Depuis début 1991, Street Fighter II marche fort. Très fort. Ce jeu permet alors à Capcom de dépoussiérer totalement le fighting game, genre assez peu séduisant au regard des beat them up qui envahissent les salles de jeux. Pit Fighter, Street Smart ou même Street Fighter, il y a plus sexy pour se bastonner dans la bonne humeur. Avec Street Fighter II, tout change, au point d'asseoir ce titre comme référence... et donc comme cible à abattre. Le premier à se lancer dans cet exercice - ô combien périlleux - est SNK avec Fatal Fury. Le jeu est réellement bon, mais il n'est pas du tout en mesure d'inquiéter Capcom. Ce dernier va d'ailleurs enfoncer le clou en mars 1992 avec une version améliorée et plus difficile, appelée Champion Edition, histoire de confirmer encore son statut. Cela ne va pas empêcher Alpha Denshi de tenter sa chance avec un jeu tournant sur Neo·Geo, World Heroes. Et attention, cette fois, il ne s'agit plus de confronter les combattants les plus forts de la planète. Ce sont carrément les plus forts de tous les temps ! Deuxième tentative pour ébranler le monument Street Fighter II, World Heroes va devoir faire face à très forte partie.
Disposant
de 9 stages classiques auxquels s'ajoutent ceux du mode
Death Match, beaucoup moins variés, World Heroes se montre à
la hauteur de ce qu'on attend, mais sans plus. Certes, c'est
techniquement au-dessus de ce qu'on peut trouver sur Mega
Drive ou Super Nintendo. Certes, même dans une salle de
jeux, la bête ne fait pas mauvaise figure. Mais il y a comme
un manque de fantaisie qui le rend assez austère et peu
avenant. Cela est sans doute dû aux décors, pas très
mémorables ainsi qu'aux couleurs choisies, trop froides dans
l'ensemble. Par exemple, celui de Brocken a beau être en
Allemagne et non en Californie, c'est loin d'être follichon
niveau mise en couleurs. Notons par ailleurs le stage de
Janne, qui a bien du mal à se justifier : quel rapport entre
un cirque du début du XXème siècle et le
Moyen-Âge ? Et ce ne sont pas les personnages à l'allure
parfois douteuse (Dragon porte un pyjama ou quoi ?) qui vont
arranger les choses. World Heroes fait graphiquement le job,
mais sans enthousiasme.
Bien
que très correctement décomposé, World Heroes se fera
surtout remarquer par sa lenteur. Déplacements, sauts et
même coups, tout semble ralenti. Le jeu a un rendu un peu
curieux, comme si les combats se passaient en apesanteur. Et
pourtant, le plus paradoxal, c'est qu'il n'y a pas
réellement de ralentissements. On a tout de même droit à
quelques effets sympathiques (certes directement inspirés
par Street Fighter II) comme la combustion ou
l'électrocution, très réussies. Du côté des décors, le sol a
droit à un effet reproduisant un scrolling ligne par ligne,
ce qui donne un bon rendu des perspectives. Cela étant,
globalement on n'atteint ni le niveau de Fatal Fury, ni
celui du premier Street Fighter II.
World
Heroes s'en sort mieux à ce chapitre, bien aidé par son
support. Les musiques, bien que s'appuyant sur des thèmes
très passe-partout, sont de bonne qualité et entraînantes.
Elles correspondent plutôt bien aux divers stages et ne sont
pas répétitives... sauf si on joue en Death Match. Là, on
n'a droit qu'à un seul et unique accompagnement tout au long
de la partie (sauf pour le combat contre le boss).
Les
commandes de base de World Heroes sont calquées sur celles
de Fatal Fury : un bouton pour les poings, un pour les pieds
et un pour les saisies. Seule différence, on peut moduler la
force du coup selon la durée de pression. C'est ingénieux
pour économiser des boutons, mais c'est dommage, vu qu'il en
restait un. Il est possible de procéder à quelques
enchaînements et les coups spéciaux sont plus ou moins
calqués sur ceux de Street Fighter II.
Là
encore, il semble que World Heroes se calque sur Street
Fighter II : 8 combattants, impossibilité de prendre le même
personnage ou d'affronter son double, l'influence est
manifeste. Seuls domaines où le jeu d'Alpha Denshi reste en
retrait, c'est le nombre de Bonus Stages (seulement 2 contre
3) et de boss (1 contre 4). Heureusement, dans un éclair de
lucidité et d'envie d'originalité, les développeurs ont un
temps oublié le jeu de Capcom pour intégrer le mode Death
Match, avec ses arènes parsemées de pièges.
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||