En 1991 sort un titre qui marquera à jamais le jeu de combat en versus. Son nom, Street Fighter II. Son développeur, Capcom. Véritable mètre-étalon dans son domaine, il va poser les bases qui seront reprises par la plupart des jeux du genre. SNK est le premier à tenter sa chance avec Fatal Fury, mais le jeu mettant en scène Ryû et Ken fait vraiment trop fort, et cela reste une timide mais sympathique tentative.
Dès mars 1992, Capcom revoit et corrige sa copie en ajoutant la possibilité de prendre le même personnage en versus, les boss, le tout accompagné d'une vitesse accrue : c'est Street Fighter II': Champion Edition. Là encore le succès est au rendez-vous. SNK travaille de son côté sur un nouveau Fatal Fury, ce dernier arrivant le 10 décembre 1992. Contrairement à ce qui se fait chez Capcom, c'est une vraie suite avec un jeu qui n'a que peu de choses en commun avec son aîné. Hasard des calendriers, sort un jour avant une révision de Street Fighter II. Street Fighter II' Turbo a, comme son nom l'indique, une vitesse d'animation accélérée, sans compter quelques (petites) nouveautés.

À présent, il est temps de voir si Fatal Fury tient sa revanche sur Street Fighter...

 

Visuellement, Fatal Fury 2 fait table rase du passé et accomplit de gigantesques progrès par rapport à son prédécesseur. Il se montre visuellement franchement joli avec les fameuses nuances de couleurs changeantes selon le moment de la journée qui sont conservées. Petite originalité, certains décors proposent un fond qui défile, ce qui amène de la variété. Justement à propos de variétés SNK a cédé aux sirènes du voyage autour du monde : Hong-Kong, le mont Rushmore et Venise ne seront que quelques-uns des nombreux lieux à visiter. Quant aux personnages, SNK a également revu sa copie. Tous les sprites sont inédits et leur allure est nettement améliorée.
Street Fighter II' Turbo reprend strictement les mêmes 12 stages de la version précédente, Street Fighter II'. En comparaison de la toute première mouture, on a donc des décors aux teintes modifiées, toujours très avenants. La qualité d'ensemble reste d'un bon niveau, mais plus au point d'être intouchable. Les personnages ont eu droit à des nouvelles couleurs, la classique pouvant être choisie si on sélectionne son combattant avec Start.
Street Fighter II' Turbo, malgré son bon niveau visuel, doit rendre les armes face à un Fatal Fury 2 aussi fourni, plus coloré et plus moderne.

Fatal Fury 2


Le stage de Mai est un radeau sur une rivière.
(Fatal Fury 2)

Ces éléphants ont un sérieux goût de déjà-vu.
(Street Fighter II' Turbo)


Sous le regard des présidents, le combat fait rage.
(Fatal Fury 2)

Aucun changement dans les décors pour cette nouvelle version.
(Street Fighter II' Turbo)

 

Les personnages de Fatal Fury 2 se déplacent avec une vitesse convenable, sauf quand de vilains ralentissements viennent s'inviter. Les mouvements sont bien décomposés avec des postures nombreuses et variées. Quant aux décors, ils sont richement animés avec de nombreux éléments destructibles.
Street Fighter II' Turbo reprend les étapes de la version Champion Edition et ajoute une vitesse bien supérieure. C'est bien, même s'il subsiste quelques ralentissements. N'oublions pas les effets comme l'électrocution ou la combustion, cette dernière étant absente dans Fatal Fury 2. Le sol des stages dispose toujours du scrolling ligne par ligne donnant un bon effet de profondeur et les badauds n'ont quasiment pas bougé depuis la première version de 1991.
Largement plus rapide et nerveux, moins perfectible et certes un peu vu et revu, le titre de Capcom remporte ici le point.

Street Fighter II' Turbo


Ce stage provoque de très nombreux ralentissements.
(Fatal Fury 2)

La vitesse de jeu a été nettement augmentée.
(Street Fighter II' Turbo)


Kim est assez mal parti pour gagner cette manche.
(Fatal Fury 2)

L'animation des différents stages demeure inchangée.
(Street Fighter II' Turbo)

 

Fatal Fury 2 propose des mélodies parfaitement adaptées aux lieux visités et très entraînantes. On trouve des styles variés, le tout se terminant par un moment d'anthologie avec le requiem de Mozart, rien que ça ! La qualité des orchestrations est au rendez-vous, SNK ayant bien progressé depuis le premier Fatal Fury. Enfin les bruitages sont très percutants, associés à des digitalisations vocales nombreuses.
Le son de Street Fighter II est intégralement repris dans Street Fighter II' Turbo, il est désormais peu varié  : par exemple Ken et Ryû ont les mêmes voix, dont certaines empruntées à Honda et Zangief. De plus on pourra trouver le rendu un peu grésillant. Même si on adore les musiques mythiques de ce jeu (en se remémorant celles de la Super Nintendo, bien meilleures, ce qui fausse le jugement), il faut reconnaître qu'ici le CPS de Capcom est bien loin d'être un modèle de qualité sonore. Les bruits d'impacts sont, comme toujours, excellents.
Largement plus récent dans sa conception, Fatal Fury 2 remporte ici la victoire sans aucun souci.



