Depuis
début 1991, Street Fighter II marche fort. Très fort. Ce
titre a permis à Capcom de dépoussiérer totalement le jeu de
combat, genre alors assez peu séduisant au regard des beat
them up qui envahissent les salles d'arcade. Il faut
bien avouer que des titres tels que Pit-Fighter, Street
Smart ou même Street Fighter n'étaient pas particulièrement
étourdissants, même s'ils avaient leur charme. Avec Street
Fighter II, tout a changé, au point d'asseoir ce titre comme
référence... et donc comme cible à abattre. Le premier à
s'être lancé dans cet exercice - ô combien périlleux - a été
SNK avec Fatal Fury. Le jeu est réellement bon, mais il
n'est pas du tout en mesure d'inquiéter Capcom. Deuxième tentative pour ébranler le monument Street Fighter II, World Heroes va devoir faire face à très forte partie.
Disposant
de 9 stages classiques auxquels s'ajoutent ceux du mode
Death Match, World Heroes se montre à la hauteur de ce qu'on
attend, mais sans plus. Certes, c'est techniquement
au-dessus de ce qu'on peut trouver sur Mega Drive ou Super
Nintendo. Certes, même dans une salle de jeux, la bête ne
fait pas mauvaise figure. Mais il y a comme un manque de
fantaisie qui le rend assez austère et peu avenant. Cela est
sans doute dû aux décors, pas très mémorables ainsi qu'aux
couleurs choisies, trop froides dans l'ensemble. Par
exemple, celui de Brocken a beau être en Allemagne et non en
Californie, c'est loin d'être follichon niveau mise en
couleurs. Notons par ailleurs le stage de Janne, qui a bien
du mal à se justifier : quel rapport entre un cirque du
début du XXème siècle et le Moyen-Âge ? Et ce ne
sont pas les personnages à l'allure parfois douteuse (Dragon
porte un pyjama ou quoi ?) qui vont arranger les choses.
World Heroes fait graphiquement le job, mais sans
enthousiasme. Street Fighter II'
Bien
que très correctement décomposé, World Heroes se fera
surtout remarquer par sa lenteur. Déplacements, sauts et
même coups, tout semble ralenti. Le jeu a un rendu un peu
curieux, comme si les combats se passaient en apesanteur. Et
pourtant, le plus paradoxal, c'est qu'il n'y a pas
réellement de ralentissements. On a tout de même droit à
quelques effets sympathiques (certes directement inspirés
par Street Fighter II) comme la combustion ou
l'électrocution, très réussies. Du côté des décors, le sol a
droit à un effet reproduisant un scrolling ligne par
ligne, ce qui donne un bon rendu des perspectives. Cela
étant, globalement on n'atteint ni le niveau de Fatal Fury,
ni celui du premier Street Fighter II. Street Fighter II'
World
Heroes s'en sort mieux au chapitre du son, bien aidé par son
support. Les musiques, bien que s'appuyant sur des thèmes
très passe-partout, sont de bonne qualité et entraînantes.
Elles correspondent plutôt bien aux divers stages et ne sont
pas répétitives... sauf si on joue en Death Match. Là, on
n'a droit qu'à un seul et unique accompagnement tout au long
de la partie, sauf pour le combat contre le boss. Du côté
des musiques et autres bruitages la qualité est très
satisfaisante, comme bien souvent sur Neo·Geo. Égalité
Les
commandes de base de World Heroes sont calquées sur celles
de Fatal Fury : un bouton pour les coups de poings, un pour
les coups de pieds et un pour les saisies. Seule différence,
on peut moduler la force du coup selon la durée de pression.
Les coups spéciaux sont plus ou moins repris de Street
Fighter II. Ces derniers sortent avec aisance, le toucher
est par exemple plus souple que dans Fatal Fury. Enfin il
est possible de procéder à quelques enchaînements de coups,
ce qui dynamise toujours le gameplay. Street Fighter II'
Là
encore, il n'y a que peu de doute quant au fait que World
Heroes vise Street Fighter II : 8 combattants, impossibilité
de prendre le même personnage ou d'affronter son double,
l'influence est manifeste. Seuls domaines où le jeu d'Alpha
Denshi reste en retrait, c'est le nombre de Bonus Stages
(seulement 2 contre 3) et de boss (1 contre 4).
Heureusement, dans un éclair de lucidité et d'envie
d'originalité, les développeurs ont un temps oublié le jeu
de Capcom pour intégrer le mode Death Match, avec ses arènes
parsemées de pièges. Ce dernier est fort bienvenu en
proposant une expérience de jeu qui change un peu du modèle
de chez Capcom. Street Fighter II'
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