOF '94, Super
Sidekicks 2 et Samurai Shodown II. Visco (puisque c'est de
ce développeur dont il s'agit) retente sa chance en 2000 et
là, nouveau refus de SNK, éditeur alors très mal en point.
Le jeu de Visco tombe alors aux oubliettes. Du moins,
jusqu'en 2010.
Bubble
Bobble II
(1994, Taito)
Snow
Bros. 2
(1994, Hanafram)
Zupapa!
(1994, Face / 2001, SNK)
Le
marché de la Neo·Geo n'étant pas mort - comme en témoignent
Last Hope, Fast Striker ou encore Gun Lord -, cela aiguise
forcément certains appétits. Ainsi le 1er
décembre 2010 Bang Bang Buster (ou Bang² Busters) est
présenté par Neo Conception International avec la licence
Visco (mais pas celle de SNK Playmore) en cartouche, version
japonaise. Le 28 mars 2011 suit la version américaine. Enfin
le 28 juin 2012, c'est au tour de la Neo·Geo CD d'accueillir
ce titre.
Bang²
Busters dispose d'un petit scénario, voici sa traduction.
Dans la lointaine galaxie Kakoi, les animaux vivent en
harmonie avec la nature. Un collectionneur de peluches, qui
s'est autoproclamé empereur de l'Univers, essaie par tous
les moyens d'agrandir sa collection d'animaux empaillés avec
les deux policiers de l'espace, Lazy et Refia !
Lançant un appel à l'aide de la planète Palua, le tyran
attire nos deux héros dans un piège. Ils vont devoir faire
preuve d'une grande adresse pour s'extirper du piège tendu
par l'empereur Honey et ses généraux sur Palua, où on peut
trouver une mer mystérieuse bordée de montagnes mystiques.
Le
jeu de Visco ne propose aucune intro, animée ou non. Il y a
juste une classique alternance entre un écran-titre, une
petite démo et une liste des meilleurs scores.
Du
côté des choix proposés, ce n'est pas plus fourni : il n'y a
aucun menu d'accueil typique des jeux Neo·Geo CD et on voit
même qu'il y a les crédits affichés, en bas. Cette version
semble donc bel et bien un portage absolument à l'identique
du jeu sorti un peu plus d'un an avant en cartouche. On
arrive directement au choix du mode de difficulté, suivi du
choix du personnage.
Enfin la traditionnelle explication des commandes permet de
mieux apréhender le jeu. Seuls les boutons et sont utilisés, servant à frapper et à sauter. Pour descendre
rapidement d'une plate-forme sans avoir à aller au bout de
celle-ci, il suffit de faire + . Appuyer sur ou permet de faire un dash.
En plus de ces mouvements de base, Bang Bang Busters propose
trois techniques spéciales.
Rotating
Skill On frappe l'ennemi, puis on s'en saisit. Si on
appuie sur et qu'on mantient ce bouton enfoncé, on fait
tournoyer l'ennemi. Enfin relâcher envoie l'ennemi dans un mouvement
qui continue sa rotation. Il faudra donc du doigté pour bien
viser lors des premières parties.
Dash
Skill La première étape est la même que pour la
technique précédente. Une fois l'ennemi attrapé, on fait un
dash et on peut alors l'envoyer de façon plus
puissante.
Baloon
Skill Une fois l'ennemi attrapé, on peut s'en servir
comme d'un ballon pour s'élever dans les airs, en
mitraillant le bouton . On peut également en profiter
pour l'envoyer valser avant qu'il ne se libère, bien sûr.
Contrairement à
celui qui aurait pu être son contemporain en 1994, Zupapa!,
Bang² Busters impose l'ordre des niveaux. On commence
forcément par celui de la glace.
Chacun
des 7 niveaux se divise en 6 tableaux, le dernier étant
dédié à un boss. Cela n'est pas valable pour les niveaux 2
et 4, ces derniers n'ayant que 5 tableaux et ne proposant
curieusement aucun boss. Bang Bang Busters a donc un total
de 40 tableaux. Voici les trois premiers niveaux en images.
Ice
World
Inside
the Pyramid
Dark
Jungle
Une
fois chaque tableau terminé, on a droit à une foule de
victuailles dont il vaut mieux se saisir au plus vite, le
héros finissant par se figer. C'est la même chose après
avoir battu chaque boss, sauf qu'il s'agit d'un ballon géant
qui reste bloqué tant qu'on le frappe.
De toutes façons, il ne vaut mieux pas traîner le reste du
temps, une soucoupe volante venant assez vite "motiver" pour
accélérer le rythme.