Fatal Fury 2


La musique de ce stage deviendra indissociable de Joe.
(Fatal Fury 2)

Les musiques n'ont pas bougé d'un iota depuis 1991.
(Street Fighter II' Turbo)


Bruits d'impacts impeccables du côté de chez SNK.
(Fatal Fury 2)

Ken et Ryû ont encore et toujours exactement les mêmes voix.
(Street Fighter II' Turbo)

 

Le jeu signé SNK propose un large éventail de mouvements : le backdash, avancer accroupi, changer de plan. Pour les coups de base, il y a deux niveaux de puissance (sans compter le coup puissant ) et les coups spéciaux sortent très bien. Ajoutons à cela les Desperation Moves, coups de la dernière chance, apparus discrètement dans Art of Fighting. Par contre SNK s'entête à ignorer les enchaînements, dommage.
La jouabilité de Street Fighter II' Turbo est justement axée sur les enchaînements, les coups spéciaux enlevant moins de vie que dans la version The World Warrior. Certains combattants ont hérité de nouveaux coups spéciaux (Ken, Chun-Li, Blanka...) mais les mouvements de base restent les mêmes depuis les débuts de la série avec trois niveaux de puissance pour les coups.
Au final et malgré ses mouvements un peu plus limités, Street Fighter II' Turbo remporte cette manche grâce à sa précision, ses enchaînements devenus absolument incontournables et sa grande vitesse de jeu.

Street Fighter II' Turbo


Les Desperation Moves, une - presque - grande première !
(Fatal Fury 2)

Enchaînements, tel est le credo de Capcom.
(Street Fighter II' Turbo)


Attention à la bedaine de Cheng Sinzan !
(Fatal Fury 2)

Chun-Li n'a toujours pas compris qu'il ne fallait pas sauter partout.
(Street Fighter II' Turbo)

 

Fatal Fury 2 a bien progressé par rapport au premier épisode en passant de 3 personnages jouables à 8. En revanche, il perd la possibilité de jouer à deux contre le CPU. Il reste les duels classiques, heureusement rendus plus intéressants par le nombre de combattants en hausse. Seul, la machine sera un adversaire redoutable et finir le jeu demandera du temps. La partie sera entrecoupée de deux Stages Bonus se déroulant en Thaïlande et en Angleterre et invitant à se familiariser avec les combinaisons et .
Street Fighter II' apportait les possibilités de prendre le même personnage en duel, d'affronter son double en Story et, surtout, de prendre les 4 boss du jeu. Cette version Turbo n'apporte strictement rien de plus à ce niveau. À deux, les duels s'enchaîneront sans que l'on ne voie le temps passer. Les 12 adversaires ainsi que les trois classiques Stages Bonus sauront efficacement occuper le joueur solitaire.
Avec 12 personnages, Street Fighter II' Turbo reste en matière de durée de vie une référence que Fatal Fury 2, malgré ses progrès, n'inquiète pas vraiment à ce niveau.

Street Fighter II' Turbo


8 personnages, c'est bien mieux que dans le premier Fatal Fury.
(Fatal Fury 2)

12 combattants, comme dans l'épisode précédent.
(Street Fighter II' Turbo)


Pour un maximum de points il faut user ici du .
(Fatal Fury 2)

Le Bonus Stage des barriques, pas si évident que cela.
(Street Fighter II' Turbo)

 

 
Bilan
 
 



Même si Fatal Fury 2 est un jeu globalement de qualité équivalente à Street Fighter II' Turbo, il perd essentiellement à cause d'un certain manque de personnages et de l'absence totale d'enchaînements. Reconnaissons à SNK des progrès accomplis depuis le premier épisode, ils sont à saluer comme il convient. Le développeur offre ici à sa Neo·Geo un jeu à la réalisation tout à fait du niveau de celle des jeux des éditeurs concurrents, Capcom en tête.
Quant au titre signé Capcom, il confirme son excellence en remportant ce comparatif face à un solide jeu. Petit bémol, il ne profite que de peu de nouveautés mais son avance était telle qu'il reste la référence. Street Fighter sort encore vainqueur de son combat contre Fatal Fury, mais cette fois-ci, c'est de justesse !

Tarma






 
     

   




 

SITES FILS