1994
est assurément l'année qui marque l'arrivée en masse du jeu
de combat sur Super Nintendo. S'il y a quantité, il y a
également qualité avec les titres forts que sont Super
Street Fighter II, Fatal Fury Special, World Heroes 2,
Mortal Kombat II et Samurai Shodown. Voilà un choix - déjà
bien large - qui s'étoffe encore le 21 décembre 1994 avec
l'adaptation d'Art of Fighting 2. Oui, le hit de la Neo·Geo,
la vitrine technologique de la "Rolls des consoles" arrive
sur la 16-bit de Nintendo. Pour être exact, il s'agit de
Ryûko no Ken 2 car il ne sort que sur Super Famicom. Fort de
32 Mbits (ce qui est un minimum au regard des 178 Mbits de
la version originale), il est développé par Saurus. Ces
derniers ont déjà pris le relais de Takara pour les
adaptations de jeux Neo·Geo avec World Heroes 2 sur Super
Famicom et Samurai Shodown sur Mega Drive et s'en sont
plutôt bien sortis. Le pari est donc assez risqué quand on
connaît Art of Fighting 2 sur Neo·Geo, mais pas impossible. L'intro
est toujours présente et se montre similaire à son modèle :
elle reprend exactement la fin du premier Art of Fighting.
Attention, la fin du premier Art of Fighting sur Neo·Geo.
Takara avait en effet pris de grosses libertés sur Super
Nintendo (étrangement Takuma y assassine Jeff Bogard),
Saurus repart ici sur de bonnes bases en remettant les
pendules à l'heure. Les plus tatillons remarqueront
toutefois qu'il manque les séquences de combat avec Ryô,
Robert, Takuma et Yuri. Qui
dit adaptation dit - généralement - diversité des modes
proposés et Art of Fighting 2 suit au minimum cette règle.
Outre le jeu classique contre la console, on a droit à deux
modes 1P vs. 2P et à quelques options.
Quel
que soit le mode jeu jeu choisi, on retrouve tous les coups
de base, coups spéciaux, Super Moves et Desperation
Moves de la version originale qui répondent présents à
l'appel. Ces coups consomment une barre située sous celle de
vie, la Rage Gauge. Au fur et à mesure qu'on exécute
des coups, elle se vide et on perd en puissance. Il est
alors possible de la restaurer en ce concentrant, mais on
devient bien vulnérable à toute attaque. Il va donc falloir
user de ses attaques avec parcimonie. On l'aura compris, Art
of Fighting 2 n'est pas du tout un jeu bourrin et il faudra
faire preuve d'un minimum de stratégie. Si
tout est disponible en Versus, c'est loin d'être le cas
lorsqu'on joue contre la machine. Au départ, on dispose de
deux barres (vie et coups spéciaux) assez réduite et les Desperation
Moves ne sont pas disponibles. Il est toutefois
possible d'améliorer un peu cela grâce à des Bonus Stages
qu'il est donc crucial de réussir. Cela étant, même en y
brillant dans chacun des trois, on n'atteint jamais le
niveau des derniers adversaires qui profitent pleinement de
statistiques poussées à fond. Heureusement, la console se
révèle être un adversaire un peu moins intraitable que dans
la version d'origine. Art
of Fighting 2, c'est donc de la stratégie (pour un jeu de
combat), mais aussi de la technique. Les personnages
gigantesques (dont le visage garde les marques des coups
reçus), les zooms à foison, les décors ultra-détaillés sont
autant d'atouts pour lui. Eh bien, avec la Super Famicom et
malgré une jolie performance dans l'absolu, on peut oublier
tout cela. Les personnages sont de bonne taille mais plus
petits, le zoom est bien présent mais a perdu en amplitude
et les décors retranscrivent bien Southtown mais ne peuvent
atteindre le niveau visuel de la version Neo·Geo. Hélas,
tout ce qui était étourdissant dans cette dernière ne
devient que "bon". On sent bien qu'un effort a été fait et
que cette adaptation est soignée. Mais là, le modèle a fait
vraiment trop fort.
Les
musiques ont le même timbre que celles de Fatal Fury Special
et Samurai Shodown (aussi en Dolby Surround). Si cela
déroute un peu, l'ensemble reste très fidèle au modèle. Bien
sûr, on pourra oublier les musiques à base de puissantes
basses si caractéristiques de la Neo·Geo ainsi que les
impacts de coups, percutants à l'extrême. Comme le visuel,
c'est soigné mais pas suffisant pour approcher la version
Neo·Geo. Sur cette dernière, Art of Fighting 2 n'était pas un modèle de souplesse. Saurus est parvenu à atténuer cela, sans toutefois espérer inquiéter Capcom et son Super Street Fighter II à ce niveau. Décidément, la tâche de Saurus est bien ardue.
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