Parmi
les bonus offerts en fin de niveau, après avoir battu un
boss ou tout simplement quand on élimine des ennemis, il y
aura surtout des fruits et des pièces pour augmenter son
score, mais aussi de quoi aller plus vite, un item qui
bloque le temps, un cœur rouge qui redonne de la vie, un
cœur vert qui rend momentanément invincible, des bombes,
etc. En voici quelques-uns mais il y en a beaucoup plus...
Enfin
le jeu est entrecoupé de scènes intermédiaires qui dévoilent
l'histoire du jeu et les projets de cet affreux lapin
mégalomane.
En
ce qui concerne les chargements, il n'y a rien à signaler.
Après un temps d'attente initial, le jeu est intégralement
contenu dans la mémoire dynamique de la console, musiques
comprises. Bang Bang Busters ne dépasse donc pas les 56
Mbits. En fait, il n'occupe que 46 Mbits, dont 38 effectifs.
Visco
avait donc proposé à SNK en 1994 un jeu de plates-formes
certes très conventionnel (Visco et l'innovation, ça fait
deux), mais pas mal conçu. Le refus a-t-il été la
conséquence de sa réalisation ?...
Sans atteindre
des sommets, Bang² Busters offre un visuel assez attrayant
fait de couleurs chatoyantes. Les thèmes des niveaux sont
assez classiques (banquise, Égypte, cascade, etc.) et les
ennemis qu'on y rencontre y sont bien intégrés. Ajoutons à
cela que, pour rompre un peu la monotonie au sein d'un même
niveau, les teintes varient tous les deux tableaux, un peu à
la manière des Fatal Fury. L'ensemble n'est pas très élaboré
mais reste très propre et, surtout, tout à fait en rapport
avec ce qui aurait pu être sa concurrence de 1994.
Les jeux de
plates-formes à la Snow Bros. renoncent de fait à tout
scrolling et Bang Bang Busters suit cette règle. Du côté des
personnages, c'est très simpliste, on aurait pu espérer
quelques zooms et distorsions. Heureusement, aucun
ralentissement ni clignotement ne vient perturber les
parties.
Plutôt bien accordées à leur décor associé, les mélodies
assurent leur rôle sans épuiser la Neo·Geo : l'orchestration
est des plus sommaire et les thèmes très courts. De plus,
elles sont réellement "jouées" en direct par la console,
comme pour une cartouche, il ne faudra donc rien attendre du
support CD.
Quant aux bruitages, ils sont franchement peu variés et très
basiques, mais rien de grave non plus de ce côté-là.
On peut écouter la musique du deuxième monde ici :
À la fois
simple de prise en main et assez complète grâce aux trois
techniques ainsi qu'aux très nombreux items, la jouabilité
se montre assez solide. Le plus long sera de s'habituer et
de dompter la Rotating Skill, sous peine d'envoyer
trop souvent les ennemis n'importe où.
Pas trop court
avec ses 40 tableaux, doté d'une difficulté progressive,
Bang Bang Busters ne se finit pas trop vite, surtout si on
joue sans la sauvegarde, cette dernière étant parfaitement
fonctionnelle. Comme presque toujours, à deux, les parties
seront plus intéressantes et gagneront en intérêt
(coopération ou compétition au score).
Bilan
Visco signe ici un jeu d'un genre
alors totalement inédit sur Neo·Geo et simplement
mais correctement réalisé. Mais qu'est-ce qui a
pris SNK de le refuser ? Peut-être Bang Bang
Busters exploitait-il insuffisamment son support à
une époque où les 32-bit débarquaient et où il
fallait en mettre plein la vue. Peut-être qu'il
fallait que tout se focalise sur les prestigieux
KOF '94 et Samurai Shodown II.
En attendant, on ne peut pas reprocher à Visco
d'avoir fait n'importe quoi avec ce bon petit jeu.
Absolument pas un hit, même dans sa catégorie,
mais néanmoins bien sympathique.
Évidemment, en 2010/2011 à plusieurs centaines
d'euros en version cartouche, il y a eu de quoi
déchanter. Entre la communication de NCI
franchement trop parcellaire, le conditionnement
discutable (artworks, logo, etc.) et les
mises en vente au compte-gouttes des versions
japonaises atteignant des sommets en termes de
prix, beaucoup en ont rapidement oublié de
considérer le jeu pour lui-même. Un jeu dont la
qualité ne pouvait pas satisfaire des fans
exaspérés.
Heureusement, la sortie au format CD de Bang²
Busters permet de s'affranchir de ce débat et d'en
profiter sans arrière-goût d'amertume. Déjà un peu
cher mais tout de même abordable, il saura faire
passer un sympathique moment à l'amateur de
plate-forme.
Il est à noter que Bang Bang Busters est également
sorti par la suite sur Dreamcast.